Même si la mode de l’IA générative semble un peu s’être tassée ces derniers temps, force est de reconnaître que la crainte est toujours présente de la voire s’immiscer dans tous les recoins de nos vies. Quand on interroge les éditeurs de bandes dessinées, toutefois, la question ne se pose même pas : l’IA dans la BD, c’est non ! Aux États-Unis comme en Europe, les éditeurs de bandes dessinées semblent plus ou moins unanimes, et se prononcent tous contre l’usage de l’intelligence artificielle dans les cases de bandes dessinées. Et ce n’est pas véritablement la peine d’essayer de dissimuler ces images, car elles restent pour le moment très reconnaissables. Il faut aussi avouer que pour le moment, il est plus ou moins impossible de faire une BD complète avec de l’intelligence artificielle, car il est impossible de lui faire produire une suite cohérente d’images avec le même décor et le même personnage à l’identique. C’est ce qui ressortirait apparemment d’une enquête menée par le South China Morning Post. Le journal chinois est en effet venu dans notre plat pays pour interroger la direction des éditions Le Lombard. Selon le directeur Gauthier van Meerbeeck, l’opposition à ce genre de pratique dans le milieu de la BD est à peu près totale. Il semble ainsi partager l’opinion, couramment relayée sur Internet, que l’intelligence artificielle générative pratique le vol de la propriété intellectuelle d’artistes bien humains. Non seulement il y a donc une opposition totale à la production de nouvelles bandes dessinées utilisant l’intelligence artificielle, mais il y a également une volonté pour les éditeurs de se protéger de ce qui est perçu comme une violation de leurs droits. Si des images utilisées pour entraîner les algorithmes appartiennent aux éditeurs et ont été utilisées sans le consentement de ceux-ci, alors des actions judiciaires pourraient bel et bien avoir lieu, qui pourraient déboucher sur des compensations financières le cas échéant. Sur ce point, les éditeurs se retrouvent parfaitement des deux côtés de l’Atlantique, puisque ce sont les studios Dark Horse Comics (éditeur « indépendant » américain de comics qui a la particularité de ne pas se concentrer sur les sempiternels superhéros de Marvel et DC) qui ont affiché une position parfaitement similaire, comme le rappelle Presse-Citron. C’est une question qui n’est pas sans rappeler celle qui se pose dans le monde du jeu vidéo, pourtant un peu plus ouvert au monde de l’IA. Si dans quelques studios, on succombe aux sirènes des modèles de langage, on voit que quelques grands tels que Nintendo s’opposent catégoriquement, pour le moment en tout cas, à l’utilisation de ces produits. Une fois de plus, la question des droits d’auteur est ici au centre des préoccupations. Il faut se rappeler qu’on reste au début de cette technologie qui n’a pas encore montré toutes ses capacités, mais aussi et surtout toutes ses limites. Si l’Europe, et plusieurs autres entités politiques, ont commencé à statuer sur la question, avec l’accord sur l’IA qui prendra effet à partir de 2025, on est encore loin de démêler toutes les conséquences juridiques de L’intelligence artificielle générative.