Attendu au tournant par les amateurs de survival-horror, le nouveau jeu de Remedy (Control, Quantum Break) est la suite directe d’un survival-horror sorti en 2010 sur Xbox 360. Comme son prédécesseur, le jeu est encensé par une partie de la critique. Attention toutefois à ne pas se laisser entraîner par la hype… Lorsqu’on évoque le nom d’Alan Wake, deux opinions très divergentes se font face avec d’un côté ceux qui encensent le jeu et ceux qui n’ont pas franchement succombé à ses charmes. Au moment de sa sortie, en 2010, sur Xbox 360, le jeu de Remedy (Control, Max Payne, Quantum Break) avait fait couler beaucoup d’encre. Présenté comme un “thriller horrifique”, le jeu de Remedy n’avait pas vraiment tenu ses promesses. S’il avait clairement des atouts dans sa manche, à commencer par son univers sombre, son personnage torturé et une approche très originale du survival horror, il faut bien admettre que pad en main, on avait plus souvent l’impression d’être dans un jeu d’action qui avait un peu trop tendance à se reposer sur une seule mécanique de jeu : son héros devait utiliser la lumière de sa lampe torche pour pouvoir éliminer ses ennemis. Malgré des critiques parfois très dures, cela n’a pas empêché le jeu d’obtenir un statut de jeu culte à travers les années, au point qu’avec le temps, l’idée de proposer un second volet finira par germer chez Remedy. L’atmosphère du jeu est travaillée. On notera au passage que le jeu original a entre temps eu droit à deux (piètres) extensions, un remaster et même une petite suite, baptisée American Nightmare, qui assumait parfaitement son gameplay davantage axé sur l’action. Malgré la qualité très relative de ces “suites”, Epic Games a décidé d’y croire et d’y mettre le budget pour une véritable suite, qui sortirait donc 13 ans après l’original… Et il faut bien l’avouer, après les premières bandes annonces du jeu, nous étions plutôt impatients de mettre la main sur ce Alan Wake 2, qui s’annonçait non seulement comme un titre beaucoup plus ambitieux que l’original mais également comme une claque graphique. De ce fait, Alan Wake 2 n’est disponible que sur les consoles de dernière génération et fait donc partie des premiers vrais jeux new-gen. Alors ce n’est pas forcément une claque, mais il faut bien avouer que le jeu est très joli, avec ses superbes effets de lumière, ses magnifiques panoramas et son souci du détail dans les décors. Vous passerez beaucoup de temps devant ces tableaux. D’entrée de jeu, on le signalera également, le jeu séduit avec son univers une fois encore très sombre, sa mise en scène très cinématographique (tant qu’on finirait presque par croire qu’on regarde un film!), ses nombreuses petites touches humoristiques et ses mystères. Difficile de ne pas se sentir fasciné par cet univers. L’histoire débute dans la peau d’une nouvelle venue, un agent du F.B.I. dépêché dans une petite bourgade pour tenter d’élucider un crime barbare. Sachez-le, cet épisode adopte un style différent du précédent puisqu’il vous propose d’incarner deux personnages : Alan Wake bien sûr, mais également ce nouveau protagoniste, répondant au nom de Saga. Chacun de ces personnages se jouera d’ailleurs d’une façon très différente. Si, au début, on est plutôt charmé par l’expérience de jeu, avec la cinématographie soignée du jeu, ses décors à couper le souffle, et ses séquences de jeu assez variées, qui alternent exploration, “enquête” et action, il faut bien avouer qu’Alan Wake 2 montre vite ses limites. Côté exploration d’abord, le jeu est extrêmement linéaire. Chacune des “cartes” vous placera sur des chemins très balisés. Il faudra looter systématiquement pour récupérer tout un tas d’objets qui vous seront utiles : batteries pour votre lampe torche, munitions, statuettes qui vous serviront à résoudre des énigmes, nouvelles armes… Les séquences d’enquête se résument quand à elles à “appuyer sur un bouton” pour récupérer un indice, puis à accéder à l’espace mental de Saga, qui s’apparente à un tableau sur lequel vous devrez épingler dans le bon ordre les différents éléments récupérés pour tenter de boucler l’enquête. Une fois que vous aurez récupéré un certain nombre d’indices vous débloquerez une déduction de façon automatisée, qui ouvrira une nouvelle ligne de dialogue avec un PNJ… Il n’y a ici aucun travail de déduction, le joueur est littéralement pris par la main à