Fondé en octobre 2022, le jeune studio namurois Aberratic vient déjà de dévoiler au grand public son premier gros projet : Land of Symbiosis. Et force est de constater que les cofondateurs du studio sont ambitieux. Si elle n’est pas aussi développée qu’aux États-Unis ou en France, l’industrie du développement de jeu vidéo en Belgique est plein de potentiel. Faut-il encore rappeler que Baldur’s Gate III, le jeu vidéo de l’année, est une production belgo-belge développée par Larian Studios, un studio gantois ? Cela signifie bien que les développeurs belges sont remplis de talents, et que l’on n’en est qu’aux balbutiements de l’industrie dans notre pays. Aberratic est un de ces nouveaux studios “noir-jaune-rouge” qui s’annonce très prometteur. C’est Jonas Delnaye et Jonathan Gillard, deux jeunes originaires de Stavelot et de Namur, qui sont les cofondateurs du studio. Après avoir tous deux travaillé chez Appeal, un studio basé à Charleroi et aujourd’hui racheté par THQ Nordic, les deux jeunes hommes ont décidé de se lancer dans l’aventure du développement indépendant. “Notre souhait le plus cher était de créer notre propre jeu”, nous raconte Jonas Delnaye. “Jonathan et moi avions des idées plein la tête pour un gros projet. En janvier 2023, nous travaillions toujours chez Appeal, mais on a commencé à rassembler toutes nos idées : on écrivait des histoires, on cherchait du contexte, on rassemblait nos jeux préférés pour des inspirations… Ensuite, après quelques études de marché, nous avons décidé de lancer ce projet.” Ce projet, c’est Land of Symbiosis, un jeu de survie solo ou en coop sur lequel les deux hommes travaillent désormais depuis plus d’un an. “En juin 2023, nous avons reçu un premier financement de préproduction de la région wallonne via Wallimage et avons commencé la production à partir de septembre, tout en continuant de travailler comme sous-traitants quelques jours par semaine”, poursuit Jonas. “C’est à partir de ce moment que nous nous sommes rendus compte que nous voulions nous y concentrer à temps plein, ce que nous avons fait à partir de janvier 2024.” Le concept du jeu est plutôt original et inspiré. Land of Symbiosis est un jeu de survie inspiré de VRising, Valheim et avec quelques touches de The Riftbreaker ou Helldivers 1. l’intrigue se situe sur une planète alien générée de manière procédurale. On y incarne une Astra, une combattante d’élite engagée pour défendre une délégation de scientifiques amenés à faire des expériences sur la planète. “Un jour, une impulsion électromagnétique est émise par la planète alors que de nombreux vaisseaux sont en orbite”, explique le développeur. “Tous se crashent sur la planète, et notre héroïne est la seule survivante de cette catastrophe. Grâce à l’IA incluse dans sa combinaison, elle va chercher à comprendre ce qui s’est passé sur cette planète.” Un gameplay qui tourne autour de l’électromagnétisme Tout le gameplay de Land of Symbiosis s’articule autour de la thématique de l’électromagnétisme. De nombreux éléments du jeu génère de l’électricité, comme l’avant-poste ou la combinaison de l’héroïne. “Cette électricité provoque de la pollution électromagnétique qui va attirer les monstres”, pointe Jonas. “Le joueur comprend qu’il va devoir explorer la planète et affronter des vagues d’ennemis de plus en plus difficiles à mesure qu’on s’éloigne de la base, construire et gérer son avant-poste… Comme expliqué, l’avant-poste, que construira le joueur, sera à défendre coûte que coûte.” Il faudra ainsi poser des générateurs (qui attireront les ennemis), installer des améliorations comme des panneaux solaires, créer un système de défense… “Les combats, eux, pourront se faire soit au corps à corps soit à distance. Mais pour utiliser des armes à feu, il faudra crafter des munitions à partir des ressources récupérées sur la planète.” Où en est le projet actuellement ? Créé à partir du moteur de jeu Unity, Land of Symbiosis en est encore à ses balbutiements. Publiée le 10 mai dernier, la page Steam du titre a permis aux deux développeurs d’annoncer officiellement leur titre à la communauté et de permettre à celle-ci de l’ajouter à la wishlist. “Land of Symbiosis n’est que notre premier jeu, mais l’engouement est pourtant bien réel sur Steam. En plus de deux semaines, nous avons déjà dépassé les 1.000 personnes qui ont ajouté le titre à leur wishlist. C’est assez encourageant et ça nous motive d’autant plus ! Nous avons aussi bénéficié d’une belle vitrine sur les réseaux sociaux, avec des vidéos sur TikTok qui ont atteint les 600.000 vues…” La prochaine échéance du studio, et non des moindres, interviendra à la rentrée, avec la publication de la première grosse démo du titre vers la fin septembre. Démo qui devrait permettre au studio “de faire une promesse au public sans leur proposer uniquement de beaux textes sur Kickstarter ou Steam”, mais également de toucher de potentiels éditeurs, le gros objectif du studio. “Nous avons prévu de quoi nous en passer, mais il est clair que ça donnerait un gros coup de boost et de projecteur au projet.” Le but du studio, c’est de construire son jeu avec la communauté, tout en gardant leur propre vision. “C’est clairement le but de faire un jeu communautaire, avec le retour des joueurs que nous prendrons en compte. Mais garder notre ADN, un jeu qui nous ressemble et qui nous passionne, c’est très important également.” Une fois la démo publiée, Jonas et Jonathan se concentreront sur le marketing et continueront de développer le jeu pour que, d’ici à fin 2025, le jeu rentre en early access. La sortie officielle de la version 1.0 est prévue près d’un an plus tard. Bien évidemment, le studio veut voir loin et ambitionne de proposer son titre sur un marché international, au minimum européen. “Dans le cas où nous trouvons un éditeur, nous pourrions traduire le titre dans plus d’une dizaine de langues. Sinon, on restera sur les langues les plus parlées, comme le français, l’anglais, le mandarin, l’espagnol, le russe et l’arabe.” À deux sur le projet ? Pas vraiment… Si Aberratic est un studio indépendant qui ne se compose que de Jonathan Gillard et Jonas Delnaye, cela n’empêche pas les deux hommes de faire appel à des sous-traitants pour travailler sur des éléments avec lesquels ils sont moins familier. “Nous avons fait appel à plusieurs sous-traitants, parmi lesquels ma sœur Margot (qui a également créé une entreprise de sous-traitance dans les jeux vidéo, NDLR.), pour travailler sur des domaines comme la 3D, les illustrations…”, ajoute Jonas. “Concernant les compositions musicales, nous avons la chance de travailler avec Aleksandria Migova, une compositrice dont nous adorons le travail et qui a composé, par exemple, toutes les musiques de VRising, une de nos principales références. En jouant à ce jeu, j’ai flashé sur ses musiques et décidé de lui envoyer un mail présentant tout le projet. Je ne m’y attendais absolument pas, mais elle m’a répondu qu’en tant que grande fan de science-fiction, le projet l’intéressait beaucoup et que ça lui plairait énormément de travailler avec nous.”