Descendu par la critique, Suicide Squad Kill the Justice League n’est pourtant pas la purge annoncée. Certes, l’orientation “Game as a service” lui porte préjudice, mais le nouveau jeu de Rocksteady Studios reste très agréable à parcourir, seul ou à plusieurs. Explications. Après le semi-fiasco de Gotham Knights, beaucoup s’inquiétaient de voir Suicide Squad Kill the Justice League suivre la même voie… Les deux jeux ont pourtant été développés par des studios différents. L’ennui, c’est que selon les bruits de couloir, les développeurs de RockSteady auraient été poussés par Warner Bros à livrer un jeu “service” en lieu et place d’un jeu solo comme ils avaient produit précédemment… L’exercice était de facto délicat pour le studio britannique, qui n’avait à ce jour jamais livré de jeu axé sur le multijoueur. Et très clairement, c’est la partie serviciel qui pose ici problème avec des costumes / skins vendus plusieurs euros in-game, et un très gros accent placé sur le endgame. On le ressent d’entrée de jeu par une aventure qui nous parait artificiellement prolongée par de multiples missions secondaires relativement peu intéressantes et surtout très répétitives. La mise en scène du jeu est très travaillée. En réalité, on a même clairement l’impression qui Suicide Squad: Kill the Justice League avait été pensé à la base comme un jeu solo et narratif. Et c’est plutôt une qualité car le scénario du jeu est vraiment plaisant à suivre à travers les nombreuses cinématiques extrêmement travaillées du jeu et les dialogues très bien écrits. Nos quatre personnages principaux sont très bien écrits et ont tous une personnalité très développée. A vrai dire, le casting est même plus alléchant que celui des films… C’est dire. Si le scénario du jeu reste assez basique (le Suicide Squad est envoyé à la rescousse pour éliminer la Justice League, qui est contrôlée par un super-vilain), un énorme travail a été réalisé sur la narration. A un tel point qu’on se demande parfois si le jeu ne compte pas plus de cinématiques que de séquences de jeu à proprement parler. La ville de Metropolis est plutôt réussie, mais également de taille assez modeste. On retrouve donc bien l’esprit Suicide Squad et tout comme la récente adaptation des Gardiens de la Galaxie en jeu, la narration est un véritable argument pour cette production qui n’a rien à envier à un film du DCU. Autre plus très appréciable : visuellement, le jeu est très joli. La modélisation des personnages frôle le photoréalisme, au point qu’on finit presque par se demander si l’avenir du DCU et du MCU ne serait tout simplement pas dans le jeu vidéo, après tout. Ingame, le titre se montre également assez joli, même s’il n’exploite pas à leur plein potentiel les capacités des consoles new-gen. C’est beau, mais pas au point de nous mettre à terre. Logique puisque le titre était développé à la base sur l’ancienne génération de machines. Chaque personnage se déplace de sa propre façon. Autre gros atout du titre : son excellente bande son et ses excellents doublages, aussi bien en français qu’en anglais. C’est assez rare pour être souligné. Là aussi, on sent le jeu triple A. Côté gameplay en revanche, c’est un peu plus mitigé. On est ici face à un jeu bac à sable. L’ennui, par rapport aux jeux Batman qui exploitaient parfaitement cette formule, c’est que la ville de Metropolis est beaucoup moins vivante que Gotham (et pour cause tous les humains ont été éliminés par l’envahisseur !), plus petite aussi et surtout nettement moins bien exploitée… Les missions principales ne vous feront explorer qu’une petite partie de la carte mais sont globalement plutôt réussies. Les missions secondaires à l’inverse, qui permettent principalement de récupérer des crédits et d’améliorer son matos, sont excessivement répétitives et peu inspirées. La plupart du temps, il faudra éliminer des ennemis en utilisant une méthode bien précise (uniquement avec des grenades, des combos ou en tirant dans les jambes par exemple…) Paradoxalement, elles sont également relativement peu nombreuses. Le jeu se boucle intégralement en 15h environ. 