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Pourquoi les Belges n’emploient pas les mêmes termes que les Français en parlant de technologies

Si la plupart des termes pour désigner ordinateur, smartphone et autres sont les mêmes, il existe quelques exceptions, dont une en particulier : le GSM. Mais pourquoi ?

Quand on parle de différences linguistiques entre la France et la Belgique, on peut bien souvent se rattacher à une histoire ancienne teintée de vieux flamand, de picard, de wallon et de divergences dans l’usage du français qui se sont réalisées sur plusieurs siècles.

Et puis, il y a des termes qui font un peu tâche. Des termes d’invention bien trop récentes pour pouvoir se targuer d’une explication magnifiée par le vernis des siècles. Par exemple, pourquoi ne dit-on pour ainsi dire jamais « Texto », là où les français préfèrent ce terme à « SMS » ? Et surtout, pourquoi appellait-on nos téléphones portables des GSM ?

Ne nous emballons toutefois pas trop vite. Comme nous l’a expliqué le professeur Michel Francard, qui enseigne la linguistique à l’UCLouvain, une expression telle que « les Belges n’emploient pas les mêmes termes que les Français en parlant de technologies » demanderait, en termes linguistiques, une analyse lexicale assez ardue qui n’a (probablement) pas encore été effectuée, et dont les résultats ne conduiraient sans doute pas, en dehors des quelques exemples que nous venons de citer (et de quelques autres que l’on expliquera plus avant dans l’article), à constater une distinction tranchée dans le vocabulaire franco-belge sur le plan technologique.

Il faut donc surtout parler de quelques exceptions. Mais d’où viennent-elles ?

« Le choix de l’acronyme GSM (pour une dénomination anglaise : Global System for Mobile Communication) est dans la ligne de la stratégie très courante dans les pratiques commerciales et publicitaires en Belgique, pays trilingue où le recours à l’anglais dispense d’une déclinaison dans les trois langues nationales », nous explique ainsi encore monsieur Michel Francard, qui précise également que chez nos amis helvètes, c’est un autre acronyme, issu de l’allemand (ou plutôt, de sa variante locale : l’alémanique), qui est le vocable de choix pour nos smartphones : NATEL (Nationales Auto-TELefon).

Si l’on en croit le site françaisdenosrégions.com, qui réalise régulièrement des cartes linguistiques des différentes variantes d’un même mot, la frontière linguistique coïncide ici, parfaitement, avec celle des frontières nationales. Et l’on notera que les Québécois, eux-aussi, utilisent un autre terme pour désigner le smartphone : « cellulaire ».

Pour l’usage de « SMS » plutôt que de « Texto », il en serait fondamentalement de même. Mais il faut noter que le terme SMS est aussi utilisé chez nos voisins du sud.

Autre différence entre les deux pays : les Français aiment traduire tous les termes anglophones. Ils utilisent ainsi les termes « courriels », « pourriels » et autres « rançongiciels ». Les Belges aiment là aussi utiliser davantage utiliser le vocabulaire anglophone, avec les termes email, spam et ransomware. Et il faut noter qu’à ce petit jeu, le Québec va encore plus loin : on y « clavarde », on écoute des « balados » et on se fait « divulgâcher » la fin d’un film.

Dans un cas comme dans l’autre, il faut se rappeler que France et Québec disposent tous deux de gros organismes normatifs : l’Académie Française d’un côté, et l’Office québécois de la langue française. Une bonne occasion de rappeler que, si le second a effectivement d’importantes implications politiques, l’Académie Française, organe par ailleurs mal-aimé de certains linguistes, ne dispose pas d’un réel pouvoir autre que symbolique sur les locuteurs. Dans ces deux pays, ces organismes se sont donné la mission de combattre les anglicismes, et c’est ainsi que des tas de traductions plus ou moins hasardeuses ont vu le jour…

On le remarque plus que jamais avec l’avènement du Web3, avec la “chaîne de blocs” bien française, souvent remplacée par “blockchain” en Belgique.

En définitive, les différences linguistiques entre Belgique et France seraient donc en grande partie liées à une volonté des Français de traduire absolument tous les termes. Une approche qui a du sens d’un point de vue linguistique mais qui soulève aussi quelques questions. Car pourquoi dès lors ne pas avoir traduit les termes pizza, fjord ou vodka ? On ajoutera à cela quelques spécificités belges comme le GSM, qui serait traduit par cellular dans les pays anglo-saxons.

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