Tous les fans de jeux de stratégie en temps réel se rappelleront avec plaisir du premier Men of War, sorti il y a quinze ans. Et bien réjouissez-vous, cette suite ne vous dépaysera absolument pas. Sorti début 2009, Men of War avait fait un tabac sur PC. Développé par les Ukrainiens de Best Way, déjà bien rodés avec le genre depuis qu’ils ont commercialisé Soldiers : Heroes of World War 2 et Faces of War, le titre s’était distingué grâce à son gameplay exigeant nous donnant l’impression d’être un véritable général dirigeant des régiments, divisions et autres compagnies de guerre. Mais depuis cette sortie remarquée, le studio ne sera clairement pas prolifique, puisqu’il n’a plus rien développé depuis. Qu’à cela ne tienne, c’est en 2024 que sortira une suite au cultissime Men of War. Quinze ans plus tard, le studio remettra enfin le couvert. De quoi raviver la flamme nostalgique des joueurs du premier opus qui, après s’être frotté à Company of Heroes, ont trouvé davantage de défis sur ce Men of War. Parce que c’est un fait, la saga créée il y a de ça quinze ans par Best Way propose un véritable challenge aux joueurs. A travers les campagnes des fronts de l’Ouest et de l’Est de la Deuxième Guerre mondiale, Men of War propose une grande authenticité historique. Le Blitzkrieg (1939), l’Opération Overlord (1944), l’Opération Bagration en Biélorussie (1944) dans la peau des forces américaines, allemandes et russes sont autant de campagnes proposées dans le mode solo. Mode solo qui, à lui seul, peut justifier les 45€ demandés sur la page Steam. Deuxième Guerre mondiale oblige, on retrouve un contenu gigantesque avec l’URSS, les USA et l’Allemagne nazi. On notera ainsi un mode Histoire en rapport avec l’histoire principal et qui propose 3 campagnes : URSS en 1941, USA en 1944 et Allemagne en 1945, composées de 6 missions longues d’une trentaine de minutes chacune. On y contrôle des unités, nous sont données des missions variées et l’on doit ainsi prendre part à la bataille tout en préservant nos troupes pour ne pas les perdre définitivement. Ajoutez à cela le mode Historique, qui revient sur des véritables opérations menées durant le conflit et qui, lui aussi, dénombre plus de 20 missions. Il existe enfin un mode Conquête de territoires dont le but est de s’accaparer la totalité du champ de bataille, et un mode Raid, plus rapide et nerveux. Une fois sur le champ de bataille, c’est un gameplay plutôt traditionnel que nous propose Best Way. On contrôle plusieurs troupes, les envoie dans les tranchées ou à la barre de mitrailleuses pour neutraliser l’ennemi… On est globalement sur la même proposition que le titre sorti il y a quinze ans, à l’exception près qu’a été ajouté la fonctionnalité Contrôle direct, permettant de gérer chaque unité avec énormément de précision pour un meilleur respect des ordres donnés. Le gameplay est également amélioré grâce à la qualité des cartes. Tranchées, bâtiments, voitures abandonnées ou explosées… Nos unités peuvent facilement progresser et se mettre à l’abri de l’ennemi. Le titre propose un défi de haut niveau, pour les joueurs les plus expérimentés. Par contre, ceux habitués à Company of Heroes seront déroutés. Le problème (toutefois, ce n’en sera pas un pour tous les joueurs), c’est que le titre est beaucoup trop compliqué pour le commun des mortels. Si le gameplay est assez comparable à celui d’un Company of Heroes, c’est surtout du côté du niveau de difficulté que l’on regrettera un manque d’équilibre. Car si les parties en ultra difficile sont particulièrement adaptées aux joueurs les plus expérimentés, celles en facile ne sont pas pour autant plus faciles ou ne s’adressent pas tant que ça aux néophytes. Le jeu est ultra exigeant et, si c’est en soi l’une des spécificités de la franchise, les développeurs auraient davantage pu équilibrer leur titre pour que tout le monde y trouve son compte. Ainsi, il faut être savamment préparé pour se frotter à l’ennemi sur le champ de bataille, et être certain de