Lil Miquela, Imma Gram, Aitana Lopez, ce sont là les noms d’influenceuses virtuelles. Elles cumulent plusieurs centaines de milliers d’abonnés et sont régulièrement mobilisées par des marques pour effectuer des publicités. En l’espace de quelques années, les influenceuses virtuelles se sont multipliées sur Internet. Que cela soit sur les réseaux sociaux ou dans le cadre de campagnes publicitaires, ces entités entièrement créées de façon numérique ont réussi à séduire un certain public. Et à une époque où les réels influenceurs sont bien souvent sous le feu des critiques pour des pratiques commerciales illégales/trompeuses ou des dérapages en tout genre, ce succès n’est pas anecdotique. Qui sont ces influenceuses virtuelles ? Lil Miquela, 2,7 millions d’abonnés sur Instagram, constitue sans doute l’influenceuse virtuelle la plus connue. Créée en 2016, Lil Miquela est présentée comme une influenceuse et chanteuse de 19 ans vivant à Los Angeles. La jeune femme virtuelle s’est retrouvée en 2018 dans le top 25 du Time des personnes les plus influentes sur Internet et a participé à diverses campagnes marketing. Nous avons ainsi pu la voir dans une publicité Samsung aux côtés du DJ Steve Aoki et de l’actrice Millie Bobby Brown (Stranger Things) ou dans une campagne publicitaire menée par la marque Calvin Klein où elle embrasse la mannequin Bella Hadid. Lil Miquela L’influenceuse virtuelle nommée Imma Gram compte quant à elle 395.000 abonnés sur Instagram et a été créée au Japon. Elle est considérée comme la première mannequin virtuelle et a travaillé, notamment, avec Nike, Dior, Valentino, Ikea, Lenovo, Magnum ou encore Tommy Hilfiger. En Europe, ces influenceuses virtuelles se développent de plus en plus. À titre d’exemple, l’entreprise espagnole The Clueless a développé deux influenceuses virtuelles qui répondent aux noms de Maia Lima et Aitana Lopez. Maia Lima détient 5.500 abonnés sur Instagram et est présentée comme « une jeune Argentine caractérisée par sa timidité et sa pureté ». La jeune femme, bisexuelle, présente également comme centres d’intérêt : les voyages, la photographie, le cinéma, le football et la musique. À noter qu’elle a fêté son anniversaire ce 25 novembre. Maia Lima Quant à Aitana Lopez (137.000 abonnés sur Instagram), elle est présentée comme « une femme forte et déterminée », passionnée de jeux vidéo et de fitness. La jeune femme présente un compte Fanvue (un équivalent d’OnlyFans) où elle est définie comme la « déesse espagnole de la tentation ». Dans ses stories Instagram, nous pouvons apercevoir une photo d’un (réel) plateau de sushis et un message souhaitant un bon anniversaire à son amie (virtuelle) Maia Lima. Autant dire que la limite entre le réel et le virtuel est totalement brouillée. Aitana Lopez En résumé, il existe une multitude d’influenceuses virtuelles et nous aurions aussi pu parler de shudu.gram, bermudaisbae, Zoe Dvir et Noonoouri (dans un style cartoon). Quant aux influenceurs hommes, ils sont bien moins nombreux, mais aussi présents comme koffi.gram, blawko22 ou encore le rappeur FNMeka. Une aubaine pour les marques Nous l’avons vu au travers de quelques exemples, les influenceuses virtuelles représentent une véritable aubaine pour les marques. Ces dernières peuvent réaliser différentes variantes d’une même influenceuse et lui faire parler plusieurs langues, chose bien évidemment impossible avec une véritable personne. Par ailleurs, les créateurs de ces influenceuses virtuelles ont un contrôle total sur leur création. Oubliez les polémiques et les dérapages tels que nous les connaissons avec certains de nos vrais influenceurs, les influenceuses virtuelles sont contrôlées de A à Z et ne tiendront jamais de propos problématiques. En d’autres termes, elles sont lisses et ne présentent aucun défaut physique, du moins selon certaines normes. Et il faut aussi dire qu’elles ne risquent pas de vieillir… De plus, elles ne sont jamais malades ou fatiguées et peuvent être mobilisées 24h sur 24. Cerise sur le gâteau pour les marques : il ne faut pas payer de billet d’avion et de chambre d’hôtel pour les accueillir. Et dans certains cas, des marques peuvent se permettre des écarts avec la justice étant donné qu’il n’existe pas vraiment de cadre juridique pour ce type de pratique. De réelles relations (à sens unique) Le succès des influences virtuelles ne s’explique pas seulement d’un point de vue financier. Certaines des personnes qui les suivent développent un réel attachement envers ces entités numériques. Les influenceuses virtuelles sont mises en scène dans des évènements de la vie de tous les jours et partagent des moments de vie joyeux ou tristes, comme une rupture amoureuse. Par ailleurs, la frontière entre le réel et la fiction est brouillée. Mais dans les faits, les abonnés à ces comptes occultent l’aspect virtuel de la chose. Comme nous pouvons ressentir de l’affection pour un personnage d’un film ou d’une série, certains développent une attache forte avec ces influenceuses numériques et acceptent le fait qu’il s’agisse d’une relation parasociale, c’est-à-dire une relation à sens unique. Et selon une étude menée par HypeAuditor, le taux d’engagement des influenceuses virtuels serait trois fois plus élevé que celui généré par de réels influenceurs. En d’autres termes, les influenceuses virtuelles engendrent davantage d’interactions. Paradoxalement, les personnes qui suivent ces comptes peuvent ressentir plus de confiance et de sécurité envers les influenceuses virtuelles. Comme le souligne Numerama, l’être humain n’entre pas (directement) en compte, ce qui impliquerait moins de risques de tromperies. L’influenceuse numérique serait ainsi plus « vraie » que la réelle. Car le succès de ces influenceuses numériques réside avant tout dans le storytelling, c’est-à-dire les histoires qui sont racontées. Au travers de fictions, leurs abonnés peuvent développer de l’empathie et se reconnaitre dans des histoires. Nous avons ici seulement mentionné des influenceuses virtuelles créées en Occident. En Asie, le phénomène prend une ampleur encore plus conséquente. À titre d’exemple, en Chine, les influenceuses numériques se multiplient de façon exponentielle dans le cadre de la vente en ligne. Reste maintenant à voir dans quelle mesure le secteur des influenceuses numériques se développera dans les prochaines années. Les influenceuses virtuelles pourraient être cantonnées à un marché de niche ou elles pourraient à terme devenir une norme.