Test – Neva : la nouvelle pépite artistique qui succède à GRIS

Décembre 2018, les joueurs qui sévissent sur PC et Nintendo Switch découvrent une pépite indé du nom de GRIS (le jeu a été porté ensuite sur PlayStation et Xbox). Un peu moins de six ans plus tard, le studio espagnol Nomada propose de découvrir une nouvelle expérience. Celle-ci met en scène Alba et un louveteau baptisé Neva qui donne son nom au jeu.

N’y allons pas par quatre chemins, Neva reprend la recette de GRIS et l’adapte quelque peu, apportant notamment plus d’action. Ce qui est certain, c’est qu’on retrouve la grosse force du précédent jeu du studio barcelonais, à savoir la direction artistique. On profite même de certains éléments issus du précédent titre au niveau de l’architecture. Mais ce n’est pas grave car l’ensemble fonctionne à merveille et plusieurs autres pans apportent de la nouveauté. L’aventure est liée au format des saisons, ce qui fait que l’on traverse l’été, l’automne, l’hiver et on termine sur le printemps. Cela permet de varier les environnements et d’apporter les spécificités liées aux saisons, de la colorimétrie aux modifications de la flore. On gagne en diversité, en variation de couleurs et en bruitages. Clairement, si vous avez été sous le charme de GRIS, vous serez envoûté par Neva qui est un cran au-dessus.

Les développeurs ont fait un travail remarquable sur les visuels faits à la main. Les décors sont variés et ils nous offrent même quelques arrière-plans dynamiques du plus bel effet. C’est de toute beauté. On a l’impression à chaque seconde d’être face à un tableau, sentiment renforcé par certains jeux de zoom et dézoom. Les musiques ne sont pas en reste, avec des sonorités envoûtantes qui accompagnent la progression et des moments plus épiques qui rythment les phases de combat. La musique s’adapte en permanence, offrant une autre dimension à l’expérience. On se laisse bercer par l’univers et on plonge dans chaque tableau avec grand plaisir, sauf quand la balade est longuette et qu’on cherche à aller plus vite en abusant de la roulade et du dash. Les quelques cinématiques incorporées apportent du sens à l’histoire qui se développe sans aucun mot. Même Alba, la jeune femme que l’on contrôle, ne sait dire que « Neva » pour appeler le louveteau. Une partie de la scénarisation passe par la gestuelle et les comportements de nos deux protagonistes.

Même lors des phases de plateforme, on a l’impression d’avoir un tableau sous les yeux

Les rapprochements, les situations, tout permet de comprendre la relation qui les unit, ses tenants et ses aboutissants. On ressent les émotions qui les lient et on est touché par certaines situations. Les deux bravent courageusement des forces obscures qui cherchent à engloutir un monde à l’agonie. On note toutefois que le propos est moins abstrait que dans GRIS. Ici, les forces maléfiques sont bien identifiées, avec un ennemi qui sert de fil rouge. Le début de l’aventure permet de comprendre comment Alba et le louveteau se rencontrent, tandis que la suite met clairement en avant certains moments clés de l’évolution, thématique mise en parallèle avec le cycle des saisons et les changements qu’elles incorporent. L’aventure est belle, même si elle est courte, 3h45 ayant suffi pour en venir à bout.

GRIS était un jeu contemplatif avec de la plateforme. Neva est un jeu contemplatif, avec des phases de plateforme et un système de combat. La partie plateforme est plutôt réussie même si elle est loin d’égaler celle des meilleurs jeux du genre. Pour un habitué, la progression se fait de manière très mécanique. Seules les quelques fleurs plus ou moins cachées à aller toucher demandent un peu plus d’adresse. Pour le reste, on avance sans vraiment réfléchir, tout tombant à pic, même lorsque les plateformes évoluent de manière dynamique. Le bon côté, c’est qu’on revient toujours à la beauté du jeu, profitant de tous les détails à l’écran, malgré les visuels plutôt minimalistes. Certains passages sont même plutôt vertigineux. La deuxième partie du jeu est bien plus réussie et intéressante à parcourir que la première qui est très poussive. C’est sûrement la faute à un gameplay qui se met lentement en place, incorporant plein d’idées au compte-gouttes pour les laisser de côté quelques minutes plus tard. En tout cas, aussi beau soit-il, l’été a bien failli nous faire lâcher l’aventure. Ce n’est que la deuxième partie de l’automne qui a réussi à nous rattraper et à nous maintenir alertes jusqu’à la fin. Certains passages sont également plus intéressants, apportant un plus aux séquences à base de saut, double saut, dash (ou roulade pour esquiver les éléments de la noirceur).

Alba fait tout pour protéger Neva, brandissant son épée pour combattre la noirceur

Il en va de même pour les combats. Alba est une jeune femme guerrière qui n’hésite pas à sortir son épée pour combattre les forces obscures. Au début, elle élimine quelques branches et des ennemis de base. Ensuite, ces derniers prendront d’autres formes plus imposantes ou aériennes. Là encore, les affrontements vont évoluer tout au long de la partie, incluant notamment Neva qui va grandir au fil des saisons et apporter son aide. Le bon côté, là encore, c’est que le gameplay se renouvelle au fil de l’aventure pour apporter une nouvelle attaque bien pratique ou de nouvelles façons d’appréhender les combats au travers d’ennemis différents. Néanmoins, le système reste très mécanique. Les patterns adverses sont assez pauvres et on spamme la bonne manière d’en arriver à bout jusqu’à sortir victorieux du combat, même contre les boss. On perd parfois un point de vie à cause d’une collision malencontreuse ou d’une lisibilité réduite à cause du dézoom de la caméra mais c’est tout. La conséquence directe, c’est que la difficulté est très faible pour un habitué. Néanmoins, pour un néophyte, certains passages demandent un peu plus de doigté. D’ailleurs, les personnes qui le souhaitent peuvent opter pour une difficulté inférieure qui permet de se concentrer avant tout sur la progression de la narration.

Conclusion

Neva est clairement le digne successeur de GRIS. Le titre séduit avec ses visuels très inspirés par les productions de Ghibli et sa bande-son absolument superbe. Artistiquement, il n’y a rien à redire. Les visuels ont beau être minimalistes, le rendu est à tomber. En plus, Neva, avec son système de saisons, apporte plus de courbes à l’ensemble, plus de couleurs et plus de diversité que son prédécesseur. Cela vaut également au niveau des sonorités et des thèmes musicaux. Rien que pour ça, l’aventure vaut le coup d’être parcourue. Ce nouveau jeu essaie également de transcender la simple aventure contemplative en apportant toujours plus de phases de plateformes et des combats. Plein de bonnes idées sont incorporées pour renouveler la progression mais beaucoup sont également vite laissées de côté après quelques minutes. L’ensemble se parcourt de manière très mécanique et le début de l’aventure est hélas si poussif qu’il pourrait bien rebuter les plus pragmatiques cherchant avant tout une expérience ludique. Si vous arrivez à passer outre, vous serez sans doute complètement charmé pendant environ 3h45.

 

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Neva

Gameplay 7.0/10
Contenu 7.0/10
Graphismes 8.5/10
Bande son 8.5/10
Finition 7.5/10
7.7

On aime :

Artistiquement impeccable

Une narration touchante sans mot

Une bande-son envoûtante

Plusieurs idées de gameplay

La deuxième partie, plus intéressante

On aime moins :

Un début très poussif

Trop facile

Progression très mécanique

Certains passages longuets

Des combats peu captivants