Test – Alone in the Dark : un retour à moitié réussi

Sorti en 1992, Alone in the Dark est l’ancêtre du survival-horror. THQ Nordic lui offre aujourd’hui un revival avec un reboot complet de la série. 

Si Resident Evil et Silent Hill ont su évoluer avec leur temps, la série Alone in the Dark, qui était pourtant le précurseur du genre, a, elle, très mal vieilli. Au total, ce sont pas moins de quatre jeux de la série qui sortiront entre 1992 et 2001, avant que la saga ne disparaisse complètement des radars. En 2008, Atari tente de lui redonner vie avec un reboot ambitieux, qui obtient des retours assez mitigés du public et des critiques. En 2015, un spin-off jouable en ligne uniquement voit le jour sur PC et redonne espoir aux fans. Les critiques sont toutefois virulentes. THQ Nordic, nouveau propriétaire de la licence, se décide à lui offrir un reboot sur les consoles de nouvelles générations.

Il ne faudra pas s’attendre à beaucoup d’originalité au niveau du design des créatures.

Confié à Pieces Interactive, un petit studio indépendant au départ qui a été racheté par le groupe Embracer et a notamment travaillé sur les dernières extensions de Titan Quest, le projet de reboot s’annonçait au départ très ambitieux. Il convient toutefois de rappeler que si beaucoup de travail a été mis sur l’enrobage du produit, ce reboot d’Alone in the Dark reste un projet développé par une équipe de taille très modeste, qui n’a rien de comparable à une suite de Resident Evil ou de Silent Hill par exemple. De facto, si Alone in the Dark appartient au genre des survival-horror, l’accent est ici davantage placé sur la réflexion et la narration que l’action. Certes, il vous arrivera d’affronter d’horribles créatures qui semblent tout droit sorties de l’enfer, mais le cœur du gameplay repose bien sur l’exploration et la résolution d’énigmes.

Le manoir de Derceto a un certain charme esthétique.

L’histoire prend place au début des années ’20, sur le sol américain. Le joueur incarnera au choix le détective privé Edward Camby (incarné par l’acteur David Harbour) ou sa cliente Emily Hartwood (incarnée par Jodie Comer), qui l’a contacté pour tenter de retrouver son oncle, Jeremy Hartwood, qui a disparu du manoir de Derceto, un home pour les “personnes mentalement fatiguées”. Intéressante au démarrage, l’histoire a toutefois tendance à vite tourner en rond et la narration manque cruellement de rythme. Il faut bien l’avouer, on a eu beaucoup de mal à s’intéresser à l’histoire d’un jeu bien trop bavard et qui a toutefois si peu de choses à raconter… Tout en restant plus ou moins fidèle au matériau d’origine, ce reboot d’Alone in the Dark ose au moins une chose : développer son propre univers en explorant une période de l’Histoire plus distante, et qui a donc quelque chose de dépaysant. Le manoir de Derceto offre par ailleurs un cadre idéal pour ce type d’aventure avec ses nombreux mystères à percer et son atmosphère très sombre.

Le jeu propose son lot d’énigmes à résoudre.

Comme les récents épisodes de Resident Evil, ce reboot d’Alone in the Dark abandonne la caméra fixe pour opter pour un système de caméra au-dessus de l’épaule, très efficace pour l’immersion. Et pad en main ça fonctionne plutôt bien. Comme on l’a dit plus haut dans ce texte, Alone in the Dark est plus un jeu d’ambiance que d’action. Vous passerez l’essentiel de votre temps à explorer le manoir de Derceto pour découvrir une porte cachée, retrouver un objet nécessaire à votre progression ou résoudre une énigme. Celles-ci sont assez variées et exigent à la fois une bonne mémoire visuelle et un esprit plutôt clairvoyant. Rien de trop complexe pour le quidam toutefois. Si la formule fonctionne plutôt bien, il faut bien avouer qu’on a assez régulièrement cette désagréable sensation d’être face à un walking simulator un peu fauché. Trois défauts mettent cette caractéristique en avant. La taille du jeu tout d’abord. Alone in the Dark a beau être vendu 59,99€, son contenu est très léger. L’aventure se termine en 5 ou 6 heures et la rejouabilité est faible, contrairement à un Resident Evil. En ligne droite, avec un guide, il est même possible de finir le jeu en moins de 3h. Car en réalité, vous passerez beaucoup de temps à vous perdre dans le dédale de Derceto. Les niveaux sont tout petits et pour progresser il faudra régulièrement faire de longs allers-retours d’un côté à l’autre de la carte. Ajoutez à cela une progression qui reste très scriptée et une partie horreur pratiquement aux abonnés absents et vous comprendrez que le jeu est malheureusement loin de remplir son contrat. Car de facto, les jump scares sont atrocement évidents dans Alone in the Dark, et si l’atmosphère est travaillée, on a étrangement beaucoup de mal à se sentir mal à l’aise dans cet univers… Par défaut, le jeu est également assez facile. Vous trouverez un paquet de munitions et de fioles de santé sur la carte, la santé du protagoniste est assez élevée et les ennemis ne vous feront pas beaucoup de mal… Autrement dit, l’aspect survival passe carrément au second plan.

