Capcom joue la carte de l’originalité avec Kunitsu-Gami, un nouveau jeu d’action et stratégie inspiré du folklore nippon qui n’hésite pas à mixer les genres. Quand on pense à Capcom, on pense forcément à Resident Evil, Street Fighter ou encore Monster Hunter. L’éditeur nous a habitués à nous livrer chaque année des suites de ses licences les plus prestigieuses. Alors lorsque Capcom se décide enfin à délivrer quelque chose de différent, les joueurs sont plutôt surpris, surtout lorsque l’éditeur mélange les genres. Kunitsu-Gami avait beaucoup surpris lors de sa présentation. Avec son univers médiéval fantastique morbide, son character design inquiétant et son gameplay atypique, le titre avait semé le chaud et le froid chez les joueurs. Rassurez-vous, après une grosse semaine passée dessus, on peut vous confirmer que le nouveau jeu de Capcom est plutôt une bonne surprise ! C’est elle qu’il faudra à tout prix protéger. Il faudra toutefois adhérer au concept, très particulier, du jeu. Car de facto, Kunitsu-Gami n’est pas un jeu comme les autres. Il s’agit certes d’un action-RPG, mais qui lorgne davantage du côté des jeux de stratégie que du côté de l’exploration. Vous incarnerez en effet ici un guerrier qui devra à tout prix protéger une prêtresse de terribles Ikoku, des monstruosités sorties du creux de l’enfer. Votre mission sera simple : protéger la prêtresse tout en purifiant chaque village du mont Kafuku, votre lieu de villégiature. Après une courte cinématique d’introduction, on pose donc les mains dans le cambouis et on tente de comprendre les mécanismes, beaucoup plus simples qu’il n’y paraît. Concrètement, vous dirigerez ici un seul personnage. Pas d’open world à l’horizon mais des “micro-niveaux” de taille très réduite, qu’il faudra d’abord explorer pour les “purifier” en libérant les villageois et en purifiant les quelques lieux infectés. En nettoyant le niveau, vous débloquerez des ressources, qui vous permettront soit d’attribuer des rôles à vos villageois en leur donnant un équipement – ils pourront ainsi se transformer en guerriers, mages, archers et vous aider dans votre tâche -, soit de “préparer le chemin” (ou “tracer la voie spirituelle” comme le jeu nous l’indique) pour votre prêtresse en lui indiquant la voie vers la porte damnée d’où sortiront les itokus chaque nuit. Les combats représentent facilement 40% du gameplay. Avant d’aller plus loin, il convient de le préciser : tout le jeu repose sur ce cycle de jour et de nuit. Concrètement, lorsque vous vous retrouvez dans un niveau, il faudra l’explorer et préparer vos défenses de jour, et combattre la nuit, puisque c’est ce moment que choisiront les itokus pour attaquer. Le jeu se transformera alors en une sorte de beat them all stratégique. Pour remporter la partie, il faudra placer judicieusement ses quelques unités, potentiellement dresser l’une ou l’autre barrière et choisir l’endroit où vous concentrerez vos efforts – car il vous sera impossible d’éliminer à vous seul tous les ennemis. Votre mission est simple : empêcher à tout prix qu’un itoku ne s’attaque à la prêtresse. Tant que votre prêtresse n’aura pas atteint la porte, les ennemis déferleront à intervalles réguliers. Il faudra donc tracer la voie spirituelle le plus vite possible, tout en protégeant au mieux votre prêtresse lorsque la nuit arrivera… Chaque mission sera ainsi composé d’au moins deux cycles jour/nuit. Autrement dit, impossible de finir un niveau sans passer par la case combat. Les combats de boss font partie des moments forts. Pad en main, le jeu a beaucoup de mal à trouver un équilibre. Il lorgne un peu du côté de l’action-RPG, un peu du côté du jeu de stratégie, sans convaincre dans aucun des deux domaines. Les combats sont assez mous et surtout, la partie stratégie est trop peu développée. Souvent, ce sont les rôles les plus basiques qui se révèlent les plus efficaces pour vos unités : bucherons ou archers feront des miracles face aux adversaires. Et ça tombe bien puisque ce sont les rôles les moins coûteux… C’est également assez dommage car finalement, on n’explore pas le potentiel stratégique du titre avant sa seconde moitié… Heureusement, les combats contre les boss sont beaucoup plus intéressants : les ennemis sont retords et nécessitent surtout la mise au point d’une stratégie appropriée. Entre deux missions, on repassera dans l’un des villages purifiés pour explorer le volet gestion. N’en attendez pas trop toutefois, il s’agira la plupart du temps d’attribuer quelques tâches de réhabilitation à vos villageois, à récupérer quelques cristaux qui vous permettront d’améliorer vos unités et à caresser des animaux. Vous l’aurez compris, là aussi l’aspect gestion n’est que caressé du bout de l’index. Il faudra attribuer un rôle à chacun de vos villageois. Piètre jeu de stratégie et de gestion, Kunitsu-Gami a toutefois l’atout de nous plonger dans un univers médiéval fantastique plein de charme et à explorer brillamment le folklore japonais. Des créatures au design macabres à la danse de notre prêtresse, tout inspire à la découverte. “Sympathique” et foisonnant de très bonnes idées, le jeu de Capcom peine toutefois à délivrer une expérience concluante. Le schéma des missions se reproduit sans finesse jusqu’au bout de l’aventure et il faut bien avouer que passé deux petites heures de jeu déjà, on a l’impression d’en avoir fait le tour. Malheureusement, ce sentiment ne vous quittera jamais. A 49,99€, l’addition n’est pas très salée pour un jeu qui reste “sympathique” à explorer. Mais n’espérez pas y passer des nuits. D’ailleurs, le fait que le titre soit intégré au Gamepass n’est en soi pas anodin. C’est typiquement le genre de titre auquel on ne jouerait pas forcément, à moins d’être “un original”. S’il aurait gagné à être plus riche dans son gameplay et à davantage se concentrer sur la partie stratégique, complètement sous-exploitée, Kunitsu-Gami reste un titre plaisant à parcourir, qui vous marquera sans doute le plus par son univers, sa réalisation soignée et son excellente bande son. Pas sûr toutefois qu’il vous marque durablement. Conclusion Avec Kunitsu-Gami, Capcom nous livre un jeu original, à mi-chemin entre le jeu de stratégie et le jeu d’action. Très répétitif dans son système de progression, le jeu peine à proposer une formule concluante. Il manque de profondeur dans son gameplay et ne parvient pas du tout à convaincre dans sa partie stratégie / gestion. Reste qu’avec son univers atypique, basé sur le folklore nippon, son character design unique et sa réalisation soignée, le jeu attire la curiosité, et qu’il se révèle de surcroit plutôt agréable à parcourir. A défaut de marquer les esprits avec une titre riche, Capcom nous livre une curiosité qui se laissera volontiers découvrir… Ce qui n’est déjà pas si mal que ça.