Le smartphone est devenu un outil omniprésent dans notre quotidien. On va aux toilettes avec, on mange avec, on l’utilise dans les transports, on se lève avec et on se couche avec. Selon Bruno Patino, président d’Arte France et spécialiste du numérique, on toucherait entre 600 et 700 fois par jour nos téléphones. On expose quotidiennement nos smartphones à de nombreuses bactéries, sans vraiment y prêter attention. L’écran des smartphones, un nid à bactéries Une étude menée par Sellcell met en avant les bactéries présentes sur les écrans de nos smartphones et leurs potentiels risques. Les chercheurs ont effectué deux prélèvements bactériens stériles sur les écrans de téléphones portables de dix personnes choisies au hasard. Les résultats de l’étude montrent les principales familles de bactéries. On retrouve donc : Pseudomonas aeruginosa : présente dans 50 % des échantillons de téléphones testés, communément trouvée les eaux et les sols du monde entier. Escheria coli et autres streptocoques fécaux : présents dans 100 % des écrans de smartphones testés. On les retrouve dans les matières fécales animales et humaines. Aucun des échantillons ne contenait des traces de salmonelle. Bacillus cereus : responsable notamment d’empoisonnement alimentaire, la bactérie a été retrouvée sur 100 % des écrans testés. Staphylocoque doré : présent sur 100 % des téléphones testés. L’escherichia coli est la bactérie la plus commune sur nos écrans de téléphone. Présente sur 100 % des écrans testés dans l’étude de Sellcell, on la retrouve également dans les résultats d’autres études. La plupart de ses variantes sont inoffensives. Il est donc peu probable que l’on puisse développer des infections graves à cause de la présence de ces bactéries. Cependant, la présence de cette bactérie et des streptocoques fécaux indique la présence de matière fécale sur nos écrans. Ces études démontrent surtout à quel point les téléphones sont devenus omniprésents dans nos vies, au point où on les utilise même aux toilettes. Les principales causes du développement de ces bactéries sont la saleté de nos mains, la chaleur du téléphone et de nos poches qui favorisent le développement des bactéries. Cette problématique est notamment devenue importante dans les établissements de santé. Les hôpitaux : zone à haut risque Dans une étude publiée dans la National Library of Medicine aux États-Unis, des chercheurs ont établi un lien entre la diffusion de certains pathogènes et l’utilisation des smartphones par le corps médical. Comme pour l’étude de Sellcell, les chercheurs ont établi un panel de téléphones, mais cette fois-ci, appartenant à des soignants et non soignants. 125 appartenant à des membres du corps médical, et 50 aux autres membres du personnel. Dans près de 37 % des cas, la bactérie acinetobacter baumannii était l’organisme prédominant. Suivi du staphylocoque doré, présent dans 21 % des échantillons. Pour le personnel travaillant en salle d’opération et soins intensifs, c’est le staphylocoque doré qui était le plus présent, dans près de 47 % des cas. Cette étude montre que même dans un environnement au maximum aseptisé (ici un hôpital), des populations de bactéries arrivent à prospérer. En février 2024, une autre équipe de chercheurs de l’hôpital universitaire de Bagdad a étudié la question. Cette fois-ci en analysant les échantillons avant et après une désinfection. Avant la désinfection, plus de la moitié des échantillons montraient des traces de staphylocoques dorés. On réduirait à 0 le nombre de bactéries présentes sur nos écrans dans 85 % des cas en désinfectant. Les chercheurs concluent que “cette enquête a démontré que les lingettes disponibles dans le commerce, abordables et sans danger pour l’appareil contenant 70 % d’alcool isopropylique peuvent réduire de manière significative la contamination des téléphones portables.” Nettoyer son écran, une habitude à prendre Il faut se rendre compte de l’exposition aux bactéries et de l’importance de prendre soin de son téléphone en le nettoyant régulièrement. Pendant la pandémie de la COVID-19, la Commission fédérale des communications américaine avait établi un guide sur le nettoyage des smartphones. L’agence américaine avait alors pointé du doigt la nécessité de désinfecter son téléphone, de manière régulière. Débranchez l’appareil avant de le nettoyer. Utilisez un chiffon microfibre légèrement humidifié avec de l’eau et du savon. Ne vaporise pas de produits de nettoyage directement sur l’appareil. Évitez les aérosols et les solutions de nettoyage contenant de l’eau de Javel ou des abrasifs. Tenez les liquides et l’humidité à l’écart des ouvertures de l’appareil L’agence publique américaine avait également émis des recommandations pour “minimiser l’exposition de nos appareils mobiles aux bactéries”. Lorsque vous sortez de chez vous, gardez votre téléphone dans votre poche, votre sac à main ou votre voiture. Lorsque vous faites vos courses, utilisez une liste écrite, et non une liste conservée sur votre smartphone. Utilisez une carte de crédit pour payer, de préférence une carte sans contact Après avoir été dans un lieu public, ne touchez votre téléphone qu’après vous être lavé ou désinfecté les mains ou avoir enlevé les gants que vous portiez. Utilisez un dispositif mains libres lorsque vous passez des appels, de sorte que votre téléphone ne soit pas appuyé contre votre visage. On pourrait à présent ajouter à cette liste de restreindre l’utilisation du téléphone aux toilettes. D’autres écrans sont également concernés. En effet, comme le montre une étude datant de 2017, les écrans des distributeurs automatiques seraient également des nids à bactéries et pourraient favoriser le développement de bien plus de types de bactéries que sur les écrans de téléphones. De même pour les écrans tactiles dans les établissements de restaurations rapides ou les cinémas par exemple.