Throne and Liberty est aujourd’hui vendu comme le MMORPG gratuit qui peut (et qui veut) rebattre les cartes. Modèle économique avantageux, open-world ambitieux, que vaut la dernière production Amazon Games ? Après un New World extrêmement prometteur, les studios Amazon Games se devaient de confirmer. Toute jeune filiale du géant de l’e-commerce, cette branche dédiée au développement de jeux vidéo commence à se faire un nom, avec quelques productions de renom, principalement des MMO. Il y avait donc New World, en 2020, qui a rencontré un vif succès, et Lost Ark (2022), dont Amazon n’était pourtant que l’éditeur. Throne and Liberty est donc la dernière entrée du studio, un MMORPG entièrement gratuit. MMORPG et gratuit sont deux éléments qui peuvent aujourd’hui effrayer les gamers. En effet, les MMORPG free-to-play habituels poussaient le joueur à acheter des éléments pour accroître leur progression, avec un fort accent mis sur le pay to win. Avec Throne and Liberty, les développeurs semblent ne pas vouloir de ce modèle économique. La boutique qu’ils proposent in-game fait malgré tout circuler de l’argent réel, mais ces achats ne servent qu’à acheter du cosmétique en jeu. Pas question donc de privilégier ceux qui ont les plus grosses bourses, c’est la progression dans le jeu qui est récompensée. Développé par les sud-coréens de NCsoft, Throne and Liberty est initialement sorti en décembre 2023 dans le pays asiatique. Très vite, il s’impose comme le MMO du moment, avec un scénario habilement écrit qui pousse le joueur à en apprendre davantage sur l’histoire, l’univers et le vécu des PNJ. C’est dans la peau d’un héros, que vous aurez longuement personnalisé depuis l’outil de création de personnage, que vous partirez à l’aventure. L’objectif est simple : retrouver les fragments de l’étoile de Sylaveth tout en affrontant Kazar, l’incarnation du Mal absolu venu pour plonger le monde dans le chaos. Le système de classe habituel laisse ici la place à un système de bonus et de sorts basés sur les deux armes équipées. Tout au long de cette aventure, le titre, agrémenté de cinématiques en aquarelles, nous permet de rencontrer des PNJ attachants, émouvants, surprenants. Il donne beaucoup de saveurs à un scénario intéressant mais au final assez bateau, et nous permet de nous immerger dans un immense monde ouvert qui regorge de surprises et de beautés, bien que finalement très convenu. Les graphismes sont pour leur part assez beau, même très réalistes, apportant énormément à l’immersion. Seul bémol qui vient toutefois nuire à cette dernière : notre personnage principal qui est … muet ! On pensait cette époque révolue, et bien finalement non. Concernant le gameplay, comme tout bon RPG qui se respecte, Throne and Liberty débute avec un outil de création de personnage qui, il faut bien l’avouer, est plus que complet. Mais, et c’est là que se trouve la particularité du titre, on ne vous laisse pas choisir de classe de personnage, et ce, à aucun moment de la partie. Ici, NCsoft a plutôt fait le choix d’une classe de héros définie par les deux armes que celui-ci portera pendant la partie . Chacune dispose de pouvoirs actifs et passifs, ce qui permet au joueur de ne plus être cantonné à une classe plutôt restrictive. Sur la proposition des 7 armes qui est faite au joueur, les combinaisons sont multiples et offrent beaucoup de liberté, avec une arme principale et une arme secondaire. Bâton et arbalète, baguette et dague… Les possibilités semblent presque infinies, et le joueur peut, sur le champ de bataille, switcher entre ses deux armes quand il le souhaite. Il est également possible de changer sa combinaison d’armes à souhait, mais cela se fera au détriment de la progression des armes. En effet, celles-ci gagnent en niveau et en capacités, et changer de combinaison à tout-va réduira drastiquement la vitesse de progression des armes. Les sièges, ultra complets, seront malheureusement trop brouillons pour les joueurs les plus occasionnels. Il faudra avant intégrer une guilde, et la communication avec vos compagnons sera primordiale. Concernant l’aventure, le héros intègrera une guilde avec laquelle il participera… à des sièges. Ceux-ci peuvent réunir jusqu’à 1.000 joueurs, qui s’affronteront pour renverser une forteresse et s’emparer du trône. Les joueurs d’une même guilde devront se coordonner pour attaquer le plus efficacement une forteresse, aidés par des créatures gigantesques qui serviront tantôt de béliers, tantôt de catapultes, tantôt de tours de siège. Une fonctionnalité hyper immersive et réussie, mais qui est à double tranchant. Puisque si ces sièges sont ultra riches et complets, ils nécessitent une parfaite coordination. Alors celui qui sera à fond dans sa guilde et qui s’investira tous les jours y retrouvera son compte. En revanche, le joueur occasionnel qui ouvrira le titre deux ou trois fois par semaine risque d’être complètement paumé. Et force est de constater que quand on se retrouve seul sur le champ de bataille avec cette pléthore de joueurs, on peut vite être perdu. Visuellement, Throne and Liberty est très solide. Le jeu est assez réaliste, avec des cinématiques en aquarelles du plus bel effet. A la lecture de ces quelques lignes, vous pouvez très logiquement penser que Throne and Liberty est assurément le meilleur MMORPG de ces dernières années. Malheureusement, il lui manque encore quelques atouts pour lui conférer ce titre si précieux. Parce que même s’il dispose d’un moteur graphique solide offrant de très beaux panoramas assez réalistes et que la bande originale est d’assez bonne qualité, le jeu pâtit d’un nombre incalculable de bugs. Dans le gameplay d’une part, mais aussi dans la stabilité des serveurs aussi, qui sont totalement aléatoire. Si cela ne demande qu’à être amélioré avec le temps, le lancement du titre a été plutôt chaotique. C’est là qu’on se dit que le titre aurait pu être davantage encore peaufiné, surtout quand on voit la qualité de certaines traductions francophones qui ne sont pas toujours très fidèles. Conclusion Avec Throne and Liberty, Amazon et NCsoft prouvent qu’il est bel et bien possible de proposer un MMORPG 100% gratuit et de qualité qui n’incite pas constamment le joueur à dépenser ses deniers. Le modèle économique du titre récompense les joueurs les plus fidèles dans un univers riche, ultra exaltant et assez réaliste visuellement parlant. Mais contrairement aux autres RPG qui se cantonnent à un système unique de classes, TaL privilégie la personnalisation complète du personnage et des sorts qui dépendent des deux armes choisies. Ce n’est peut-être pas ultra novateur, mais ça a toutefois le mérite d’être rafraîchissant. Monde ouvert, système de guildes à intégrer et … des forteresse à assiéger pour s’emparer du trône. Ces sièges sont très immersifs et complets, un peu à l’instar des Total War, mais ils requièrent une coordination totale avec sa guilde, ce qui risque de laisser sur le carreau les joueurs plus occasionnels. Enfin, le défaut majeur de ce Throne and Liberty est incontestablement ses bugs en cascade, qui donnent l’impression de se frotter à un jeu qui n’est pas fini. Quelques mois de développement supplémentaires auraient été les bienvenus pour en faire le MMORPG phare de ces dernières années. Pour cette fin d’année et les mois à venir, en revanche, il est certain qu’il va encore faire parler de lui…