Les Civilization-like ne courent pas les rues. Après un Humankind en 2021 truffé de bonnes idées, c’est au tour d’Ara: History Untold de se mettre en avant. Tous les regards des fans de 4X sont actuellement tournés vers 2025 et Firaxis. Et pour cause, c’est en février prochain que sortira le prochain Civilization, énormément attendu, près de neuf ans après la sortie du sixième épisode. Mais avant cela, c’est un autre 4X qui débarque sur nos ordinateurs. Développé par Oxide Games et publié par Xbox, Ara: History Untold a été conçu par des anciens … de Firaxis. Annoncé en 2022 lors du Xbox Bethesda Showcase, Ara puise de nombreuses idées dans le géant du 4X. Et pour cause, ceux qui ont travaillé dessus sont des anciens de Firaxis, et semblent avoir emporté avec eux quelques idées de la licence phare de leur ancien employeur pour les proposer dans Ara. Et vous allez voir que les deux titres sont extrêmement proches l’un de l’autre, peut-être un peu trop même. En réalité, Ara s’apparente véritablement à une version alternative de Civilization, et ce, en bien des points. Tout d’abord, à notre premier lancement du jeu, on ne peut qu’y voir les inspirations très marquées de “Civ”. Le titre nous propose ainsi de choisir parmi l’un des 41 dirigeants proposés, ce qui est bien plus conséquent que les 20 propositions du jeu Civilization sans les extensions. Et l’avantage ici est que l’on peut découvrir des personnages historiques bien moins connus. Aux côtés des traditionnels Jules César, Léopold 1er de Belgique ou encore Jeanne d’Arc, on retrouve Tamar la Grande (reine de Géorgie), Cesare Beccaria d’Italie (grand opposant à la peine de mort) et Ashoka (troisième empereur d’Inde). C’est plutôt agréable de découvrir de nouvelles têtes et de ne plus avoir affaire aux traditionnels Gandhi, Georges Washington et autres Abraham Lincoln. Des dirigeants célèbres, mais également moins célèbres, permettent de faire monter le nombre de personnages historiques à choisir à 41. Quand vous démarrez votre partie, les ressemblances avec la franchise de Firaxis sont, là aussi, troublantes. Vous avez le choix entre une carte prédéfinie ou générée procéduralement (oui, monsieur !) et vous démarrez avec des colons qui doivent fonder une première ville, faisant office de capitale. Dans notre partie principale, nous avons choisi le premier Roi des Belges, Léopold 1er. Sa capitale, sans surprise, c’est Bruxelles. Bruxelles à l’âge de pierre, c’est plutôt cocasse, mais Ara propose ce genre de situation. Au fur et à mesure que votre ville gagne en population, vous pourrez étendre votre ville (encore comme dans Civ) et obtenir des régions véritables du pays du leader de faction. Par exemple, autour de Bruxelles, nous avions Evere, La Louvière, Mol ou encore Ostende pour une région côtière. Cette méthode d’agrandissement ne vous octroie que des “régions”. Si vous souhaitez obtenir d’autres villes avec tous ses bénéfices, il faudra recruter un colon et l’envoyer vers d’autres terres où il pourra s’installer. Ce que nous pourrions reprocher au titre est de n’offrir que peu d’options de personnalisation pour débuter une partie. Outre le choix de la carte, la difficulté de l’IA et le nombre de factions présentes, le jeu ne nous offre guère plus de choix. On aurait aimé davantage d’options, mais cela ne semblait pas être une priorité pour les développeurs. Le catastrophes naturelles ne sont pas non plus de la partie. Mais ce qui distingue probablement Ara de son illustre modèle, c’est la composition de ces villes. Si leur système d’amélioration et de construction est identique en tous points avec Civ, c’est surtout leur design et leur mise en scène qui est particulièrement soignée. Elles regorgent de vie et, lorsque l’on zoome sur celles-ci, on y voit des personnages se balader entre les différents bâtiments, interagir avec ceux-ci, et même échanger entre eux. Ces microcosmes évoluent même en fonction de l’époque à laquelle vous vous trouvez, avec un réalisme presque bluffant. Et si vous avez construit un triomphe – l’équivalent d’un monument, les habitants vont même venir l’admirer. Les villes, hyper vivantes, évoluent en fonction de l’augmentation des villes et de la construction de monuments (appelés ici triomphes) et de bâtiments. On apprécie également la mise en scène des batailles. À l’instar d’un Total War, les troupes que nous envoyons sur le champ de bataille sont véritablement