Le CES reste l’occasion pour toutes les entreprises du secteur des hautes technologies de présenter leurs dernières trouvailles et inventions. Parmi celles-ci, on trouve Hyundai qui ressuscite un vieux rêve. Pendant des décennies, le symbole du futur est resté le même : la voiture volante. Et puis le futur est arrivé (ou du moins, ce qu’on imaginait comme le futur à l’époque où on rêvait de ces moyens de transport aériens), et aucun de ces véhicules n’est à l’horizon. De nos jours, l’idée apparaît surtout comme dangereuse et peu pratique, et en totale contradiction avec les idéaux de développement durable. Pourtant, depuis quelques années, le principe de « voiture volante » réapparaît sous une forme un peu différente : celle d’un véhicule monoplace à hélice, presque toujours électrique, plus proche en réalité de l’hélicoptère ou du drone que de la voiture à proprement parler, mais pouvant circuler sur une route. Parmi ceux qui rêvent de voitures volantes, on trouve la compagnie coréenne Hyundai via une de ses filiales. Celle-ci avait déjà présenté l’idée en 2020 lors du CES Las Vegas avec un prototype, et une idée : lier celui-ci au système de transport d’Uber. C’est donc assez logiquement lors du même salon, mais quatre ans plus tard, en 2024, que la firme présente à nouveau son projet avec une date butoir qui est, elle aussi, basée sur un intervalle de quatre ans, puisqu’elle sera atteinte en 2028. Le modèle se présente comme un véhicule à huit rotors inclinés, pouvant rouler sur la route et décoller à la verticale, pouvant embarquer jusqu’à quatre passagers en plus du pilote. Et comme signe de son temps et de la disparition inévitable des véhicules thermique, elle est électrique, comme la plupart des projets du genre de nos jours. Elle pourrait ainsi effectuer des vols sur une soixantaine de kilomètres à une vitesse d’environ 190 kilomètres par heure. Qui plus est, le concept de Supernal (la filiale de Hyundai en charge du projet), simplement nommé le S-A2, serait très silencieux. Du moins pour ce genre d’appareil, puisqu’il ne devrait pas être plus bruyant qu’une voiture durant son vol (environ 65 décibels), ce qui est exceptionnel pour un véhicule volant, quand on pense aux avions, par exemple, qui atteignent les 120 décibels, ou au bruit incessant des rotors des hélicoptères. L’idée serait donc surtout de fournir des sortes de taxis volants (ce qui justifie le partenariat avec Uber) qui permettrait d’offrir des trajets courts à une vitesse record et sans subir les aléas du trafic routier pour des clients pressés. Comme tous les projets du genre, que l’on surnomme des eVTOL (electric vertical takeoff and landing, soit décollage et atterrissage vertical électrique), les voitures volantes de Hyundai vont probablement rencontrer un problème de taille, surtout en Europe : les réglementations et autorisations de vol. Celles-ci sont assez difficiles à obtenir, d’autant plus qu’il s’agit d’un type de véhicule encore très nouveau et pour ainsi dire jamais vu. C’est pourquoi la plupart des projets de ce type n’ont pas pour ambition d’être immédiatement disponibles en Europe, mais s’axe plutôt sur d’autres zones plus permissives dans leurs législations, comme les États-Unis. Qui plus est, comme le rappelle le magazine américain en ligne The Verge, l’industrie des eVTOL est un business assez chaotique qui a pu mettre sur le tapis bien des entreprises, parmi lesquelles Kitty Hawk, du fondateur de Google Larry Page. De nombreux problèmes administratifs, mais aussi techniques (avec plusieurs accidents dont au moins un crash aérien) ont contribué à cette réalité. Supernal, en tant que filiale de Hyundai, est probablement relativement protégée par son lien avec un constructeur automobile bien connu, mais cela ne veut pas non plus dire que la commercialisation d’un potentiel véhicule volant basé sur le S-A2 sera une partie de plaisir. Il y a donc peu de chances de voir le S-A2 s’envoler dans notre ciel de sitôt. Si la compagnie veut commencer à produire les premiers modèles dès 2028, il faudra probablement attendre encore plusieurs années supplémentaires avant de, potentiellement, pouvoir monter dans un de ces taxis volant signés Hyundai.