Passé entre les mains des studios de Sony, Milestone puis Kylotonn, la licence WRC est désormais sous la bannière d’Electronic Arts. Confié à Codemasters, ce “reboot” de la franchise peine à convaincre. S’il est bien une franchise qui a connu ses hauts et ses bas, c’est sans l’ombre d’un doute WRC. Acclamé à l’époque de la PS2 sous la bannière de Sony, la licence est ensuite passée entre les mains du studio italien Milestone, qui l’a quelque peu maltraitée. Le studio français Kylotonn a ensuite pris la relève et est parvenu, contre toute attente au vu du passif du studio, à en faire l’une des références du marché. Avec WRC Generations, dernier épisode en date de la série sous l’ère Nacon (éditeur des jeux WRC depuis près de 10 ans), la série a atteint un niveau d’excellence que les fans n’auraient sans doute jamais imaginé il y a 10 ans… IL sle savaient toutefois, la licence allait passer sous une nouvelle bannière. Le géant du jeu vidéo Electronic Arts avait en effet récupéré les droits d’exploitation et était bien décidé à nous livrer sa vision de la course automobile. La licence a ainsi été confiée à Codemasters, le grand spécialiste de la course automobile, auteur notamment des excellents Dirt et Dirt Rally. A la première personne, les sensations sont excellentes. Avec un tel studio aux commandes, on pouvait s’attendre à des étincelles. C’était évident toutefois : le premier épisode ne serait pas le plus évident car le studio devait repartir d’une feuille blanche. Codemasters a logiquement choisi l’Unreal Engine pour développer ce nouveau volet, tout en choisissant un modèle de conduite et de structure du mode carrière assez proche de celui des jeux de Kylotonn, pour ne pas brusquer les habitués de la franchise. Cet EA Sports WRC s’inscrit donc, malgré le changement de bannière, dans la continuité des précédents volets. On retrouve tous les véhicules officiels. De facto, on retrouve un mode carrière très similaire à celui des précédents volets, avec un agenda rempli d’événements secondaires, d’entrainements, de séances de repos, d’invitations à des événements uniques.. Le joueur choisit lui-même à quel événement il participe, se bloquant ainsi la porte à d’autres événements. Des objectifs de saison lui sont aussi fixés par son mécène, comme finir dans le top 3 du championnat WRC, remporter le championnat WRC 2, participer à au moins 5 événements sous invitation cette saison, etc. etc. L’ennui, c’est que comparé aux précédents volets justement, le jeu se montre beaucoup moins complet. Il y a moins de choses à gérer, le menu est beaucoup plus sobre, beaucoup moins d’options, moins de courses et tracés également, et surtout, quoi que vous fassiez, cela n’aura finalement pas beaucoup d’impact sur votre carrière. Former un technicien vous donnera quelques légers avantages, comme un coût réduit des pièces détachées pour les réparations, mais il s’agit d’avantages qui n’ont en réalité presqu’aucun impact. De façon générale, on s’attendait tout de même à beaucoup plus pour ce mode carrière, un soupçon de scénario peut-être, une approche différente (?) – une chose est sûre, les habitués seront déçus car dans le fond, EA Sports WRC représente un pas en retrait. Malgré son statut de jeu new gen, on peine à être impressionné par les graphismes. Côté conduite, les sensations sont très proches de ce qu’on connaissait avec la série sous la bannière Nacon. Il s’agit d’une conduite réaliste dan lequel le moindre écart peut vous mener dans un précipice. A ce niveau, Codemasters a plutôt réalisé du bon travail. On sent bien les changements de surface, la conduite est ultra-paramétrable et joueurs débutants aussi bien que confirmés y trouveront leur bonheur grâce aux options de difficulté et de prise en main. L’ennui, c’est que l’expérience est malheureusement gâchée par de nombreux soucis de level-design. Il nous est ainsi arrivé deux fois d’être bloqué par un mur invisible dans une course, lors de légères sorties de route. Les pénalités n’ont souvent aucun sens, les bugs d’affichage sont extrêmement nombreux et surtout, votre véhicule aura la fâcheuse tendance à s’encastrer dans le moindre petit obstacle : un tout petit buisson stoppera parfois net votre bolide, mais vous traverserez sans difficulté un sapin… Pareil pour les poteaux. On est très loin de l’excellence de WRC Generations. On ressent ces soucis de finition à tous les niveaux, jusque dans la cinématique d’introduction des courses, qui souffre d’extrêmes saccades. Et puis il y a les choix du studio, parfois assez douteux. Pas de rewind par exemple – c’est un choix qui se défend. Mais inversément, forcer le joueur à devoir à chaque fois se taper plusieurs centaines de mètres presqu’au pas d’homme jusqu’au