10 si vous vous concentrez sur la trame principale. Pour un jeu service, c’est extrêmement léger. Pour autant, la promenade reste très plaisante grâce à la narration soignée et les combats de boss, moments forts du jeu. Kill the Justice League est en soi un très bon shooter. On incarne au choix l’un des quatre personnages, qui disposent de leurs propres stats et capacités et qui se jouent tous différemment… Et il y a à vrai dire une vraie rejouabilité grâce à cela. Les sensations de tir sont bonnes, les ennemis manquent certes un peu de variété mais ils ont le mérite d’être retords, le système d’XP et d’évolution des personnages et de leurs équipements est bien pensé… Mais tout cela s’imbrique maladroitement dans l’open world du jeu. Comme on l’a dit plus haut, celui-ci manque cruellement de vie. De surcroit, nos personnages se déplacent assez librement dedans mais ont forcément moins de capacités de déplacement qu’un Batman ou qu’un Superman. Pas de véhicule à l’horizon sauf pour de courtes séquences de shoot, et des enchainements certes très propres, mais également très lents… Harley Quinn et King Shark sont certes très funs à jouer mais ils ne sont malheureusement pas capables de planer et c’est ce qui manque le plus au jeu… Vous ne contrôlerez des véhicules que pour de courtes séquences. La structure du jeu pose donc question, d’autant plus que les affrontements ont tendance à nous pousser à jouer de façon plus statique encore. Comme si l’on était dans une “bulle” ou une arène de combat… Très vite, les combats deviennent fort répétitifs. Les développeurs sont parvenus à amener un peu de diversité avec l’escorte de véhicules, quelques défis délirants et surtout les combats de boss, mais ça ne sauve pas tout. On le sent, Suicide Squad n’était pas encore tout à fait prêt à voir le jour. Comme on l’a dit plus haut, les combats de boss font partie des moments forts du jeu. Vous affronterez à tour de rôle Flash, Green Lantern, Batman et surtout Superman. Et chaque affrontement est un véritable spectacle qui demandera de réels efforts du joueur. La difficulté est bien présente et le défi vraiment plaisant, sauf pour l’affrontement contre Batman, l’un des plus mauvais combats de boss de l’Histoire sans doute… On est donc loin du fiasco annoncé par tout un pan de la presse. Suicide Squad est un shooter coopératif vraiment plaisant, qui peut se jouer aussi bien seul que jusqu’à quatre en simultané (en ligne). Mieux : les développeurs ont déjà dévoilé l’arrivée de nombreux contenus additionnels qui devraient permettre de prolonger l’expérience. De nouveaux environnements, de nouveaux chapitres et même de nouveaux personnages jouables, dont le Joker. La durée de vie finale du titre s’annonce donc colossale. En revanche, l’histoire risque d’être à rallonge… S’il n’est donc pas sans défauts, Suicide Squad: Kill the Justice League est donc loin d’être un jeu médiocre ou dispensable. A vrai dire, on l’a même trouvé beaucoup plus réussi que Gotham Knights et comparable aux Gardiens de la Galaxie, un titre avec lequel il partage finalement pas mal de choses… Conclusion On s’attendait à la catastrophe et en définitive, Suicide Squad: Kill the Justice League est plutôt une bonne surprise. Certes, le volet “jeu service” est complètement raté, l’open world manque cruellement de vie et les combats ont tendance à être assez répétitifs, mais il faut bien l’avouer le jeu est très plaisant à parcourir avec son scénario accrocheur, sa narration soignée, ses jolis visuels et ses affrontements nerveux. Les combats de boss contre les membres de la Justice League représentent les moments forts du jeu. La partie open world est un peu plus en retrait. Il y a donc à boire et à manger. L’expérience est en soi assez comparable à celle des Gardiens de la Galaxie, la coopération en plus. Notons néanmoins que Suicide Squad a encore plus d’un atout à faire valoir avec l’arrivée imminente de nouvelles missions, de nouveaux environnements et de nouveaux personnages à incarner…