son coup. Le moindre faux pas peut être fatal et mettre en péril la totalité de votre opération. Après tout, rien ne sépare réellement le premier jeu de 2009 à celui de 2024. Si l’on met de côté les graphismes améliorés (on y reviendra plus tard), des nouvelles missions et unités et une interface légèrement améliorée, ce nouvel épisode fait principalement office de remake du premier titre plutôt qu’une véritable suite. Le gameplay est sensiblement le même, si ce n’est qu’il bénéficie de quelques améliorations par-ci par-là. Ainsi, celui qui avait déjà joué au premier titre il y a quinze ans aura peut-être du mal à digérer le paiement des 45€ demandés pour ce Men of War II… Mis à part le mode solo, on retrouve dans Men of War un aspect multijoueur tout particulièrement bien fichu. Joueur contre Joueur à la tête de bataillon de plusieurs centaines d’hommes, contre l’environnement en bataillon, contre un joueur classique ou combiné armes avec des parties plus courtes et avec des bataillons différents. Si le mode multijoueur a de quoi donner envie, il ne s’adresse qu’aux joueurs les plus expérimentés, étant donné qu’il n’est pas possible de gérer la difficulté ou de choisir le joueur face à qui on se retrouve. Visuellement, le titre de très jolis effets de lumière et d’explosions et profite de cartes savamment conçues, combinant tranchées, véhicules abandonnés et bâtiments. Si vous avez peur de vous y retrouver dans les méandres de ce Men of War II, un très (trop ?) long didacticiel a été développé. Ainsi, il vous permet de vous familiariser avec cette très vilaine et austère interface, mais également d’apprendre à gérer les troupes, à renverser la tendance dans une bataille ou encore de contrôler un bataillon tout entier. Très clairement, il est préférable de plonger directement dans le grand bain et de s’acclimater à son aise aux commandes du titre plutôt que de s’essayer à cette interface austère. Visuellement, ce Men of War II bénéficie de l’expérience du moteur de jeu Gem développé par les Ukrainiens. Tous leurs titres tournent sur ce moteur de jeu, qui s’est bonifié avec le temps afin d’offrir, en 2024, des environnements juste incroyables. On citera par exemple les combats de nuit, avec un superbe effet de lumière provoqué par les phares des véhicules ou les lumières des explosions. En revanche, et c’est un aspect très récurrent dans le titre, il pâtit de nombreux problèmes de performance. A de nombreuses reprises le titre s’est mis à laguer, rendant les parties juste impossibles avec un framerate très bas et de nombreux arrêts sur image. Conclusion Ceux qui connaissent sur le bout des doigts Company of Heroes (CoH) se sentiront probablement en terrain conquis sur ce Men of War II (MoW 2), et pourtant. Malgré un gameplay similaire nous plongeant dans un RTS sur la Seconde Guerre mondiale, cette suite développée par Best Way font de vos hommes de la chair à canon. Ultra exigeant et difficile, Men of War II aurait pu être ce qui se fait de mieux dans le genre RTS WW2. Malheureusement, les quelques défauts qui sont les siens l’empêchent de ravir ce titre au cultissime CoH. D’une part, parce qu’il est vraiment très difficile. Malgré les apparats et un mode très facile qui peut laisser penser qu’il s’adresse à tout un chacun, MoW II n’est pas à mettre entre toutes les mains. Un simple imprévu sur le champ de bataille ou un détail mal géré peut mettre à mal votre mission toute entière. D’autre part, là où CoH propose une interface moderne, claire et épurée, MoW se dote d’une interface, certes, épurée, mais indigeste et vraiment pas abordable. C’est d’ailleurs un peu le constat général que l’on reprochera au titre. Même le didacticiel ne donne pas envie, preuve s’il en est que le titre ne s’adresse qu’aux joueurs familiers avec le genre. De plus, avec ce Men of War II, on a surtout l’impression de jouer à un remake du premier épisode avec davantage de contenu et de plus beaux graphismes. Ce qui n’est pas pour nous déplaire toutefois…