Test – Life is Strange Double Exposure : une histoire de lycéennes sur fond de multivers

Max Caulfield reprend du service. Près de dix ans après la sortie du tout premier Life is Strange, Double Exposure fait office de véritable suite à l’opus de 2015.

Pour les fans de jeux narratifs à choix, la série Life is Strange est particulière. Depuis 2015, ce sont six épisodes qui ont été développés, tous centrés sur les problèmes que peuvent rencontrer des lycéens. La franchise a fait du harcèlement et de ses conséquences son thème majeur sur fond d’événements paranormaux. On a ainsi pu rencontrer tout un tas de personnages atypiques vivant aux quatre coins de l’Amérique du Nord, de Max Caulfield (LIS 1) à Sean Diaz (LIS 2) en passant par Alex Chen (LIS : True Colors). Avec ce Double Exposure, les équipes de Deck Nine reviennent à leurs premières amours avec l’histoire de Max Caulfield.

Mais cette fois, c’est dix ans après les terribles événements d’Arcadia Bay que l’on retrouve notre héroïne. Celle-ci a gagné en maturité et travaille désormais comme professeur de photographie dans la prestigieuse Caledon University. Ses pouvoirs, elle ne les a plus utilisés depuis la tempête d’Arcadia et semble même les avoir perdus. Mais suite à la mort d’une de ses nouvelles amies (ce n’est pas un spoil, NDLR.), la jeune fille se rend compte que son pouvoir de voyage dans le temps s’est transformé en capacité de voyager entre deux réalités totalement différentes. La première est la réalité actuelle, dans laquelle son amie est morte, et la seconde est celle d’un monde où Safi, l’amie de Max, n’est pas morte.

Quand elle le souhaite, Max peut donc voyager à travers ces deux réalités dans le seul but d’élucider le mystère du meurtre de Safi. Mais petit à petit, l’héroïne va se rendre compte que tout ne tourne pas rond, qu’on est loin d’un simple meurtre non élucidé et, qu’encore une fois, jouer avec les réalités n’est pas sans conséquences.

Quand elle le souhaite, Max peut voir en direct ce qui se passe dans l’autre monde. Ce concept des mondes de vie et de mort est vachement bien fichu.

Exit donc ce principe de retour en arrière pour annuler une action. Ici, lorsque votre personnage croisera un portail, il pourra, à volonté, alterner entre les deux mondes. L’idée est ô combien géniale, puisqu’elle permet de résoudre de nombreux puzzles en passant d’une réalité à l’autre. Nous devions par exemple récupérer à un moment un appareil photo dans un bureau avant qu’un inspecteur de police n’y débarque. Nous devons ainsi passer du monde de la mort au monde de la vie, discuter avec un ami pour savoir où il cacherait un objet de valeur, retourner dans l’autre monde tout en évitant l’inspecteur qui est parvenu à pénétrer dans le bureau. Et pendant ce temps, vous pouvez voir en temps réel ce qui se passe dans l’autre monde en pressant une touche. Ça va, vous suivez toujours ?

Si, expliqué comme cela, ça peut paraître compliqué, le tout est plutôt ultra intuitif et se prend très vite en main. Ce qui est également bien pensé, c’est que Max passant très souvent d’un monde à l’autre, il lui arrivera de se tromper dans ses conversations, ce qui peut impacter votre relation avec les autres.

Car oui, un jeu Life is Strange ne serait pas réussi sans ses célèbres conversations à choix. Comme dans tous les précédents épisodes de la franchise, on se retrouve avec un nombre incalculable de choix à faire dans les dialogues, qu’ils soient cruciaux ou non. Cela peut aller d’un simple choix de nom pour un chat à trahir ou non son meilleur ami. Les choix les plus importants sont, pour leur part, toujours représentés par un effet assez joli et une musique grave rappelant au joueur qu’il est en train de choisir un embranchement important.

Tous les choix cruciaux sont amenés avec une musique et une mise en scène grave.

Le problème, c’est qu’entre les choix à faire, Life is Strange s’apparente plutôt à un long walking simulator assez barbant. Excepté les moments où l’on doit alterner entre les mondes et interagir avec les objets pour résoudre des énigmes, on se retrouve surtout à “regarder” les éléments et PNJ qui nous entourent et à discuter avec l’un ou l’autre. C’est le problème avec ce genre de jeux, certains passages peuvent s’avérer ultra-longuets et tirer en longueur, ce qui peut vite lasser ceux qui préfèrent des jeux au rythme plus soutenu.

