Pourquoi Donkey Kong a bien failli disparaître

Le premier jeu Donkey Kong a failli coûter très cher à Nintendo à cause de ses ressemblances avec la franchise King Kong. Voici comment ce qui était à l’époque une entreprise japonaise modeste a réussi à battre le géant Universal au tribunal.

Si Nintendo et Universal collaborent aujourd’hui sur de nombreux projets (films, parcs d’attractions…), leurs relations n’ont pas toujours été très amicales, en particulier durant les années 80. En 1982, Universal City Studios et Nintendo se livrent une bataille juridique qui va marquer l’histoire du jeu vidéo. Le problème ? Le dernier gros succès de l’entreprise japonaise utilise un antagoniste qui ressemble trop, d’après le géant américain, au roi des gorilles.

Nous avons pu détailler la création tumultueuse du jeu vidéo Donkey Kong et de ses personnages dans un article précédent. Ce titre sorti sur les bornes d’arcade en juillet 1981 marque la toute première apparition de Mario, de Pauline et de Donkey Kong, des personnages qui, encore aujourd’hui, sont récurrents dans les univers de Nintendo. Dans cette toute première aventure, Mario (à l’époque nommé Jumpman) doit escalader plusieurs niveaux afin de sauver Pauline des mains du gorille Donkey Kong. Le jeu devient très vite un grand succès et se voit décliné sur plusieurs consoles de l’époque, mais aussi sous forme de nombreux produits dérivés.

Ce succès attire l’attention de Sidney Sheinberg, alors président d’Universal, qui a pour projet d’entrer sur le marché des jeux vidéo. Il accuse alors Nintendo de ne pas respecter la propriété intellectuelle en s’étant trop inspiré de King Kong. L’entreprise américaine demande alors aux papas de Mario de cesser toute promotion du jeu Donkey Kong et de leur reverser l’argent gagné s’ils veulent éviter des représailles judiciaires, ce que Nintendo refuse malgré les très gros risques financiers que représente un procès contre Universal. En cas de défaite, l’entreprise kyotoïte risque bien de ne pas pouvoir se relever. C’est en 1982, à New York, qu’un procès de sept jours entre les deux entreprises démarre. Nintendo est représentée par un avocat expérimenté nommé John Kirby.

Devant la cour, Universal affirme à nouveau que Nintendo a plagié King Kong et que Donkey Kong, en plus d’avoir un nom très similaire, est calqué sur l’intrigue du film. Des arguments qui seront finalement contrés par l’avocat de la défense, en soulignant que Universal avait, lors d’un procès antérieur, soutenu que le scénario de King Kong était désormais dans le domaine public, et donc que son usage n’est plus restreint par la loi. En effet, la firme avait elle-même voulu utiliser King Kong pour la production d’un film sur le gorille : The Legend of King Kong. Durant cet autre procès, ces derniers ont utilisé ce même argument pour assurer la bonne production de leur long-métrage, qui ne verra finalement jamais le jour.

Nintendo gagne alors ce procès, même si Universal fait très vite appel. Ces derniers vont tenter de prouver que Donkey Kong et sa proximité avec King Kong provoque de la confusion chez les consommateurs. Le verdict original a pourtant bel et bien été conservé, ce qui amena Nintendo à poursuivre Universal en retour pour demander des dommages et intérêts.

Cette affaire a permis de montrer à Nintendo qu’ils peuvent tenir tête à des entreprises aussi importantes que Universal. En guise de remerciement, John Kirby a reçu un voilier d’une valeur de 30 000 dollars de la part de Nintendo. Il est également très probable que son nom ait été choisi pour nommer Kirby, la petite boule rose de Masahiro Sakurai.

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