Sorti il y a déjà presque 3 ans sur Switch, Shin Megami Tensei V a remporté un joli petit succès sur la console de Nintendo. Assez pour décider Atlus de nous livrer une version upgradée sur PC et consoles de salon. Spin-off de Persona, la série phare d’Atlus, Shin Megami Tensei reste relativement méconnu en Europe. La popularité de Persona pousse toutefois l’éditeur à explorer de nouveaux horizons et à donner une seconde chance à Shin Megami Tensei V, qui était sorti en 2021 sur Switch. Il nous livre aujourd’hui une version “revue et corrigée” de cet excellent RPG. Rassurez-vous, il n’est pas indispensable d’avoir joué à un précédent opus de la franchise pour se lancer dans ce “cinquième opus”. Les différents jeux ne sont en effet pas liés sur le plan narratif et il est possible, comme dans un Final Fantasy, de débuter l’aventure avec n’importe quel épisode. Shin Megami Tensei V se déroule à Tokyo de nos jours, où de mystérieuses disparitions et des meurtres inexpliqués surviennent fréquemment. Le protagoniste, un étudiant, est chargé de mener l’enquête et, alors qu’il suit un de ses camarades dans un tunnel, il s’évanouit à la suite d’un séisme. À son réveil, il se retrouve non plus à Tokyo mais au cœur d’un désert appelé Da’at, le monde des enfers. Subitement attaqué par une multitude de démons, il est secouru de justesse par un être nommé Aogami, qui lui propose de fusionner pour devenir un Nahobino, une entité puissante mi-humaine, mi-divine. Ensemble, ils vont tenter de comprendre leur présence dans ce monde post-apocalyptique, où une guerre sans fin oppose les démons aux anges envoyés par Dieu. Ce nouvel opus s’appuie sur les concepts établis dans les précédents jeux Megami Tensei. Il conserve l’atmosphère apocalyptique propre à la franchise, avec un univers où démons sinistres et anges autoritaires se disputent la domination du monde, cherchant respectivement à instaurer le chaos ou l’ordre pour satisfaire des divinités tyranniques. La série est connue pour incorporer des éléments de science-fiction, et ce cinquième volet ne fait pas exception, mêlant ces éléments à des thèmes résonnant particulièrement avec la société japonaise contemporaine. Le scénario, bien que puissant, ne s’impose pas trop, ce qui est surprenant pour le genre, souvent enclin à se concentrer lourdement sur la narration. Shin Megami Tensei V propose un récit complexe mais rapidement introduit, laissant une grande place au gameplay sans nécessiter plusieurs heures avant de pouvoir véritablement commencer à jouer. Le jeu est un RPG linéaire avec un gameplay au tour par tour fortement axé sur le “dungeon crawling”. La majeure partie du jeu se déroule dans de vastes zones bien conçues, où l’exploration apporte de nombreux avantages. Ces zones sont peuplées d’ennemis, d’objets à découvrir et de personnages offrant des quêtes secondaires. Les sources connectives, des points de sauvegarde, offrent un moment de répit en permettant également l’accès à un magasin et au Monde des Ombres, dont nous reparlerons plus bas. Les combats se déroulent au tour par tour, où nous contrôlons jusqu’à quatre personnages qui enchaînent leurs attaques. Le système est assez classique, reprenant les bases des jeux précédents de la série. Notamment, le système de tours permet de gagner une action supplémentaire lorsqu’on inflige un coup critique ou qu’on exploite les faiblesses élémentaires des ennemis. Les combats reposent beaucoup sur les éléments magiques (feu, glace, lumière, ténèbres, etc.), ce qui nécessite de composer une équipe équilibrée. Shin Megami Tensei V ne propose pas de groupe de personnages principaux comme c’est souvent le cas dans le genre. Le protagoniste est l’élément central de l’équipe, les autres membres étant des démons qu’il faut recruter en leur parlant et en négociant pendant les combats. Ces négociations ajoutent une touche d’humour, chaque type de créature ayant plusieurs dialogues, et il faut deviner quels choix leur plairont pour qu’ils nous rejoignent, ou simplement