Les hikikomori ont été identifiés comme tel pour la première fois au Japon, dans les années 90. Aujourd’hui, ce phénomène prend de l’ampleur et touche de plus en plus de personnes, même en dehors du pays du Soleil-Levant. Le phénomène des hikikomori a été identifié pour la première fois au Japon, dans les années 90. Concrètement, le terme “hikikomori” se traduit par «se cloîtrer» ou « s’enfermer ». Les hikikomori désignent donc des personnes qui ont décidé de s’enfermer chez elles, depuis au moins un mois, afin de fuir la vie en société. Ce phénomène, qui touche principalement les hommes, constitue un sérieux problème au pays du Soleil-Levant. Pour cause, les hikikomori s’isolent chez eux (souvent dans leur chambre) et ne participent plus à la vie en société. Ils n’ont pas de travail et ne vont pas à l’école. Bien souvent, les hikikomori ne consomment rien à l’extérieur et comptent de ce fait sur leurs parents pour bénéficier d’une aide financière, et ainsi subvenir à leurs besoins. Par ailleurs, les hikikomori n’ont pas de relation amoureuse et s’ajoutent aux Soshoku danshi, les “garçon herbivore”. Pour rappel, au Japon, les garçons herbivores désignent des hommes qui ne cherchent pas de relation amoureuse. Les hikikomori et les Soshoku danshi constituent donc un réel problème, étant donné que le Japon présente l’un des taux de natalité les plus faibles au monde. En 2016, au Japon, le Bureau du Cabinet a dévoilé une enquête au sujet des hikikomori. Selon les résultats de cette étude, en 2016, il y avait 540.000 hikikomori au Japon parmi les personnes âgées de 15 à 39 ans. Pas moins de 35 % d’entre eux s’étaient enfermés chez eux depuis 7 ans ou plus. Et si nous comptabilisons les plus de 39 ans, le nombre de hikikomoris au Japon s’élèverait à 1 million. Précisons qu’il est très difficile de comptabiliser le nombre de hikikomor, étant donné que ceux-ci restent chez eux délibérément et qu’ils ne consultent pas de médecins ou de programmes d’aide. Comment expliquer ce phénomène ? Les raisons qui poussent certains Japonais à s’enfermer chez eux sont multiples. Le monde du travail au Japon est connu pour être particulièrement compétitif et dur. Certains Japonais se sentent en marge de ce système et décident de s’en protéger en s’enfermant chez eux. À cela s’ajoutent des pertes d’emplois et des crises économiques particulièrement sévères. En parallèle, les relations hommes-femmes ont du mal à se développer sainement. Comme nous l’avons mentionné précédemment, les hikikomori n’entretiennent pas de relations amoureuses directes, par crainte de connaître une déception ou par manque d’envie tout simplement. Certains hikikomori se sont par ailleurs renfermés sur eux à la suite de harcèlement au travail ou à l’école. Dans de nombreux cas, les hikikomori traînent des traumatismes qui les empêchent de développer une vie sociale épanouie (anxiété sociale, dépression,…). Bien entendu, la multiplication des écrans et le développement d’Internet ont favorisé le développement des hikikomori. Grâce à Internet, ces derniers ne sont plus obligés de sortir et peuvent effectuer diverses tâches en restant tranquillement chez eux (commander à manger, développer des relations en ligne, télécharger des contenus multimédias, etc.). Enfin, la crise du Covid-19 a joué un rôle notable dans le développement de ce phénomène, et cela à un niveau mondial. Si certains ont rapidement repris une vie normale après les différents confinements, d’autres sont restés quelque peu bloqués dans un mode de vie sédentaire. Une tendance qui se développe dans le monde Les hikikomori ne sont pas seulement présents au Japon, la tendance se remarque de plus en plus ailleurs dans le monde. Corée du Sud, Espagne, France, Italie, plusieurs pays font état d’une partie de la population qui choisit de se couper de la vie en société. Crises économiques, confinements, enfermement dans les réseaux sociaux (et les idéologies qui y sont véhiculées), insécurité, éco-anxiété, relations hommes-femmes compliquées, les causes sont multiples. En France, en 2017, une cellule de consultation nommée “Détours” a même été mise en place pour faire face à ce phénomène grandissant. Située à Strasbourg, cette cellule tente d’aider les personnes recluses chez elles et leurs familles. En février 2023, Mitra Krause, coordinatrice de la consultation “Détours”, expliquait au Figaro : « Il s’agit d’un phénomène silencieux mais bien réel qui nous a conduits à ouvrir une consultation spécifique depuis 2017. On ne parle pas de ces jeunes, car ils ne dérangent personne : ils restent chez eux où leurs parents les assument matériellement dans une solitude souvent terrible ». Les hikikomori, ou toute personne qui s’isole à la maison, sont difficilement repérables au sein d’une société. C’est précisément cette caractéristique qui rend le phénomène particulièrement inquiétant. Si vous détectez des signes d’isolement chez une personne, n’attendez pas avant de lui proposer de l’aide. Plus vous attendez, plus il sera difficile de la faire sortir de chez elle. Dans tous les cas, n’hésitez pas à faire appel à un médecin ou à un spécialiste.