Les cinématiques sont nombreuses mais pas forcément captivantes.

Malgré tous ces défauts, Alone in the Dark reste un jeu plaisant à parcourir du début à la fin. Le titre tire sa force de son univers mystérieux, ses décors inspirés et ses excellents puzzles. Les séquences de shoot sont quant à elles très peu nombreuses mais relativement efficaces. On combat à distance avec trois armes différentes (le révolver, le fusil à pompe et la mitrailleuse), ou au corps à corps avec diverses armes ramassées dans les niveaux. Dans un cas comme dans l’autre, ça manque un peu de précision et le manque de diversité au niveau du bestiaire se fait ressentir, mais le jeu n’est comme on l’a dit pas déplaisant et les quelques séquences de shoot ajoutent un peu de piment à la partie…

Pour un premier essai de reboot depuis l’épisode de 2008, nous aurions donc tendance à dire que ce Alone in the Dark est plutôt une jolie réussite. Le jeu se démarque des autres survival-horror par ses très bons puzzles et son ambiance rétro. Il montre également un réel potentiel au niveau de son univers, de sa narration et du mélange de genres. L’ennui, c’est qu’on a essayé de nous le vendre comme un jeu triple A et qu’il s’agit, dans le meilleur des cas, d’un jeu double-A développé par un tout petit studio… A 29,99€, nous aurions sans doute acclamé cette initiative, à 59,99€, l’addition est tout de même fort salée pour une mise en bouche qui conserve une certaine amertume. Autrement dit, c’est plutôt pas mal pour un petit studio, et si vous n’attendiez rien de ce reboot vous serez plutôt agréablement surpris. En revanche, si vous vous attendiez à découvrir un nouveau rival pour Resident Evil VIII, vous risquez d’être sacrément déçu…

Conclusion

Développé par un petit studio, ce reboot d’Alone in the Dark ose se démarquer des autres survival-horror par son ambiance rétro et son style de jeu. L’action passe au second – si pas au troisième plan – pour mettre davantage en avant la narration et les puzzles. Si la formule fonctionne plutôt bien et que le jeu est agréable à parcourir du début à la fin, on regrette un certain manque d’ambition au niveau du budget, qui se traduit par un contenu très léger. Le jeu se boucle en moins de 6h, et même 3 avec un guide. Si les puzzles brillent par leur intelligence et l’atmosphère des lieux captive le joueur, on regrette en revanche qu’une grosse partie du titre se réduise finalement à un simple walking simulator… Les combats ne laissent pas non plus un souvenir mémorable, même si ça aurait pu être bien pire. Ne vous attendez pas non plus à de grosses frayeurs, tout au plus à quelques jump scares. En définitive, malgré des défauts évidents, ce reboot de la série Alone in the Dark reste plaisant à parcourir. A 59,99€, l’addition est toutefois salée pour un jeu plus proche d’une petite prod’ indépendante que du triple-A…

_
Suivez Geeko sur Facebook, Youtube et Instagram pour ne rien rater de l'actu, des tests et bons plans.

Recevez nos dernières infos directement sur votre WhatsApp en vous abonnant à notre chaine.

Alone in the Dark

Gameplay 6.5/10
Contenu 6.0/10
Graphismes 7.0/10
Bande son 6.5/10
Finition 5.5/10
6.3

On aime :

Le manoir, un lieu plein de charme

Des puzzles réussis

Un mélange de genres qui fonctionne

Quelques bonnes idées

On aime moins :

Quelques crashs, pas mal de bugs...

Assez court (3 à 6h)

Proche d'un walking simulator

Une bande son peu marquante

Un scénario pas très excitant