modélisées et se battent avec l’ennemi sous nos yeux. Les batailles se règlent sur plusieurs tours, et nous pouvons voir l’évolution de la taille des garnisons au fur et à mesure des combats. La gestion des villes, elle, est plutôt simple, bien qu’exigeante. Vous enchaînez la construction de bâtiments nécessaires à son bon fonctionnement et devez prendre en compte l’humeur de votre population, leur santé, mais également la prospérité de vos cités. Pour cela, différentes ressources viennent rythmer le bon fonctionnement de votre état, à commencer par les richesses (de l’or), la nourriture, le bois brut et les matériaux (pierres, métal…). À l’instar de Civilization, chaque bâtiment va vous faire gagner l’une ou l’autre ressource, mais également vous en coûter. Ainsi, une ferme vous rapportera de la nourriture, tandis qu’un palais vous coûtera de l’argent à chaque tour, mais vous rapportera du prestige, ô combien important pour la gloire de la nation. Une autre particularité de ce Ara, le différenciant de la concurrence, est son système de gameplay. Là où tous les autres privilégient un système traditionnel au tour par tour où les protagonistes jouent les uns après les autres, Ara mise sur la surprise et la stratégie. Ici, toutes les actions sont effectuées simultanément. On effectue nos actions et, lorsque l’on passe notre tour, c’est à nouveau à nous de jouer, les autres ayant déjà effectué leurs actions. On a ainsi droit à un effet de surprise constant, nous obligeant à revoir nos plans constamment. Rien n’y fait, on a clairement l’impression de jouer à Civilization. Ara, c’est aussi différentes petites particularités qui font sa spécificité, mais qui ne bouleversent pas le genre du 4X. On notera ainsi la présence de Parangon, des personnages historiques d’envergure moindre à qui l’on peut attribuer un poste de “ministre”. Conseiller en chef, conseiller militaire, conseiller intérieur ou encore créateur de chefs d’œuvres, permettant d’augmenter le prestige, sont autant de postes qu’ils peuvent occuper. Ils apparaissent à l’aube d’un âge d’or, quand la nation est prospère et que tout se passe pour le mieux. Une autre particularité du titre est le recrutement des unités, qui pousse constamment à la réflexion et à la stratégie. Après les quelques tours d’attente pour le recrutement, vous devez patienter un tour supplémentaire pour le “rassemblement”. Ensuite, l’unité apparaît dans la ville de formation. Une idée intéressante qui empêche de recruter à tout-va, poussant le joueur à réfléchir. Mais contrairement à Civilization qui a une patte graphique bien orientée cartoon, Ara semble ne pas trop savoir vers quel style s’orienter. Les graphismes ne sont vraiment pas dingues, avec des bonshommes pas réussis et des dirigeants inspirés de Civilization, mais moins bien faits. Et ce manque de profondeur dans la conception d’Ara se ressent à peu près partout. Si le jeu est exempt de défauts dans sa partie gameplay, c’est surtout l’interface qui semble finie à la bêche. De nombreux textes s’affichent mal avec du code au lieu des mots, l’interface durant le tutoriel n’est pas précise… On regrette également que la négociation ne soit pas à l’ordre du jour, puisque quand on reçoit une proposition, on ne peut que l’accepter ou la refuser, hors de question de négocier … Conclusion Ara: History Untold ou Civilization ? Civilization ou Ara ? Très clairement, très peu d’éléments différencient les deux titres tant ils sont proches l’un de l’autre. On reconnaît la patte de conception des anciens de Firaxis dans le développement d’Ara, à la différence près que certains éléments du gameplay semblent moins aboutis ou totalement absents d’History Untold. Le moteur graphique, les bugs d’affichage ou encore le manque de personnalisation des parties font quelque peu tache dans Ara, tandis que l’idée de la résolution des tours de tous les dirigeants en simultané change vraiment la donne. Cela laisse le joueur dans le suspense le plus total, l’obligeant presque constamment à revoir ses plans en fonction des actions de l’IA. Les villes, vivantes, regorgent d’habitants qui se baladent dans tous les sens, donnant véritablement le sentiment de contrôler la population. Pour le fan de Civilization, Ara s’apparentera à une pâle copie de la licence de Sid Meier. En revanche, celui qui s’essaie au 4X pour la première fois trouvera là une belle porte d’entrée dans le genre.