Crédit photo : SpaceX et Unsplash

Pourquoi les entreprises spatiales ont tant de mal à récupérer leurs fusées

Pour l’instant, seul SpaceX a véritablement réussi l’exploit de créer un lanceur qui soit réutilisable. Si les autres y parviennent très lentement, il y a beaucoup de défis à relever qui expliquent cette difficulté.

Quand on lance une fusée dans l’espace, il y a beaucoup de problèmes qui empêchent de la retrouver en état de marche. Tout d’abord, et c’est assez évident, pour les étages supérieurs de la fusée : ils sont dans l’espace, et donc assez difficiles à récupérer. Mais pour le premier étage, celui qui est typiquement  récupéré par SpaceX, le problème est un peu différent.

Tout d’abord, il y a la rentrée dans l’atmosphère, si jamais le lanceur doit quitter celle-ci. Si c’est une chose d’en sortir, c’en est une autre d’être soudainement agressé par des frictions alors qu’on retombe progressivement vers la Terre. Et ce n’est pas tout : une fois le lanceur retombé, il faut encore qu’il retourne à sa base opératoire, ce qui demande qu’une certaine quantité de carburant soit détournée de son usage principal (amener les étages supérieurs à bon port). Dans le cas contraire, il va falloir le localiser. Le cas échéant, celui-ci se retrouve en effet souvent projeté dans l’eau de mer, ou encore retombe quelque part dans la nature, et il faut parfois plusieurs jours pour le retrouver. En ce temps, les éléments ont eu le temps de faire leur effet, et de corroder les parois du lanceur, ce qui le rend inutilisable.

D’autres aspects techniques se posent encore : la taille par exemple. Il est en effet plus facile de récupérer les premiers étages d’un lanceur petit format (c’est le cas des fusées réutilisables de la firme Blue Origin de Jeff Bezos) que de ceux de grande taille, car les premiers ont tendance à devoir monter moins haut pour assurer la propulsion nécessaire aux étages supérieurs, et c’est peut-être bien pour cela que les agences spatiales nationales comme l’ESA ont fait le choix de ne pas récupérer leurs étages inférieurs.

Mais alors, n’y a-t-il vraiment que SpaceX qui soit capable de récupérer des lanceurs de fusée « grand formats » ? Pour l’instant oui, et en cela, il semble bien que la firme ait pas mal d’avance, comme l’explique un article de Clubic qui s’est penché sur la question.

Le plus prometteur chez la concurrence, c’est apparemment Rocket Lab. L’entreprise a fait le pari de la résistance.

Résistance en rentrant dans l’atmosphère, mais aussi aux éléments dans la nature. Car oui, le lanceur de Rocket Lab ne cherche pas à retourner à sa base, mais bien à résister en attendant qu’on vienne la retrouver. Cela permet aussi à l’entreprise de récupérer non pas seulement son premier étage, mais bien plusieurs de ses étages. Du moins en théorie…

Clubic nous cite aussi le cas d’autres entreprises, comme le chinois LandSpace et, une fois de plus, Blue Origin. Dans un cas comme dans l’autre, on reste beaucoup plus proche de la méthode « SpaceX ». Tout d’abord, on commence par faire des « sauts de puce » de quelques centaines de mètres. Et puis on se projette à une taille supérieure. C’est par exemple le cas de l’entreprise spatiale de Jeff Bezos qui compte bien passer à un modèle beaucoup plus gros, mais en reproduisant plus ou moins ce que la firme peut déjà faire sur le beaucoup plus petit New Shephard.

Et du côté des agences nationales, alors ? Si la NASA et l’ESA semblent en retard, c’est en bonne partie parce que ces agences spatiales se projettent sur un temps beaucoup plus long, les fusées sont ainsi validées bien à l’avance, et le développement s’étale sur la durée. Surtout avec le retard causé par la pandémie ou encore la guerre en Ukraine. Cela signifie-t-il que le temps des agences spatiales est révolu, et qu’il ne restera bientôt plus que les entreprises privées ? Eh bien, ne vendons pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué… mais peut-être.

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