Après Electronic Arts et la très lucrative saga des Jedi, c’est au tour d’Ubisoft de s’attaquer au mastodonte qu’est Star Wars sur consoles. Annoncé il y a plus de trois ans et après une campagne marketing hors normes, le titre tient-il toutes ses promesses ? Star Wars et les jeux vidéo, c’est une très longue histoire d’amour qui remonte aux années 1980. Depuis, ce sont près d’une centaine de titres qui ont été adaptés, généralement appréciés par les joueurs. De 2013 à 2023, c’est Electronic Arts qui avait les droits exclusifs sur Star Wars. Un accord entre Lucasfilm et EA qui n’aura pas été des plus prolifique, puisque seulement cinq jeux verront le jour, ainsi qu’une énorme polémique sur les lootboxes de Star Wars Battlefront. Depuis 2023 cependant, n’importe quel studio peut, s’il le souhaite, s’attaquer à l’adaptation de la saga. C’est chose faite avec Ubisoft qui, dès 2021, annoncera Star Wars Outlaws pour une sortie attendue à l’été 2024. Le titre n’a absolument rien à voir avec les dernières entrées vidéoludiques dans la saga. En effet, Outlaws fait quasiment l’impasse sur les jedis et tout ce qu’on avait l’habitude de voir, et se concentre sur les syndicats du crime, les contrebandiers et autres hors-la-loi. On suit ici les aventures de Kay Vess, une jeune délinquante qui, pour s’offrir la vie qu’elle rêve loin des bidonvilles mal famés, enchaîne les délits et contrats auprès des syndicats du crime. Accompagnée de Nix, une sorte de petite créature toute mignonne, Kay risque sa vie face à des antagonistes plus dangereux les uns que les autres. Situé entre L’Empire contre-attaque et Le Retour du Jedi, Star Wars Outlaws nous plonge dans un scénario unique, sans pour autant perdre le fan de la première heure puisque l’on y retrouve de nombreux éléments communs à la saga originale. Jabba le Hutt, Han Solo, l’Aube Écarlate (syndicat créé par Dark Maul), Tatooine, Canto Bight ou encore Kijimii sont autant de noms qui rappelleront d’excellents souvenirs aux fans des films, auxquels viennent s’ajouter les créations de Massive, comme la très réussie Toshara, planète où peuvent sévir les pires hors-la-loi de la galaxie. Il faut bien l’avouer, les développeurs ont abattu un travail titanesque pour proposer aux fans de Star Wars l’open-world dont ils rêvaient, tout en étant le plus respectueux possible de la saga. Même les angles de caméra, la photographie et le grain ajouté à l’image font référence aux films de la première trilogie. Visuellement, les panoramas de Star Wars Outlaws nous ont mis une claque. C’est également un sans-faute du côté de la bande sonore de ce Outlaws. Le titre veut rendre hommage à John Williams et ses œuvres, sans reprendre à aucun moment les mélodies que nous connaissions déjà. C’est Wilbert Roget II, compositeur qui avait déjà travaillé sur Vader: Immortal, mais surtout sur le célébrissime Star Wars The Old Republic. Les mélodies proposées rappellent l’esprit de la saga, tout en apportant les petites touches dont seul Roget II a le secret. Chapeau bas également pour le doublage francophone, d’excellente qualité et bourré de références à la pop culture. L’un des éléments qui nous aura le plus marqué est ce passage dans un vaisseau impérial, lorsqu’un officier demande à Waaka si c’est une bonne cargaison qu’embarque notre vaisseau, et qu’il répond “Mais vous savez, moi je ne crois pas qu’il y ait de bonne ou de mauvaise cargaison”. Du pur régal pour les oreilles. Pour les oreilles, mais pas seulement. À de nombreuses reprises, nous avons été impressionnés par les capacités du moteur Snowdrop d’Ubisoft, qui a fait ses preuves avec des titres comme Avatar: Frontiers of Pandora ou Tom Clancy’s: The Division. Outlaws, à l’image de ces références de chez Ubisoft, est un délice pour les yeux. Les passages dans l’espace nous ont littéralement subjugués, avec de superbes effets de lumière jouant avec les couchers de soleil autour des planètes, et des environnements luxuriants et sublimes sur les cinq planètes qui nous sont proposées. Tout n’est toutefois pas parfait, entre les modélisations hasardeuses des humains, les expressions faciales peu expressives, un character design bien peu inspiré et certains décors très fades. C’est, honnêtement, l’un des plus beaux jeux qui soit sorti sur consoles et PC de cette année. Abordons ensuite l’élément principal d’Outlaws, son gameplay. Comme vous avez dû le comprendre au travers des premières lignes de ce test, l’essentiel du jeu va se concentrer sur la relation qu’a Kay avec les différents