Vous avez sûrement déjà remarqué qu’en fonction de la langue et du pays du monde, la répartition des touches sur un clavier est un peu différente… Mais pourquoi ? Le QWERTY La plupart des langues et des pays utilisent une variante du clavier QWERTY. Le QWERTY a été inventé par Christopher Latham Sholes, imprimeur et perfectionneur de la machine à écrire. Et ce qui est assez clair, c’est que le clavier QWERTY est en réalité totalement conçu pour l’usage de l’époque, et pas nécessairement, comme on pourrait le penser, pour une facilité d’utilisation pour l’écriture de la langue anglaise : la disposition n’est pas optimale pour le dactylographe. Deux hypothèses s’affrontent sur le pourquoi du comment : La disposition serait liée aux marteaux de la machine qui, en venant s’emberlificoter, risquent de causer des problèmes. En éloignant les paires de lettres les plus communes, on permettrait d’accélérer la frappe. La disposition aurait été conçue pour les télégraphistes, qui étaient les premiers utilisateurs du clavier. En ce sens, le QWERTY serait bien optimisé… mais pas pour l’usage que l’on en fait désormais. Cette hypothèse est préférée de nos jours. Bien entendu, comme il s’agit du clavier le plus courant, il se décline sous des dizaines de variantes adaptées aux différentes langues qui les utilisent. Par exemple, le clavier espagnol possède une touche Ñ à droite du L, et le Canada possède une touche É placée en bas à droite du clavier. L’AZERTY Dans les pays francophones, on utilise surtout l’AZERTY. Mais pas partout : au Québec, on préfère largement le QWERTY, et la Suisse utilise surtout le clavier germanique QWERTZ. L’origine exacte de l’AZERTY n’est pas clairement établie, mais il est peu probable qu’elle soit particulièrement plus adaptée pour la frappe du Français que le clavier QWERTY dont elle n’est, au fond, qu’une variante. Par ailleurs, un autre clavier, le ZHJAY, probablement plus adapté pour notre langue, a été proposé au XXème siècle, mais n’a jamais été adopté. Il existe trois grosses variantes de l’AZERTY : l’AZERTY français, l’AZERTY belge, et l’AZERTY Mac, qui est utilisé par Apple des deux côtés de Quiévrain, et est très proche de la version Belge. La raison de l’existence de deux versions est probablement due à la présence du Néerlandais en Belgique, mais n’explique pas pourquoi le Mac possède sa propre version. Le QWERTZ Les pays germanophones disposent de leur propre disposition : le QWERTZ. Fondamentalement, il n’existe qu’une seule différence avec le QWERTY : le Z et le Y sont intervertis. Pourquoi ? Pour une fois, il s’agit bel et bien d’une question d’optimisation : le Z est beaucoup plus courant que le Y en Allemand, et est bien mieux placé au centre du clavier. Qui plus est, les combinaisons TZ et ZU sont courantes en allemand, et la proximité entre ces deux lettres aide à la frappe (le contraire, donc, de l’idée de vouloir « éloigner les marteaux » que l’on utilise souvent comme hypothèse pour justifier l’existence du QWERTY). En plus d’être utilisé en Allemagne, Suisse et Autriche, le QWERTZ est très communément utilisé en Europe de l’Est (même si depuis les années 1990, le QWERTY récupère du terrain dans certains pays comme la Pologne). Les raisons historiques pour cet état de fait ne sont pas toujours très joyeuse, entre domination austro-hongroise, nazie et doviétique… Bien entendu, les différents claviers QWERTZ contiennent les caractères spéciaux propres à chaque langue. Les claviers cyrilliques Dans les pays utilisant l’alphabet cyrillique, on connait également plusieurs dispositions. Le russe et l’ukrainien utilisent une disposition nommée « JCUKEN » (« ЙЦУКЕН »), adaptée aux caractères spéciaux de chaque langue. Le Serbe dispose de sa propre disposition qui est aussi présente dans les pays anciennement dominés par la Yougoslavie et qui utilisent l’alphabet cyrillique, comme pour le clavier macédonien. Enfin, le bulgare dispose de sa propre disposition. Les claviers à deux alphabets Le plus souvent, un clavier arabe est également un clavier latin. Il est même assez courant que les internautes arabophones n’utilisent pas un clavier contenant de caractères arabes du tout, et écrivent la langue arabe en utilisant l’alphabet latin. De la même manière, les claviers hébreux contiennent à la fois des caractères latins et hébreux. Internet étant majoritairement anglophone, il faut comprendre que la plupart des langues utilisant un autre alphabet combinent généralement celui-ci avec un clavier QWERTY, doté souvent d’un système permettant de passer aisément de l’un à l’autre. Les langues à idéogrammes Si le coréen utilise un alphabet (le Hangeul), et le japonais un syllabaire, les deux langues disposent d’un certain nombre de caractères idéographiques directement inspirés du chinois, langue qui, elle-même, ne s’écrit exclusivement qu’avec lesdits caractères. Alors comment faire ? Une des méthodes consiste à noter les caractères phonétiquement, en utilisant un alphabet (le plus souvent latin avec un clavier QWERTY), puis à rechercher les différents caractères correspondants. Une autre méthode plus radicale est d’utiliser les… radicaux. C’est la méthode Cangjie, surtout utilisée à Taïwan. Avec cette méthode, on utilise des traits et formes de base (des radicaux) qui sont en nombre limité pour reconstituer le caractère. Vous le comprendrez, c’est une méthode complexe, et la méthode phonologique est généralement préférée. Les « variantes optimisées » On l’a dit, les clavier QWERTY et AZERTY ne sont pas du tout optimisés. Pour cette raison, certaines personnes ont essayé de créer d’autres dispositions bien plus adaptées, avec malheureusement assez peu de succès. Pour l’anglais comme le Français, on connaît la disposition Dvorak qui, même si elle porte le même nom, n’est pas du tout identique. Et il existe en français une autre disposition jugée « optimale » : le BÉPO. Certains pays ont été un peu plus loin dans l’implémentation de ces claviers optimisés (comme la Turquie), mais même là, le QWERTY tend toujours à dominer…