Il n’empêche que l’on retrouve ici un scénario habilement écrit, parfaitement taillé pour ce type de jeu. On a l’impression que même le choix le plus anodin peut avoir un effet “boule de neige” sur le long terme, donnant au joueur le sentiment qu’il est maître du destin de Max, mais également des personnages qui l’entourent. A aucun moment le scénario ne nous aura ennuyés, bien au contraire. Les rebondissements sont ultra-nombreux et nous permettent d’être impliqués à tout moment. Certes, on appréciera ou pas les thèmes abordés par la série (transsexualité, harcèlement, homophobie…), mais on ne peut que s’incliner face à une telle habilité d’écriture. Il est d’ailleurs tellement difficile de rester impassibles face au vécu des personnages et à leurs émotions que tous les choix cruciaux que nous faisons nécessitent un certain temps de réflexion. Par contre, Double Exposure est l’un des épisodes les plus courts de la franchise, durant près de quatre heures de moins que Life is Strange 2…

Visuellement, Double Exposure est assurément le plus beau titre de la franchise. Son moteur de jeu reste toutefois paresseux dans les détails.

Un scénario habilement écrit et … un monde tellement joli. Si le moteur de jeu de Life is Strange est loin d’être à la hauteur des standards actuels (nous y reviendrons), il n’empêche que ce Double Exposure est l’épisode le plus beau jamais produit dans la franchise. Il y a du mieux au niveau des expressions faciales, même si la synchronisation labiale n’est pas optimale, et les environnements sont plus jolis que jamais. Enfin, on remarquera la différence de direction artistique entre les deux mondes. Celui de la vie étant très coloré et animé tandis que le monde de la mort est plus sombre, les gens plus déprimés… De son côté, le doublage francophone est juste parfait, du même niveau que la VO.

Nous évoquions un moteur de jeu qui a du mal, et ça se ressent en de nombreux endroits. Déjà, pour séparer les niveaux, les développeurs continuent d’user de temps de chargement. En 2024, avec les SSD des consoles et des PC, cela semble totalement impensable que des temps de chargement soient encore de la partie. De plus, lorsque l’on s’attarde sur les détails du paysage et sur certaines animations, on se rend compte des errances du moteur.

Conclusion

Bien qu’il reprenne tous les codes de la série, ce Double Exposure récupère également ce qui a pu lui faire défaut par le passé. Le gameplay tourne malheureusement vite en rond et, lorsque l’on ne doit pas faire des choix ou alterner entre les deux mondes, Life is Strange Double Exposure s’apparente plutôt à un walking simulator qui peut vite devenir barbant. Il n’empêche que les scénaristes ont gardé leur si belle plume afin de nous pondre un scénario qui n’aura de cesse de nous happer. Les personnages ont une vraie personnalité et les choix que nous devons faire ultra cruciaux, menant à une histoire qui n’aura de cesse de nous surprendre, quel que soit l’embranchement choisi. Dans cet épisode, les pouvoirs de Max lui permettant de revenir dans le temps sont troqués contre un pouvoir de passage entre deux mondes alternatifs, donnant lieu à des énigmes et des choix plutôt bien ficelés. L’univers, très coloré et plutôt joli, cache en revanche un moteur de jeu encore un peu faiblard qui use toujours de temps de chargement, tellement incompréhensibles en 2024, même si c’est probablement l’épisode le plus joli jusqu’à aujourd’hui. Il n’empêche que ce Double Exposure est le meilleur épisode de la franchise depuis bien longtemps, et que celle-ci a toutes les armes en main pour se bonifier avec le temps.

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Life is Strange: Double Exposure

Gameplay 6.5/10
Contenu 7.5/10
Graphismes 7.0/10
Bande son 8.0/10
Finition 7.0/10
7.2

On aime :

L'idée de mondes de vie et de mort, bien trouvée

Un récit poignant et touchant

Un univers visuellement coloré et très joli

Des choix qui ont un réel impact sur la suite de l'aventure

Un doublage VF qualitatif

On aime moins :

Une durée de vie en deçà des autres épisodes

Un gameplay qui ne varie pas beaucoup

Un moteur faiblard dans lequel les détails font tache

Encore beaucoup de temps de chargement qui font tache en 2024