La lutte contre l’IPTV est certes surtout le fait de pays comme l’Italie ou le Royaume-Uni, mais la Belgique n’est pas en reste… Interrogé par l’Avenir, Guillaume Boutin, patron de Proximus, s’exprime sur l’IPTV et sur la question de la lutte. Pour lui, tout ce qu’il faut attendre, c’est l’autorisation légale de couper les flux de manière autonome. Il affirme qu’une fois ce cadre légal atteint, la société aura la capacité de lutter contre le fléau. Car si la Belgique dispose de plusieurs moyens afin de lutter contre le fléau, du côté de Proximus, c’est surtout la coupure des flux qui est une possibilité. Une fois ceux-ci repérés, la société a la capacité technique de mettre fin à la diffusion d’IPTV. Il s’agit d’une méthode réactive, qui s’attaque au problème en aval, mais qui pourrait se coupler avec des méthodes un peu plus en amont, telles que de s’en prendre directement aux fournisseurs, ce qui serait plus du ressort de l’état. La procédure actuelle utilisée par Proximus est jugée trop longue par Guillaume Boutin. La compagnie doit en effet demander une autorisation avant de procéder. Opération qui prend du temps, et fait perdre des sommes considérables aux ayants droits. Proximus réclame donc le droit de pouvoir prendre la décision de manière immédiate, et sans avoir besoin d’une autorisation pour chaque flux repéré. Un signal qui ne peut venir que du SPF économie, chargé de la question. C’est surtout le milieu du sport qui est touché par l’IPTV, et ce sont donc naturellement les diffuseurs de ce type de contenu qui essaient le plus de lutter contre le phénomène. De nombreux pays européens redoublent d’ingéniosité pour lutter contre la diffusion de l’IPTV. L’Italie est par exemple sur le point de lancer un « bouclier » qui est censé lutter contre le fléau. Du côté du Royaume-Uni, un des diffuseurs a récemment décidé de mettre en place un « filigrane » qui permettrait d’identifier son contenu. Mais toutes ces pratiques restent souvent limitées dans leurs effets. La faute, sans doute, à un milieu illégal très malléable et résilient. Les flux supprimés réapparaissent souvent ailleurs, car le milieu a horreur du vide. Il s’agit donc d’une lutte dans laquelle le revendeur et le fournisseur ont toujours une longueur d’avance sur les autorités. Une autre piste qui est souvent évoquée, mais quasiment jamais mise en place, est de s’en prendre au consommateur. Dans les faits, celui-ci ne risque presque rien. Une relative impunité qui n’aide évidemment pas à lutter contre l’IPTV. Si certains pays, comme l’Italie, ont effectivement essayé de mettre en place de telles mesures, le nombre de contrevenants, s’élevant à 17 millions en Europe en 2023, rend toute mesure de ce type extrêmement difficile à mettre en place. Même si elle semble une bataille perdue d’avance, la coupure des flux IPTV est probablement à ce stade la seule mesure véritablement efficace, et on peut donc aisément comprendre pourquoi Proximus désire une accélération du processus en ce sens, d’autant plus que la compagnie elle-même, qui fournit des services tels que Pickx, en souffre également.