Après six ans d’un développement houleux, Skull and Bones débarque enfin sur nos plateformes, mais il faut l’avouer, le jeu peine à convaincre… Dans les années 2000 et au début des années 2010, Ubisoft était un studio admiré pour son ambition avec les débuts de la licence Assassin’s Creed qui avaient établi une nouvelle manière de penser l’Open World. De cette période, on retiendra particulièrement deux titres mythiques : Assassin’s Creed 2 et le quatrième volet, Assassin’s Creed Black Flag. De nos jours, il faut avouer que le studio franco-québécois a beaucoup perdu de sa superbe, et qu’on lui reproche souvent une absence de prise de risque, des jeux expédiés et des mondes ouverts vides et répétitifs. Ubisoft nous avait habitué à mieux niveau graphismes… Mais c’est un jeu en multijoueur. Aussi peut-on comprendre le désir d’Ubisoft de renouer avec ses anciens succès. Si ça a plutôt été une réussite avec Assassin’s Creed Mirage, qui était un clin d’œil assumé au tout premier opus de la franchise, un autre jeu devait quant à lui renouer avec le succès de Black Flag. Véritable arlésienne des studios, Skull and Bones était un projet épique. Imaginez plutôt : parcourir tout l’océan Indien au dix-huitième siècle dans un véritable MMORPG des mers façon Sea of Thieves, saborder les bateaux d’autres joueurs dans des combats dignes de Black Flag en multijoueur, et devenir la terreur des Sept Mers ! Le jeu a pourtant eu bien du mal à sortir, étant repoussé et repartant complètement de zéro à plusieurs reprises pendant pas moins de six ans après son annonce, rarissime pour Ubisoft à qui on reproche souvent l’inverse : bâcler ses jeux pour les sortir au plus vite. Le problème avec tout projet longuement anticipé (film, jeu, voire livre), c’est qu’il amasse beaucoup de hype de la part des fans. Et quand l’œuvre sort finalement, sa qualité est comparée à des attentes particulièrement fortes. C’est pourquoi ce genre d’œuvre tend généralement à décevoir plus que de raison. Dans la réalité, les requins ne vous ferons rien si vous les laissez tranquille. Mais dans Skull and Bones… Alors quand on a entendu les premiers retours sur Skull and Bones, la déception a été palpable. Et maintenant que nous avons pu mettre les mains sur le produit fini, il faut reconnaître qu’effectivement, même en faisant abstraction de toutes les attentes, le jeu peine à convaincre. Ce qui n’est pas aidé par les déclarations grandiloquentes d’Yves Guillemot qui en parle carrément comme d’un jeu AAAA. Vous avez bien lu, pas AAA, mais bien AAAA ! Non content d’inventer une toute nouvelle catégorie du jeu vidéo pour Skull and Bones, le studio décidé également de le vendre au prix fort : 80 euros, le justifiant par la masse de contenu. On comprend que ça ait de quoi faire grincer les dents… Mais concrètement, ça donne quoi, Skull and Bones ? Après une cinématique pour vous plonger dans l’ambiance, vous êtes directement placés au cœur d’une bataille navale épique contre toute la marine anglaise. (TOUTE, le jeu ne fait pas dans la dentelle). Après une défaite inévitable, vous êtes invités à créer votre personnage, et c’est là que vous prenez le défaut en pleine figure : les graphismes. Explorer une épave : un rare moment d’intérêt Skull and Bones est graphiquement… bizarre. Pas vraiment laid, mais étrange. Tout semble huileux, dégoulinant, moite. On est loin du réalisme des derniers Assassin’s Creed qui étaient, il faut le reconnaître, visuellement impeccables. On est à mi-chemin entre le réalisme et le cartoonesque sans vraiment sembler vouloir se décider, et ça crée un style entre-deux et dérangeant. Vous êtes ensuite recueilli par deux pirates qui semblent tellement apprécier votre présence qu’ils font de vous immédiatement leur capitaine, et ce sans trop de raison. Les personnages ne sont pas non plus très crédibles dans Skull