Dans la petite commune de Seine-Port en Seine-et-Marne, les habitants ont voté pour l’interdiction totale des smartphones en rue pour lutter contre les “smombies”. En quelques années, les smartphones sont devenus une extension de notre bras complétement normale. Dans les transports, dans la rue, dans la salle d’attente du médecin, dans la file au supermarché : le téléphone est devenu omniprésent dans notre quotidien. Tellement présent, qu’un nouveau mot a été créé pour désigner ceux qui marchent le nez collés sur leur téléphone : les “smombies”. Ce mot-valise de “zombie” et “smartphone” a été popularisé par un groupe de jeune linguistes allemands en 2015, mais il est toujours bien d’actualité. C’est donc contre ce fléau moderne que la commune de Seine-Port souhaite se battre. Le week-end dernier, ses habitants étaient invités à voter lors d’une référendum municipal pour l’interdiction totale des smartphones dans l’espace public. La mesure plutôt radicale est passée de justesse, le “oui” l’emportant avec 54% des voix. Sur les 2.000 habitants de Seine-Port, 300 sont venus voter. Le maire Vincent Paul-Petit (LR) est agréablement surpris des résultats. “Je m’attendais à un écart plus grand. C’est tellement intrusif. Les gens ont l’impression qu’on se mêle de leur vie. Je ne veux pas ça ! Mais il y a un problème de santé publique. Il faut les aider“, a-t-il déclaré à nos confrères du Parisien. Cette mesure a pour but de lutter contre les smombies, mais également de protéger les plus jeunes d’une surexposition prématurée aux écrans. La commune prévoit de créer une charte des écrans, afin de pousser les utilisateurs à lâcher leur smartphones. Un arrêt municipal va également voir le jour. Il sera maintenant interdit d’utiliser son smartphone devant les écoles, dans les commerces, et même dans les espaces publics ouverts. Pour faire passer la pilule, la ville a promis la création d’un nouvel espace sportif et d’un ciné-club. L’initiative est marquante, d’autant plus que l’addiction aux écrans est un réel problème de société. Une étude coréenne de 2017 à 2020 sur l’utilisation des smartphones et son impact sur la santé des adolescents montre une association potentielle entre certains problèmes de santé mentale et nos téléphones. Les jeunes qui passaient plus de 4 heures par jour sur leurs téléphones avaient plus de stress, de pensées suicidaires, de troubles du sommeil, et consommaient plus de tabac et d’alcool. Comme toujours, c’est la dose qui est importante. Le problème n’est pas le smartphone en lui même, mais son omniprésence dans notre quotidien. Pour nombreux d’entre nous, c’est même une forme d’addiction. Une autre étude de Sapien Labs, publiée en 2023, montre qu’il existe une forte corrélation entre l’âge d’obtention du premier smartphone et l’état de santé mentale à l’âge adulte : plus les participants avaient reçu un smartphone jeune, plus leur santé mentale était dégradée une fois adulte. Pour revenir à l’interdiction votée à Seine-Port, elle ne se veut pas punitive, mais plutôt symbolique. La ville compte sur la bonne volonté de ses habitants, car aucune sanction n’est prévue pour les smombies récalcitrants. L’objectif principal est surtout une prise de conscience collective de l’utilisation excessive des smartphones dans notre quotidien.