Entre des licenciements, restructurations et flops en série, l’année 2023 aura été particulièrement compliquée pour Ubisoft. C’est un fait, le géant français du jeu vidéo Ubisoft ne se porte pas bien. L’entreprise a connu une année 2023 particulièrement compliquée entre les licenciements et annulations de projets. Malgré une année difficile, l’entreprise est parvenue à sortir quelques nouveautés. Son titre le plus attendu était sans nul doute la nouvelle production de Massive Entertainment (The Division) – Avatar: Frontiers of Pandora. Visuellement, Les Frontières de Pandora est plutôt réussi. Vous vous souviendrez sans doute qu’Ubisoft s’était déjà risqué à l’exercice d’adapter Avatar en jeu vidéo, à la sortie du tout premier Avatar. Le jeu sorti à l’époque n’était toutefois pas franchement parvenu à laisser une emprunte derrière lui, se classant parmi les adaptations de films en jeux sans grande prétention. Frontiers of Pandora s’en démarque par son ambition démesurée. Tout d’abord, parce qu’il s’agit d’un jeu triple-A au budget démesuré. Ensuite, parce que les développeurs ne se sont pas contentés ici d’adapter l’intrigue des deux premiers films mais nous proposent une intrigue inédite qui nous fait davantage explorer l’univers d’Avatar. Enfin, parce qu’en terme de construction, Frontiers of Pandora est un jeu beaucoup plus ambitieux puisqu’il s’agit d’un FPS en open world, de surcroit un titre qui exploite pleinement le potentiel des consoles new-gen puisqu’il ne tourne que sur Xbox Series et PS5. Le jeu se joue entièrement à la première personne. Sur le papier, Frontiers of Pandora avait tout pour séduire. Un monde gigantesque à explorer selon ses envies, un système de craft évolué, un scénario ambitieux dans l’univers d’Avatar, et surtout un paquet de nouveaux éléments à découvrir par rapport aux films. Et de facto, il faudra bien lui reconnaitre une qualité indéniable : son immense fidélité au matériau d’origine. Car Frontiers of Pandora n’est non seulement un jeu qui nous permet d’explorer tout l’univers de Pandora, mais aussi un titre canon avec l’univers des films. Dans la peau d’un jeune Na’vi recueilli par la RDA, puis libéré par la Résistance, le joueur explorera librement le monde de Pandora en partant à la recherche des différentes tribus qui le peuplent dans le but de les fédérer à votre cause et de repousser au-delà des frontières de Pandora les envahisseurs. Vous pourrez aussi utiliser des armes humaines. Il faut toutefois bien l’avouer : si le monde d’Avatar est fascinant et admirablement construit, et si la présentation du jeu est soignée avec de nombreux dialogues et cinématiques, le récit n’est guère vraiment passionnant. Et pour une bonne raison. Frontiers of Pandora est comme la plupart des autres productions Ubisoft un jeu trop ambitieux, qui part dans toutes les directions et oublie de se concentrer sur une aventure captivante. Vous aurez ainsi tôt fait de remarquer l’abondance des quêtes qui vous sont proposées aux quatre coins de Pandora. Tantôt, c’est un Na’vi qui a disparu, qu’il faudra tenter de retrouver en partant à sa poursuite. Tantôt, une quête pour rechercher des matériaux en vue de construire une nouvelle sacoche… Les quêtes sont nombreuses, longues, et ont tendance à vous faire parcourir des distances excessivement longues pour rallonger artificiellement la durée de vie du jeu. Le syndrome Fedex est bien là, plus encore que dans les autres jeux open world d’Ubisoft. Et c’est bien dommage car le rythme de l’aventure est complètement morcelé. Ajoutez à cela le fait qu’on a l’impression de devoir sans cesse reparcourir les mêmes quêtes et que le loot et le craft sont fortement mis en avant dans le jeu et vous comprendrez vite que Frontiers of Pandora n’est pas un FPS comme les autres. Avant d’être un FPS, Avatar est un jeu de craft en open world, dans lequel les interactions avec les Na’vi prennent beaucoup plus de place que les combats ou l’exploration. Et il faut bien l’avouer, on s’ennuie souvent ferme dans cette aventure qui tire atrocement en longueur et manque cruellement d’inspiration. On notera d’ailleurs que même au niveau du bestiaire, on a l’impression d’affronter tout le temps les mêmes ennemis : quelques méchas et hélicoptères, ainsi que quelques créatures sauvages… Et c’est à peu près tout. N’espérez pas être surpris dans cette aventure, cela ne sera jamais le cas. Ubisoft a pourtant redoublé ses efforts pour proposer de la diversité dans son gameplay entre les phases d’enquête qui vous demanderont d’associer divers éléments pour découvrir de nouveaux indices, les mini-puzzles à résoudre ou encore les nombreuses quêtes de crafting qui vous obligeront à partir à la chasse ou à la cueillette dans le monde de Pandora pour trouver les éléments qui vous permettront de fabriquer les bons outils, armes et équipements… Dompter sa monture, un grand moment. Clairement, Ubisoft est parti dans toutes les directions et nous livre un jeu open world très vaste. Les différentes contrées de Pandora sont un régal à explorer. L’ennui, c’est que l’intrigue principale et