Nouveau jeu du studio ILCA – auteur du tout aussi ambitieux One Piece Odyssey -, Sand Land est l’adaptation de la nouvelle série d’animation du très grand Akira Toriyama. Quand on parle d’Akira Toriyama, on pense bien entendu avant tout à Dragon Ball Z. L’auteur à succès a pourtant débuté sa carrière avec une saga moins connue, Dr. Slump, et a également signé d’autres œuvres. Décédé le 1er mars dernier, l’artiste signe avec Sand Land son ultime travail. Diffusée sur Disney+, la série animée remporte toutefois un succès critique modéré. La narration est plutôt soignée. Mais Sand Land, c’est quoi au juste ? Cette nouvelle série animée prend place dans un univers post-apocalyptique dans lequel la planète est devenue un vaste wasteland, un terme que l’on peut traduire en français par “terres désolées”, où l’eau est devenue la ressource la plus précieuse. La série suit les aventures d’un sheriff qui va s’allier à un groupe de démons, dont le fils du roi des démons, Beelzebub, pour tenter de retrouver une source légendaire d’eau. Un scénario très intéressant sur le papier, qui a toutefois tendance à vite tourner en rond. Mais là n’est pas le principal défaut de Sand Land. Si Toriyama est reconnu comme un character designer de génie, il faut bien admettre que sa dernière création divise. Car d’une part, l’univers post-apocalyptique de Sand Land exerce un réel charme. De l’autre toutefois, les héros que l’on accompagne dans cette histoire soutiennent assez mal la comparaison avec les personnages cultes de Dragon Ball, Dragon Ball Z et même Dragon Ball GT… Le casting principal est même la plus grosse faiblesse de la série. Et malheureusement, le jeu en paye les frais lui aussi. Le jeu propose de multiples séquences différentes, dont de l’infiltration. Comme One Piece Odyssey, Sand Land est un projet très ambitieux pour le petit studio ILCA. Et comme son prédécesseur, le titre rate malheureusement le coche, la faute à un manque de réalisme de la part des développeurs. On le sent, le studio a voulu nous délivrer un jeu triple-A ambitieux, vaste et qui mélange surtout plusieurs styles de jeu très différent. Sand Land se présente ainsi comme un RPG en open world intégrant des séquences de combat à bord de véhicules, des séquences de course, courses-poursuites, combats au corps à corps, plates-formes et infiltration… Rien que ça. Et la moitié de ces séquences sont totalement ratées. Commençons donc par ce qui marche le mieux : la partie combat à bord de divers véhicules. Pour schématiser, l’essentiel du gameplay repose sur des combats de tanks, qui sont très réussis. Le jeu est fun, offre un gameplay assez tactique pour être intéressant, et permet surtout de personnaliser ses véhicules en les équipant de différents modules et en améliorant leurs statistiques. Les combats de tanks sont ainsi nerveux, rapides et intenses, malgré l’IA maladroite et souvent très bugée des ennemis. Il n’est en effet guère difficile de “hacker” le jeu en s’éloignant des ennemis pour les faire respawner plus loin en cas de difficultés, et pouvoir ainsi reprendre des forces. La partie RPG/exploration est également plutôt réussie avec l’évolution du personnage et de sa bande avec des compétences à acquérir, des tas de missions annexes et un vaste open world à explorer. Sand Land souffre toutefois du syndrome Ubisoft, avec des tas de quêtes Fedex relativement peu intéressantes, qui viennent artificiellement gonfler la durée de vie du jeu, et des missions qui ont vite tendance à se répéter. Le titre parvient, malgré sa répétitivité, à tenir le joueur scotché grâce au déblocage progressif de nombreux véhicules qui vont du tank au robot en passant par la moto, le buggy ou l’hovercraft. Les combats à bord du tank sont globalement très réussis. Passons maintenant à ce qui va moins bien… Les combats au corps à corps sont une vraie catastrophe, avec des ennemis bêtes à manger du foin, un système d’esquive ultrabasique et un manque d’options dans les coups. On se contentera la plupart du temps de matraquer un seul bouton (l’attaque rapide, l’attaque puissante étant trop lente) et à esquiver le coup de son adversaire toutes les x secondes. Les autres séquences de jeu “à pied” sont également un désastre : qu’il s’agisse des séquences de plates-formes, atrocement longues et répétitives ou de l’infiltration, face à des ennemis d’une stupidité à nouveau abyssale. Les développeurs ont clairement voulu en faire beaucoup trop et ça se ressent. D’ailleurs, l’open world est très vaste – il comprend même plusieurs cartes. L’ennui, c’est que le level-design est souvent pauvre avec une construction très fade et linéaire de l’aventure. On aurait clairement préféré “moins de contenu” et “plus de qualité.” La personnalisation des véhicules est l’une des forces du jeu. Globalement, on le ressent assez vite d’ailleurs, la finition n’est pas le fort de Sand Land : plusieurs fois nous avons été confrontés à des crashs et des bugs bloquants. Visuellement, le titre n’impressionne pas vraiment non plus sur les consoles new-gen. Les modèles 3D sont très réussis mais les décors sont atrocement vides, répétitifs et manquent cruellement de détails, avec des animations extrêmement lentes à l’horizon. En dépit de ses nombreux défauts, Sand Land reste toutefois l’une des meilleures adaptations récentes d’animé en jeu vidéo. Il faut dire que la barre n’est pas très haute non plus. Le titre reste plaisant à parcourir, et est limite plus intéressant à découvrir en jeu qu’en série animée grâce à sa narration soignée (les cut scenes sont nombreuses et plutôt réussies). Bref, Namco Bandai n’a pas fait du si mauvais travail que ça. Conclusion Présenté comme un RPG en open-world, Sand Land se rapproche toutefois plus d’un jeu de combat motorisé en open world que d’un Final Fantasy. Le titre est plaisant à parcourir et offre une réelle profondeur de jeu avec ses véhicules upgradables, son monde ouvert très vaste et son gameplay assez technique pour être intéressant. Le studio ILCA a toutefois été beaucoup trop ambitieux avec ce projet, en mélangeant les styles de jeu. Certains types de séquences sont complètement ratées à l’image des séquences de plates-formes, d’infiltration et de combats au corps à corps. Bugué, mal fignolé et pas très joli, Sand Land reste toutefois un jeu agréable à parcourir et potentiellement l’une des meilleures adaptations d’animé en jeu de ces dernières années.