ReelShort s’inspire directement de TikTok. De ce fait, cette application propose de regarder des séries télévisées composées d’épisodes de… 1 minute. Par ailleurs, cette plateforme de streaming mobilise des pratiques commerciales particulièrement agressives. De prime abord, l’application chinoise ReelShort ressemble à une plateforme de streaming traditionnelle. En téléchargeant cette application, il est ainsi possible de visionner une multitude de séries. Rien de révolutionnaire donc, mais en y regardant de plus près, les caractéristiques de cette application sont pour le moins particulières. En effet, ReelShort propose des séries comportant des épisodes de… 1 à 2 minutes maximum. La grande majorité de ces (très courts) épisodes se termine sur un retournement de situation qui incite l’utilisateur à regarder l’épisode suivant. En réalité, ReelShort reprend les mécanismes d’une autre plateforme chinoise à succès : TikTok. L’utilisateur de ReelShort se retrouve ainsi face à une multitude de vidéos très courtes et est incité à « swiper » dès lors qu’un épisode prend fin. Par ailleurs, il est possible de « liker » et de partager un épisode d’une série. En ce qui concerne les contenus présents sur ReelShort, n’espérez pas y découvrir des chefs d’œuvres. Les différentes séries traitent d’amours impossibles et d’adultères. Nous retrouvons également des séries mettant en scène des loups-garous et des vampires. Comme le souligne The Wall Street Journal, ReelShort cible : « les femmes, en particulier les femmes au foyer de 18 à 45 ans ». Les noms de ces séries ? La double vie de mon mari milliardaire (49 épisodes), Ne divorcez jamais d’une héritière milliardaire secrète (55 épisodes), Je me suis marié sans toi (66 épisodes) ou encore Destiné à mon alpha interdit (60 épisodes). Quant aux acteurs et aux actrices, il s’agit d’étudiants en école de théâtre ou de débutants. Un modèle économique agressif Proposer des séries à l’eau de rose ne représente nullement un problème. Cependant, le modèle économique de ReelShort pose de réelles questions. En effet, dans un premier temps, l’utilisateur de cette application peut regarder gratuitement les premiers épisodes d’une série. Dans un second temps, l’utilisateur se retrouve face à des épisodes « bloqués ». Deux options s’offrent alors à lui : payer ou regarder une page publicitaire pour débloquer l’épisode en question. Les pages publicitaires durent en moyenne 30 secondes. Il faut donc visionner 30 secondes de publicités pour pouvoir regarder un épisode d’une durée d’environ 1 minute. Vous l’aurez compris, il n’existe pas d’équilibre entre le temps de visionnage d’une page publicitaire et le temps de visionnage d’un épisode. Par ailleurs, l’utilisateur peut regarder un maximum de 5 à 7 pages publicitaires par jour. Une fois ces pages publicitaires visionnées, l’application indique à l’utilisateur « reviens demain » tout en proposant un lien pour payer et ainsi débloquer les épisodes. En parallèle, nous retrouvons certaines pratiques commerciales agressives similaires à celles pratiquées par l’entreprise de e-commerce Temu. ReelShort met ainsi en avant des « récompenses », propose de gagner des « cadeaux exclusifs » et des « bonus » et incite à l’achat au travers de prétendus bénéfices (+100%, 120%). Les achats des épisodes et des séries se font au travers d’une monnaie virtuelle prenant la forme de pièces d’or. Les différents packs vont de 11,99€ à…94,99€. À ce jour, ReelShort cumule 16 millions de téléchargements dans le monde. De façon plus générale, regarder des séries ou des films fragmentés en une multitude de vidéos représente une pratique de plus en plus courante. Reste maintenant à voir si cette pratique s’inscrira davantage dans les mœurs à l’avenir.