syndicats du crime, qui sont au nombre de quatre. Le plus connu d’entre eux est le Cartel des Hutts, dirigé par Jabba. On retrouve également l’Aube Écarlate, le Syndicat Pyke et, le petit nouveau imaginé par Massive, le Clan Ashiga. Ces quatre clans travaillent étroitement avec Kay lui donnant des missions plutôt variées, qu’elle doit accomplir. Si elle les réussit, elle améliore sa relation avec le syndicat, au risque de ternir ses rapports avec les syndicats rivaux. Mais vous devrez habilement choisir avec qui vous entendre, car de bonnes relations sont synonymes d’avantages sur le territoire de ces cartels. Plus vous aurez de bonnes relations avec un syndicat du crime, plus vous aurez accès à des prix intéressants chez les marchands affiliés, mais pas uniquement. Certaines zones ne nécessiteront plus une infiltration discrète pour y pénétrer, vous recevrez des armes et récompenses matérielles, et obtiendrez des missions toujours plus intéressantes. En revanche, si vos relations avec un criminel sont catastrophiques, alors il enverra ses hommes vous traquer, et vous n’aurez pas intérêt à débarquer sur son territoire, car vous n’y ferez pas de vieux os. Tout au long de notre parcours, on sent que l’influence de ces cartels est énorme sur notre protagoniste, mais également sur le monde ouvert d’Outlaws. Ils font leur loi, et vous devrez travailler avec eux pour accumuler des crédits. Il n’y a d’ailleurs pas que les cartels qui sont à vos trousses dans Outlaws, puisque l’Empire tient, dans le titre, un rôle assez important. Vous aurez donc compris que vos relations avec les syndicats seront dépendantes d’une jauge variable. Jauge qui augmentera ou diminuera en fonction de votre comportement et de … vos choix. Ainsi, il ne sera pas rare que l’on vous attribue une mission et que, pendant celle-ci, vous ayez à faire un choix entre deux cartels. Vous pourrez alors trahir vos “amis” de toujours ou leur être fidèle. Tous vos choix ont un impact non négligeable sur l’aventure, il est donc très important de bien peser le pour et le contre de chacune de vos décisions. Chaque choix que vous aurez à faire dans vos missions aura un impact non négligeable sur vos relations avec les différents syndicats. La progression de notre héroïne dépendra également de ses relations avec certains personnages et de la manière dont vous jouez. Il n’est ici pas question d’utiliser un arbre de compétences dont seul Ubisoft en a le secret, mais plutôt de compétences à débloquer avec divers accomplissements. Cela permet de ne plus se concentrer uniquement sur de l’Exp à acquérir au fil des missions accomplies, mais plutôt de varier notre manière de jouer en réalisant quelques “exploits”. Nix, le petit compagnon à quatre pattes qui nous accompagne partout, est également une aide précieuse pour notre héroïne. Tantôt il nous aide à débloquer un passage en se faufilant dans des trous de souris pour activer un mécanisme, tantôt il peut distraire un ennemi pour permettre à Kay de se faufiler dans son dos ou l’éliminer plus facilement. Il est également capable de faire les poches de tous les soldats que nous rencontrons, et même de tricher lorsque l’on joue aux cartes avec l’IA. C’est une vraie bonne idée de la part d’Ubisoft, même s’il est à de nombreuses reprises victime des bugs à répétition du titre. Nous y reviendrons. Pour accomplir ses missions, Kay bénéficie d’un équipement de pointe et est capable de krafter quelques accessoires utiles pour partir au combat. Son blaster peut également être amélioré au fil de l’aventure grâce à des ressources trouvées ici-et-là, et elle peut se doter de vêtements qui ne sont pas uniquement esthétiques, mais qui ont un réel impact sur ses capacités. Son vaisseau peut également être amélioré et customisé selon nos envies, tandis que son speeder permet de traverser une planète plus vite que jamais. Il peut, lui aussi, être amélioré. Les sensations de tir, elles, sont assez bonnes, avec de superbes effets visuels et sonores lors des gunfights. Mais il ne faut pas croire que la totalité d’Outlaws se repose sur les gunfights, parce qu’il est très fréquent que vous ayez à infiltrer une base ou un territoire ennemi sans vous faire repérer, ce qui n’est pas toujours une mince affaire. Les phases d’infiltration, et notamment dans les bases impériales, sont plutôt réussies. L’un des principaux arguments d’Ubisoft durant la campagne marketing du titre, était qu’il s’agit du tout premier jeu en monde ouvert estampillé Star Wars. Monde ouvert dont seul