Le studio polonais Vixa Games a récemment sorti un nouveau jeu. Comme à son habitude, il a tenu à explorer un autre genre. Cette fois, nous avons le droit à un survival-horror qui se déroule dans un univers lovecraftien. De quoi enchanter sur le papier les fans de Cthulhu. On ne présente plus Howard Phillips Lovecraft. Ce célèbre écrivain américain était un spécialiste de l’horreur. Il a notamment créé le mythe de Cthulhu, un univers que beaucoup d’autres créateurs exploitent dans leurs productions. Cela tombe bien, Vixa Games s’en inspire fortement pour proposer un survival-horror en 2D mâtiné en prime d’une touche de gestion. Direction l’Alaska, dans les années 60, pour faire la connaissance de Carter. Alors que tous les employés de l’organisation PRISM sont sommés de quitter les lieux, ce dernier reste et se retrouve à affronter de mystérieuses créatures tout en essayant de sauver les survivants. Avec son univers très travaillé et ses visuels dessinés à la main, Edge of Sanity a de quoi séduire les amateurs du genre. La bande-son n’est pas en reste offrant des partitions qui s’accordent avec l’action. Lorsque les lumières se mettent à clignoter ou que des monstres surgissent, les tonalités changent et tout est fait pour créer une ambiance angoissante. Il faut bien l’avouer, sur ce point, c’est réussi. En revanche, on regrette que les environnements soient assez limités au niveau de leur variété, tout comme le bestiaire. On ne dirait pas de prime à bord mais notre cher Carter est plutôt bavard. C’est agréable et cela permet d’en apprendre plus, tout en donnant une certaine consistance à l’histoire. Après tout, on a bien envie de connaître le fin mot et les développeurs arrivent à nous garder alertes pendant une bonne dizaine d’heures. Bref, au fil de la progression, notre personnage rencontre des survivants avec lesquels il va échanger. Il va même réussir à les convaincre de venir avec lui au camp. Il s’agit tout simplement du hub du jeu qui permet de gérer les ressources et préparer ses expéditions avant de les lancer via la carte. En effet, dans le cadre de la survie, il y a un aspect gestion à prendre en compte. Pour faire simple, le camp est assez classique. Il se compose de quelques points d’intérêt, dont un garde manger, une citerne, une tente pour se reposer ou encore un établi. Ces points sont essentiels, soit pour produire des ressources, soit pour recouvrer des points de vie, soit pour stocker des items ramassés ou crafter des éléments. Le camp permet de souffler un peu et de gérer les ressources Les ressources ont la part belle. En effet, elles sont indispensables à la bonne progression dans le jeu. Il est par exemple bon de collecter de l’essence pour alimenter sa lampe. Mais il est aussi primordial de réussir à collecter de l’eau et des rations de nourriture. Ces deux éléments sont indispensables pour garder le moral des troupes. Chaque survivant a le droit à ses rations, en sachant que, chaque jour, il en consomme une de chaque. S’il n’en a pas assez, son moral va être affecté. S’il passe dans le négatif, après un léger seuil de tolérance, c’est la mort assurée. Il faut donc toujours veiller à bien répartir les ressources mais aussi et surtout à les collecter. Rassurez-vous, si cela paraît un peu difficile au début, il est possible de rapidement contourner le problème. Pour cela, il suffit d’affecter les survivants à certains postes et d’améliorer ces derniers. Cela donne accès à d’autres schémas de craft ou aux ressources tant convoitées. Bien entendu, le mode normal assure plusieurs sauvegardes, de l’automatique aux manuelles. C’est indispensable pour pouvoir revenir quelques jours en arrière au besoin. Reste la possibilité d’opter pour le mode de survie ultime en ne conservant que la sauvegarde automatique du début de la journée. La deuxième phase du jeu, c’est l’exploration. Pour cela, il suffit de se rendre sur la carte pour voir les possibilités. La petite subtilité, c’est qu’il faut parfois confier l’exploration à un survivant pour débloquer