céder à leurs caprices en leur offrant de l’argent et des objets. À la manière de Pokemon, chaque créature a ses propres forces, faiblesses et compétences. Le Monde des Ombres offre encore plus de possibilités de personnalisation. Il permet de fusionner nos démons pour en obtenir de nouveaux, un système qui nous permet de gagner en puissance tout en découvrant de nouvelles créatures parmi les 200 disponibles dans le jeu. Le protagoniste peut également apprendre des effets passifs en échange de points de gloire, des points de compétence obtenus en trouvant des objets cachés dans les zones. Il est ensuite possible d’utiliser des essences de monstres pour acquérir leurs capacités. Le Nahobino et ses créatures disposent d’un nombre limité d’emplacements pour y placer des compétences telles que des attaques spéciales, des sorts magiques ou d’autres effets passifs, permettant ainsi de personnaliser notre approche des combats. Le protagoniste est le seul à pouvoir hériter des faiblesses et résistances élémentaires des essences, un aspect crucial à considérer pour ne pas être anéanti par les boss. En effet, la série Megami Tensei est réputée pour sa difficulté, et ce cinquième épisode ne fait pas exception. Si les actions supplémentaires peuvent rendre certains combats plus faciles, les ennemis peuvent aussi exploiter ce système. Une offensive d’ennemis avec un avantage d’affinité sur notre équipe peut rapidement devenir fatale, laissant toujours la possibilité d’un retournement de situation. Si le protagoniste meurt, c’est un Game Over direct et retour à l’écran titre. De plus, le jeu n’utilise que des sauvegardes manuelles, sans sauvegarde automatique. Avec un équilibrage rendant la progression difficile et certaines quêtes annexes très délicates, le jeu peut s’avérer assez exigeant et frustrant, même en mode “Normal”. Le mode “Facile” est plus adapté aux joueurs non habitués à ce niveau de difficulté, bien que la défaite puisse survenir rapidement. Le jeu reste fidèle à ses origines sur ce point. Pour ceux qui préfèrent une expérience moins exigeante, un mode “Très facile” est également disponible. Ce cinquième épisode introduit toutefois des options plus modernes, comme un mode combat automatique et la possibilité de se téléporter au dernier point de sauvegarde en appuyant simplement sur un bouton. Mais alors, quelles différences avec l’original ? Niveau contenu déjà, Atlus a ajouté une nouvelle trame narrative à explorer, de nouveaux environnements et ennemis sont présents également et la bande son du jeu intègre de nouveaux morceaux. Côté graphismes, il faut bien l’avouer, l’original était assez “laid”. Cette réédition s’en sort beaucoup mieux sans toutefois nous en mettre plein les yeux. Atlus a surtout retravaillé les effets visuels et modélisations des démons. Il s’agit en ce sens d’une belle évolution. Mais ce n’est pas franchement suffisant sur les consoles de salon… Côté contrôles et gameplay enfin, le jeu a aussi droit à quelques remaniements qui le rendent le plus agréable à jouer, sans toutefois changer la formule. Bref, pour un portage, Vengeance a eu droit à un traitement de faveur, au point que le résultat n’en est que plus convaincant. Conclusion Près de 3 ans après être sorti sur Switch, Shin Megami Tensei V a enfin droit à son portage sur les autres consoles et PC. Et il faut bien l’admettre, Atlus a réalisé un joli travail sur cette nouvelle version, qui intègre beaucoup de contenus inédits (niveaux, ennemis, scénarios et musiques), améliore considérablement l’esthétique du jeu et apporte quelques modifications bienvenues au gameplay. Vengeance est en tout point supérieur à l’original. Attention toutefois, c’est le genre de jeu dans lequel il faut s’investir. Techniquement, si le jeu a évolué également, il est encore loin des standards actuels… Si vous aviez accroché à la formule Persona, on ne peut que vous recommander très chaudement ce spin-off très riche, qui se déroule dans un univers SF et mérite franchement le détour.