travers toutes les étapes de l’enquête. Jamais on ne ressent donc la satisfaction d’un travail bien accompli. S’il s’était réduit à un jeu d’enquête, Alan Wake 2 aurait été un piètre représentant du genre. Quand aux séquences d’action, elles ressemblent (beaucoup) à celles du premier volet. Comprenez par là qu’il faudra encore utiliser votre lampe de poche pour illuminer les spectres pour les faire apparaître puis les canarder. Comme un air de déjà vu ? Les séquences d’action sont peu nombreuses. Alors oui, il y a un arsenal un peu plus varié que dans le premier volet, mais globalement, c’est le même jeu avec une mise en scène beaucoup plus travaillée et plus d’ambition également. Pour autant, les défauts sautent aux yeux, qu’il s’agisse du piètre level-design du jeu ou de l’IA complètement à la ramasse. Les quelques combats de boss illustrent parfaitement tout ce qui ne va pas dans ce jeu avec des affrontements qui se déroulent dans des lieux étriqués où on a souvent du mal à s’y retrouver, ou on tire souvent à l’aveuglette face à des ennemis qui apparaissent et disparaissent. Le plus triste dans tout ça, c’est que les séquences de jeu dans la peau d’Alan Wake ne relèvent guère le niveau. On passe ici son temps dans le “monde sombre”, un monde parallèle dans lequel l’écrivain Alan Wake était retenu contre son gré par une entité malfaisante. Dans ce monde qui n’est que le miroir du passé d’Alan, où la réalité et la fiction se mélangent, on ère à la recherche de symboles lumineux qu’il faudra pointer avec sa torche pour récupérer des upgrades d’armes, on résout des énigmes en aspirant et projetant de la lumière et on réécrit l’histoire en alternant des éléments narratifs récupérés pour faire apparaître de nouveaux objets. Ces séquences de jeu se révèlent radicalement différentes de celles se déroulant dans la peau de Saga dans la mesure où le jeu est plus axé sur la réflexion et moins sur l’enquête… Quelques rares combats de boss sont au programme. Mais alors, qu’est ce que tous ces gens peuvent bien trouver à ce jeu ? Son ambiance travaillée, son univers plein de charme, ses nombreux PNJ décalés, et un récit qui n’est en soi pas déplaisant à parcourir (et qui tire d’ailleurs en longueur : comptez entre 10 et 20h pour le terminer). Alan Wake 2 est un jeu qui s’admire plus qu’il ne se joue. Et il faut bien l’avouer, rares sont les jeux à lorgner autant du côté du septième art. Ceci étant dit, même si l’on est nous aussi tombé amoureux d’Alan et de Saga, le nouveau duo de choc de cet épisode, et qu’on s’est pris au récit, il faut bien avouer que l’intrigue d’Alan Wake 2 a de quoi laisser perplexe une fois le récit totalement déroulé. Car en définitive, là aussi, l’œuf n’est pas tombé très loin du nid. Excessivement prétentieux dans sa narration, verbeux jusqu’à l’excès et beaucoup moins malin qu’il ne se prétend être, Alan Wake 2 mise tout sur sa narration et oublie qu’il est avant tout un jeu vidéo. Conclusion Attendu au tournant, Alan Wake 2 commet pourtant exactement les mêmes erreurs que son prédécesseur en misant tout sur sa narration et en laissant de côté l’aspect ludique. Mélange raté de walking simulator, de jeu d’action et d’enquête criminelle, le titre de Remedy a le mérite de nous en mettre plein les yeux avec son moteur graphique qui exploite parfaitement les capacités des nouvelles consoles, ses cinématiques superbes et son goût prononcé pour la cinématographie. L’ennui, c’est qu’à force de vouloir en faire des tas avec un récit qui aurait pourtant bien tenu sur un timbre poste, Alan Wake 2 finit par se perdre dans une narration prétentieuse et des dialogues verbeux. Le récit qu’il raconte n’est certes pas déplaisant à suivre, mais le tout est encombré de tellement de séquences totalement inutiles – à l’image des phases d’enquête qui ne sont qu’une succession de tableaux sur lesquels il faut venir apposer des indices de façon ultra-assistée, ou des déductions qui se font de façon entièrement automatisée – qu’on finit vite par décrocher. Côté gameplay, la formule reste identique à celle du premier volet avec une alternance de séquences d’action dans lesquelles il faudra continuellement utiliser sa torche pour éclairer les ennemis, et de walking simulator. Le jeu est toutefois sauvé du naufrage par son atmosphère si particulière, son excellente bande son et sa mise en scène très soignée.