juge, une fois la course terminée, finit vite par taper sur le système, surtout que ça n’apporte absolument rien en terme d’expérience de conduite. A ce sujet, petite astuce : vous pourrez toujours sortir de route pour boucler plus rapidement cette séquence… Niveau finition, on citera aussi des ralentissements gênants qui surviennent parfois en course, sans aucune raison apparente. On retrouve aussi quelques véhicules d’époque. EA Sports WRC brille en revanche au niveau de l’immersion avec un très bon sound design et une immersion complète avec la vue cockpit. Les sensations sont extrêmes. Sur le plan technique en revanche, le constat est plus contrasté. Le jeu est très correct graphiquement mais, il faut le préciser, il s’agit d’un jeu new gen only (PS5 – Xbox Series). On aurait dès lors pu s’attendre à une claque et… pas du tout. Visuellement, WRC Generations lui reste en tout point supérieur. Les textures au sol sont parfois immondes, certains effets visuels sont d’une laideur surprenante et certains éléments des décors ont de quoi surprendre, à l’image des drapeaux qui flottent au vent de façon bien peu naturelle, avec une texture luisante. Le public, en revanche, est plutôt bien représenté. Ceci étant dit, quand on le compare à WRC Generations, on sent la différence niveau immersion. Où sont passés les drones qui survolaient la course ? Les hélicoptères, les véhicules tombés en panne sur le bord de la route ou les animaux ? Avant d’arriver au même niveau, il faudra probablement plusieurs éditions du jeu. Si, pour un premier épisode sous une nouvelle bannière, cet EA Sports WRC est “plutôt réussi”, il représente néanmoins un sérieux retour en arrière par rapport aux deux derniers opus. Et on s’en doute, il y a certainement une énorme différence de budget entre ce WRC et les précédents. Autrement dit, les errances de cet épisode sont plus difficilement pardonnables. Certains effets (comme la poussière) son très réussis. On l’a bien précisé toutefois : à l’exception de la finition et de la technique, EA Sports WRC reste un “bon jeu”. La conduite est excellente, les sensations sont là et surtout il y a de quoi faire entre le mode Carrière, le mode Championnat, les “Moments”, sortes de petits défis temporaires avec des conditions bien particulières, les contre la montre. En terme de customisation, ce WRC va même plus loin que les précédents en permettant de créer littéralement ses propres bolides, et d’en personnaliser le look. C’est intéressant, mais pas sûr que ça parle à tout le monde. On ressent également une grosse différence au volant de divers véhicules, et ça c’est aussi très bien. Un WRC ne se contrôle absolument pas comme un WRC 3 ni comme un ancêtre des années 80… Vous ressentirez une énorme différence entre une Ford Puma et une Mini. Les véhicules paraissent ici beaucoup plus lourds et difficiles à contrôler que dans les précédents WRC et c’est sans doute le meilleur choix que le studio ait fait. Comme on l’a dit, pour un premier opus sous la bannière EA, c’est plutôt pas mal, mais clairement insuffisant pour un studio comme Codemasters. On attendait clairement beaucoup mieux et on n’est pas forcément enchanté par le changement de propriétaire de la licence. A vrai dire, si ce EA Sports WRC signe un retour en arrière pour la licence et la quasi-mort des épisodes DiRT, on se dit que le joueur est plutôt perdant au change, et c’est bien dommage. Reste qu’à force d’acharnement, et surtout si EA s’en donne les moyens, ce EA Sports WRC pourrait bien s’améliorer d’année en année. On notera au passage qu’EA semble bien conscient des défauts de cet épisode puisque le jeu est vendu 49,99€ au lieu du prix plein. Conclusion C’était certain, le changement de propriétaire de la licence WRC causerait quelques remous. Si ce EA Sports WRC ne s’en sort pas trop mal pour un reboot, la comparaison est peu flatteuse par rapport à WRC Generations, qui proposait bien plus de contenu, était beaucoup mieux fignolé, offrait un mode Carrière plus convaincant et était visuellement plus réussi que cet épisode pourtant “new gen only”. Buggué jusqu’à l’os à sa sortie, EA Sports WRC jouit d’une finition désastreuse. Les chutes de framerate sont nombreuses, la gestion des impacts chaotique, les sanctions se font au petit bonheur la chance… Le mode carrière est calqué sur celui des précédents volets, EA n’ayant visiblement pas voulu prendre de risque et c’est bien dommage car on aurait aimé quelque chose de différent. Ceci étant dit, EA Sports WRC est loin d’être un mauvais jeu. La conduite est presque irréprochable, le contenu reste généreux et les sensations sont là. L’ennui, c’est qu’il faudra sans doute attendre quelques années avant de revenir au niveau d’un WRC Generations…