Ubisoft en a le secret, puisque l’on est propulsé sur cinq planètes immenses, très vivantes et parsemées de quêtes annexes, de PNJ à rencontrer et avec qui papoter, et d’activités secondaires. Les quêtes annexes ne sont pas toujours des plus passionnantes, mais elles ont le mérite de remplir les mondes, tandis que les activités secondaires sont assez sympathiques. On nous propose ainsi de parier sur des courses de Fathiers, ou encore de participer à une partie de Sabacc, sorte de jeux de cartes à la sauce Star Wars. Enfin, la grande majorité des PNJ que nous rencontrons ont des choses à raconter et ont leur propre vie. Vous pouvez par exemple choisir ou non de protéger des civils qui se font menacer par des Stormtroopers, au risque d’être recherché sur toute la planète. Le problème, c’est que le monde est ouvert sans vraiment l’être. Là où on nous promettait l’open world le plus spacieux et le plus ambitieux jamais vu dans un jeu Star Wars, on se retrouve avec de nombreux temps de chargement masqués en écrans noirs ou en passages d’attente où on ne sait plus bouger, comme un ascenseur. Ce n’est pas très grave en soi, mais ce sont des pratiques qui ne se font plus depuis quelques années, et c’est surprenant qu’Ubisoft ait usé de ces stratagèmes. Une grosse partie de la progression est également scriptée, notamment les deux premières heures de l’aventure. Ne vous attendez donc pas à une totale liberté d’action. Globalement, le titre se présente donc comme un mélange de jeu d’infiltration, action et de plates formes. Il a tendance à manger un peu à tous les râteliers avec plus ou moins de succès. Si les séquences de tir sont ainsi plutôt réussies, on ne peut pas en dire autant des séquences de plateformes extrêmement basiques, qui vous feront suivre un tracé prédéfini. On a connu plus excitant. Abordons enfin le point le plus décevant de cette production : la finition. C’est devenu la maladie dans tous les jeux Ubisoft, avec en figure de proue les Assassin’s Creed, et l’on se surprend encore à devoir relancer le jeu face à des bugs qui empêchent carrément de progresser dans la partie. Nix qui ne réagit pas aux ordres qu’on lui donne, un didacticiel en début de partie qui part totalement à volo… Ce ne sont que deux exemples d’un titre qui semble avoir été bâclé sur cette partie. Et les bugs ne sont pas que limités au seul gameplay, puisqu’ils sont aussi visuels, avec des hommes-troncs qui sont coupés en deux… Il est temps que le titre sorte et que des patches soient déployés car actuellement, il mériterait clairement la palme du jeu le plus bugué de l’année. Conclusion Ubisoft réussit son entrée dans l’univers de Star Wars avec Outlaws, un mélange de jeu d’infiltration, d’action et d’open World qui s’avère très divertissant. Premier véritable monde ouvert autour des Tatooine et autres Kijimii, ce Star Wars Outlaws nous plonge dans un scénario inédit. Il prend place entre les épisodes 5 et 6 de la saga Skywalker, et nous fait (re)découvrir un pan méconnu de la saga de George Lucas : le banditisme, les syndicats et les hors-la-loi. Au-delà d’un scénario original et réussi, le jeu nous plonge dans un immense monde ouvert riche de 5 planètes, de 4 syndicats du crime avec qui passer des accords et d’une multitude de personnages secondaires et de quêtes annexes à découvrir. Et cerise sur le gâteau, le moindre choix que l’on fait a un impact sur la suite de l’aventure et sur nos relations avec les antagonistes. Malheureusement, il manque à Outlaws ce petit plus pour briller. Le jeu est efficace et très cinématographique mais le patchwork d’idées ne fonctionne pas toujours parfaitement. L’IA, notamment, fait terriblement défaut dans les séquences d’infiltration, qui sont au mieux médiocres. On retrouve les mêmes erreurs que celles commises par le studio français dans chacune de ses productions, Outlaws fourmille de bugs, au point d’en être parfois injouable. Il y a vraiment beaucoup de bugs, allant du simple bogue visuel à la nécessité pure et simple de relancer le jeu à cause de problèmes dans le gameplay. Le monde ouvert, s’il est ultra diversifié, pâtit d’un faux sentiment de liberté, avec de nombreux temps de chargement entre les planètes ou dans certains bâtiments, et ce, contrairement à la promesse initiale qui avait été faite par le studio. Si le jeu est globalement joli, la technique est loin d’être irréprochable et certains choix artistiques partageront les joueurs. Espérons donc que les futures mises à jour corrigent petit à petit ses défauts…