Des scientifiques de l’EPFL/CHUV/UNIL, de l’Inserm et de l’Université de Bordeaux ont conçu une neuroprothèse permettant de réduire les troubles de la mobilité liés à la maladie de Parkinson. Un patient français bénéficie d’ores et déjà du dispositif et les résultats sont encourageants. Quand on parle de Parkinson, on pense tremblements et troubles de la mobilité. Des troubles qui touchent 90% des personnes atteintes à un stade ou à un autre de la maladie. Et s’il était possible de réduire l’impact ce handicap ? Ce rêve n’en est plus un. Du moins, plus pour Marc, patient français qui vit avec Parkinson depuis une trentaine d’années. Ce petit miracle, c’est à des chercheurs de l’EPFL/CHUV/UNIL, de l’Inserm et de l’Université de Bordeaux qu’il le doit. Une équipe de neuroscientifiques et de neurochirurgiens qui a mis au point une neuroprothèse très particulière. Stimuler la moelle épinière Dans un communiqué, le professeur de neurosciences Grégoire Courtine à l’EPFL détaille le fonctionnement du dispositif. « L’idée de développer une neuroprothèse stimulant électriquement la moelle épinière pour harmoniser le geste et corriger les troubles locomoteurs chez les patients atteints de la maladie de Parkinson », indique-t-il. La neuroprothèse se concentre directement sur la zone responsable de l’activation des muscles. Ici, ceux des jambes pour permettre au patient de retrouver sa mobilité. Concrètement, un champ d’électrodes est placé contre la moelle épinière et un générateur d’impulsions électriques est implanté sous la peau du ventre. À noter que l’idée provient d’un autre projet de recherche, mené par la même équipe. En effet, les chercheurs avaient déjà permis à trois personnes paraplégiques de remarcher en 2022. Ceci grâce à des implants similaires. Encore loin d’une commercialisation En se basant sur leurs travaux, et avec l’aide d’un spécialiste des maladies neurodégénératives, le docteur Erwan Bezard, un implant a donc été conçu puis installé sur un patient français : Marc. « Je ne pouvais pratiquement plus marcher sans tomber fréquemment, plusieurs fois par jour », explique l’homme de 62 ans. « Dans certaines situations, comme entrer dans un ascenseur, je piétinais sur place, comme si j’étais figé là, pourrait-on dire ». Équipé de sa nouvelle neuroprothèse, Marc profite de sa mobilité retrouvée. La programmation des stimulations s’adapte à ses mouvements et, avec une bonne dose de rééducation, les troubles de la marche s’atténuent. Bilan, ce patient marche aujourd’hui 8 heures par jour. « Pour l’instant, je n’ai même plus peur des escaliers. Chaque dimanche, je vais au lac et je marche environ 6 kilomètres », précise Marc. Si la neuroprothèse ne résout pas tous les problèmes, elle allège cependant le quotidien des personnes touchées par la maladie de Parkinson. Cela étant, nous sommes encore très loin d’une utilisation commerciale. Pour l’heure, Marc est le seul patient à bénéficier du dispositif médical et, de l’aveu même des chercheurs, l’implant doit encore être optimisé. Et cela passe notamment par un essai clinique à plus grande échelle, lequel débutera en 2024.