deux missions visant à récupérer des ressources spécifiques. Sinon, on cherche avant tout des survivants et, bien entendu, on en profite pour prendre d’autres ressources. On n’oublie pas de les stocker au camp car notre sac à dos est vite rempli. Si l’ambiance est toujours très agréable, avec des décors franchement réussis affichant toujours plus le côté horrifique, il faut reconnaître que le gameplay tourne vite en rond. On passe d’une « salle » à une autre, on active des ascenseurs, on utilise des échelles (ou système apparenté), on ouvre des boîtes et on essaie de collecter des informations quand il y en a. Reste les ennemis qui sont dans les zones. Majoritairement, les petits peuvent être facilement éliminés avec les armes que l’on peut trouver, dont un couteau, une hache et des pierres. Certains craignant la lumière, la lampe de notre héros devient une arme, quand il n’a pas à activer des interrupteurs ou à lancer des fusées éclairantes par exemple. Carter est en proie à la folie, développant des traumatismes Quant aux ennemis plus imposants, on peut essayer de les étourdir en visant la tête mais mieux vaut se planquer quelques secondes dans les endroits prévus à cet effet. En étudiant un minimum les routines basiques, on arrive assez facilement à les esquiver. Parfois, il faut utiliser un piège, soit que l’on transporte dans son sac, soit en activant un mécanisme prévu à cet effet. Évitez en revanche de le déclencher trop tôt, ça pourrait signifier la fin. Heureusement, la mort du héros ne fait que mettre fin à la journée (contrairement à celle de tous les survivants qui met fin à la partie). En guise de malus, on perd tout de même ce qui avait été collecté. Hélas, même si quelques éléments sont introduits au fil de la progression, ça reste beaucoup trop peu pour renouveler le gameplay. On se retrouve donc à enchaîner les missions, encore et encore, avec un sentiment de répétitivité qui s’installe trop rapidement. En plus, le système de visée n’est pas forcément optimal, surtout dans le feu de l’action. On en oublie même parfois à faire attention aux bruits provoqués par nos déplacements et matérialisés à l’écran par un petit cercle dont le rayon indique la portée des sons. Fort heureusement, les développeurs ont intégré un élément qui apporte un peu de piment aux parties, à savoir les traumatismes. Le jeu intègre une gestion du stress. Celui-ci est matérialisé par une barre qui se remplit selon les situations ou lorsqu’on se fait attaquer par un monstre. À force, on débloque des traumatismes qui octroient un bonus et un malus. Le système est plutôt malin et demande ainsi de surveiller sa jauge, de se reposer pour la faire descendre ou d’utiliser dans certains niveaux une structure dédiée à cet effet. À l’image des visions cauchemardesques, cela ajoute un certain plus à l’ambiance. De quoi aider à céder à la tentation lorsqu’on sait que le jeu est proposé à un peu moins de 20€. Conclusion Vixa Games réussit à proposer un survival-horror en 2D qui a de sacrés atouts. Le plus évident, c’est la direction artistique sublimée par des visuels dessinés à la main. C’est beau et on profite en plus d’une belle gestion des lumières pour varier les intensités des situations. La musique accompagne à merveille l’action, ce qui renforce l’ambiance et nous captive autant que le mythe de Cthulhu lui-même. Avec son prix assez doux et sa dizaine d’heures au compteur, Edge of Sanity trouvera assurément son public, d’autant qu’on a clairement envie de connaître le fin mot de l’histoire. Malheureusement, tout n’est pas rose pour autant. Malgré quelques efforts, dont le système de traumatismes qui est bien pensé, le gameplay tourne vite en rond. Chaque journée finit par plus ou moins se ressembler et on avance presque de manière machinale. À cela, il faut ajouter une certaine imprécision dans la visée ou encore des passages qui semblent nous donner le choix mais qui nous imposent de le faire au bon moment. Malgré tout, les amateurs d’univers lovecraftien y trouveront leur compte.