les quêtes annexes ne sont pas franchement captivantes et qu’on finit vite par se perdre dans nos quêtes… Des quêtes qui tournent en rond, se répètent inlassablement et ne font jamais que montrer une toute petite partie du potentiel du jeu. Si le jeu part de très bonnes intentions, il faut bien admettre que le concept a beaucoup de mal à séduire, la faute à des choix parfois douteux. On pense par exemple au système de progression, qui ne repose pas sur de l’expérience mais un système de niveaux basé sur le nombre de compétences débloquées et l’équipement. Avatar laisse donc de côté son aspect RPG pour adopter un style de levelling de difficulté basé sur l’équipé. Autrement dit, plus vous serez fort, plus vos ennemis le seront aussi. Et ça, ce n’est pas forcément une excellente idée pour un FPS. Pad en main, les sensations sont là. On se prend réellement pour un Na’vi en explorant les plaines de Pandora. Si la partie exploration fonctionne plutôt bien, il faut bien admettre que la carte manque de verticalité – celle-ci n’étant réellement exploitable qu’à dos de monture. Et si l’on croise de nombreuses créatures et ennemis sur la carte, un certain côté artificiel ressort. Les combats laissent une sensation de trop peu, eux aussi, la faute à des ennemis aussi bêtes que vilains. L’IA est un véritable problème dans Avatar. Les ennemis ont tendance à suivre des tracés bien définis et il n’est pas bien difficile de “tricher” avec le système pour enchainer les frags. Très vite, on se rend également compte que certaines idées, très séduisantes sur le papier, ne fonctionnent pas forcément pad en main. Vous tomberez ainsi régulièrement à court de flèches en plein combat, et devrez alors explorer les environs pour récupérer quelques branches et crafter des flèches… Les limites de stockage sont très frustrantes et on se surprend vite à pester continuellement contre ce système de crafting excessivement répétitif et ennuyeux. Même sentiment de frustration en ce qui concerne la recherche permanente (et ultra-assistée) de denrées : il faudra suivre une direction bien précisE pour localiser les ressources à récolter. Puis, utiliser son sens de Na’vi pour les voir ressortir des décors, et participer à une sorte de mini jeu qui consistera à appuyer avec la bonne pression pour arracher un fruit d’un arbre par exemple, dans le but de montrer un respect de la nature. Tout cela est très fidèle à l’oeuvre mais dans la répétition, ce type d’action devient lui aussi vite agaçant. Les cinématiques sont nombreuses et plutôt bien réalisées. Autre vilain défaut du jeu : comme les autres productions d’Ubisoft, Avatar est noyé dans la multitude de quêtes secondaires. Il faudra en vrac récupérer des collectibles (des journaux de bord), détruire des bases, activer des laboratoires, récupérer des ressources, se connecter à des plantes pour obtenir des compétences, looter des coffres. Avatar croule sous les activités secondaires à un tel point qu’on a souvent du mal à s’y retrouver et qu’on en vient à perdre le fil principal, qui n’est déjà guère très défini… On est ici face à un jeu très bac à sable, finalement parfois plus proche d’un Minecraft que d’un Far Cry dans sa formule. Au final, on en vient donc à se dire qu’on aurait finalement préféré un jeu moins ambitieux mais qui fait mieux les choses. Car trop souvent, on finit par se perdre dans cet open world. Ennuyeux, répétitif et finalement pas très inspiré dans sa narration, Avatar: Frontiers of Pandora a néanmoins le mérite d’être un jeu très réussi visuellement, avec une bande son plutôt réussie (malgré l’absence de thèmes marquants) et une présentation soignée. Le jeu exploite brillamment les capacités des consoles Xbox Series et PS5 et est un vrai plaisir pour les yeux et les oreilles. Jolie démo technique, Frontiers of Pandora a en revanche plus de mal à convaincre au niveau de son gameplay, avec une formule presque copiée collée sur celle des Far Cry, la nervosité en moins. En définitive, si les vrais fans d’Avatar seront sans doute ravis, nombreux seront les joueurs à lâcher le pad après une petite heure de jeu seulement. Et c’est bien dommage au vu de l’énorme potentiel de l’univers d’Avatar… Conclusion Fidèle à l’univers des films, Avatar: Frontiers of Pandora nous immerge parfaitement dans l’univers des films et s’impose comme l’un des plus beaux jeux de cette année 2024. Jolie démo technique, le titre peine toutefois à convaincre au niveau de son gameplay, la faute à des missions qui manquent cruellement de rythme et vous forcent à répéter d’incessants allers-retours dans un monde qui manque de vie. Avec ses missions secondaires sans intérêt, ses nombreuses activités annexes qui se répètent inlassablement et son histoire principale qui n’est guère passionnante, Frontiers of Pandora a beaucoup de mal à convaincre. Nombreux seront d’ailleurs les joueurs à lâcher le pad après une petite heure de jeu seulement… La formule Ubisoft a de plus en plus de mal à convaincre. Et il est aujourd’hui certain que l’éditeur doit se renouveler dans ses propositions s’il espère survivre…