Interdits par l’Union européenne, les « Dark Patterns » sont des systèmes pernicieux sur les sites d’e-commerce conçus pour vous faire acheter toujours plus en dépit du bon sens. Les « dark patterns » sont un ensemble de procédés très classiques de manipulation cognitive dans le but de vous pousser, sans même vous en rendre compte, vers l’achat. Dans nos prises de décision, il existe en effet une bonne part d’inconscient. Et c’est justement sur cet aspect que les « dark patterns » compte bien appuyer. Un exemple typique que l’on peut retrouver sur à peu près tous les sites de vente, alors même qu’il s’agit d’un « dark pattern », c’est le fameux « Plus que X articles disponibles ». Si l’information n’est pas toujours absolument fausse, elle ne dit pas tout (les stocks sont bien souvent renouvelés), et est surtout là pour vous pousser à un choix mené de manière pas très rationnelle sous la pression. Certains « dark patterns » n’ont pas été inventés sur le Web, mais existent aussi dans le commerce physique : les fausses promotions en sont un exemple typique où le prix affiché est un faux prix sur lequel est appliquée une promotion imaginaire qui baisse celui-ci jusqu’au coût réel du produit. Il suffit même d’exceptionnellement vendre le produit au prix fort pour faire de cette fausse promotion quelque chose de « techniquement exact ». En dehors de ces techniques de vente, les « dark patterns » les plus dangereux, concernent le principe d’une interface trompeuse ou volontairement confuse. Plusieurs méthodes permettent ainsi de forcer les clients à, par exemple, souscrire à un abonnement sans s’en rendre compte : rendez la formulation d’une question un peu confuse en utilisant un langage lourd et une double négation, saupoudrez tout cela d’une condition cachée dont l’internaute n’a pas conscience (cochez cette case pour NE PAS vous abonner) et le tour est joué ! Vous l’aurez compris, ce genre de pratiques sont illégales selon le Digital Markets Act (DMA) de l’Union européenne. Malheureusement, ce sont des domaines sur lesquels il est assez difficile de légiférer : comment interpréter légalement la notion d’une « interface trompeuse » ? Pour cette raison, les plateformes de commerce, surtout les plus utilisées, ont toujours recours à ces « dark patterns », et ce malgré leur interdiction théorique. Comme remarqué par un rapport récent de l’organisme « UFC Que Choisir » (l’équivalent français de notre Test-Achat), l’intégralité d’un ensemble de vingt plateformes analysées y ont recours à plus ou moins grande échelle. Le champion toutes catégories est certes Temu, mais Amazon et AliExpress occupent tous deux la deuxième place du classement. Alors comment se protéger contre les « dark patterns » ? Comme souvent quand il s’agit d’une exploitation de biais cognitifs inconscients, il n’est pas totalement impossible d’y échapper, mais on peut tout de même fortement minimiser les effets en prenant son temps. Tout d’abord, ne vous rendez pas sur les sites de vente en ligne sans avoir une idée claire de ce que vous désirez acheter, et tenez-vous à celle-ci, sans vous laisser tenter par ce que vous voyez et que vous n’avez pas prévu. Face à une promotion ou une limitation dans les stocks, voyez toujours cela comme une interface de vente, et essayez au mieux de l’ignorer. Pensez aussi à comparer le même produit sur plusieurs sites de ventes en ligne, afin de voir si une différence existe, et enfin, prenez un peu de temps avant de prendre une décision, en quittant le site pour y réfléchir à tête reposée, et en vous posant toujours la question : ai-je vraiment besoin/envie de cet objet/ce service ? Enfin, face aux formulaires et interfaces, soyez toujours très prudent, lisez toujours les phrases complexes, et dans le cas où il vous apparaît clairement que le site essaye de vous « la mettre à l’envers », privilégiez alors un autre commerçant. Méfiez-vous également en cliquant sur des liens : ceux-ci peuvent vous emmener vers des endroits où vous ne voulez vraiment pas vous rendre…