and Bones… Les combats sont assez fluides, mais pas vraiment représentatifs de ceux de Black Flag, ou de la série Assassin’s Creed en général. C’est une version simplifiée à mi-chemin entre ceux-ci et un shooter, mais qui n’est en réalité pas désagréable. Pour tous les reproches que l’on peut faire au jeu, ce ne sont pas ses combats qui posent problèmes. Manier le navire est en revanche une autre paire de manche. Mais c’est souvent le cas dans les jeux vidéo dès qu’il y a un bateau, donc est-ce qu’on peut vraiment le reprocher à Skull and Bones ? Non. Le vrai problème de Skull and Bones, c’est qu’on a vite fait le tour : couler des navires, piller des navires, récolter des ressources, ne pas se faire attaquer par des requins… On se demande bien où se trouve la « masse de contenu » promise par Ubisoft. La preuve : certains joueurs ont déjà atteint la « fin » du jeu, et le jeu n’est même pas encore sorti ! Ce qui, quand on parle d’un jeu de type MMO, laisse un peu à désirer… Ce qui manque à Skull and Bones, c’est une histoire. Skull and Bones n’a pas vraiment de scénario, si ce n’est : je veux devenir le plus grand capitaine de l’Océan Indien, et c’est bien malheureux… Ce monde est tellement vide… Certains ont aussi noté un gros déséquilibre entre terre et mer, où les passages à terre semblent presque totalement inutiles. Peut-être… Ce qui est sûr, c’est qu’il est impossible de quitter le navire, ni même de nager. Pas d’homme à la mer dans Skull and Bones. La bande-son, en revanche, est plutôt sympathique, du moins pour ceux qui apprécient le style « synthétiseur intimidant » typique des derniers Assassin’s Creed. Un peu moins pertinent ici, étant donné qu’il n’y a pas le côté science-fictionnel de l’Animus et (Spoiler pour Assassin’s Creed Odyssey, et pour la série en général) qu’on ne découvre pas les secrets d’une ancienne civilisation quasi-extraterrestre comme dans les jeux Assassin’s Creed, mais cela n’est pas désagréable pour autant… Gros défaut en revanche : les bugs. Vous êtes condamné à mort au hasard, et vous cessez d’être condamné à mort presque instantanément. Et surtout : votre peine est annulée plus souvent que vous n’êtes condamné. À chaque fois que cela arrive, une petite notification se manifeste sur l’écran et un son insupportable se fait entendre, et cela peut arriver pendant trente secondes d’affilées non-stop, sans aucune raison apparente. Autre gros problème (ou peut-être est-ce volontaire ?) : ce qui est sur la carte ne correspond pas à la réalité du jeu. Vous voulez couper du bois d’acacia ? Eh bien l’endroit où la carte vous indique qu’il y a de l’acacia est le SEUL où vous n’en trouverez pas, c’est systématique… Et pourtant, ce n’est pas si horrible que ça non plus, Skull and Bones. Si le jeu était vendu à un prix (beaucoup plus) raisonnable, pourquoi pas. Il faut se rappeler qu’au lancement de Sea of Thieves, le jeu avait été fort critiqué, mais qu’après un certain temps, il a finalement atteint le statut de quasi-incontournable. Est-ce que Skull and Bones connaîtra lui aussi sa rédemption ? Seul l’avenir nous le dira. Sea Of Thieves avait toutefois l’avantage d’être intégré au Gamepass et d’être vendu à moitié prix… Skull & Bones aura beaucoup à prouver avant de vraiment marquer les esprits… Conclusion Il serait faux de dire que Skull and Bones n’a pas de potentiel, mais c’est un potentiel pour le moment malheureusement gâché. Si on peut s’habituer à ses graphismes étranges et à son jeu d’acteur qui laisse à désirer, le jeu est extrêmement limité et criblé de bugs. Le système de combat n’est pourtant pas désagréable… Peu intéressant en solitaire, criblé de bugs, léger en contenus et pas forcément très réussi techniquement, Skull & Bones peine pour l’instant à convaincre par manque de conviction. D’autant plus que Skull & Bones à tour du jeu free to play.