On peut essayer de comprendre ce qui fait de Doom une grande franchise du jeu vidéo, ou on peut juste se contenter de se dire : c’est un jeu bourrin. C’est le chemin choisi par Bloodhound, un jeu qui se prend pour Doom, mais qui pense que pour faire un Doom, il suffit de mettre du métal, une imagerie vaguement satanique, et de vous mettre un fusil dans les mains… Bloodhound est développé via l’Unreal Engine… Comprenez : Bloodhound fait un peu l’effet d’être entièrement conçu des assets de la boutique d’Unreal Engine. C’est en tout cas l’impression que donne ce jeu qui s’autodésigne comme un jeu rétro. Une belle manière de justifier le côté disparate d’un FPS où chaque ennemi a l’air de sortir d’un univers différent… Car le jeu n’a pas vraiment l’air rétro, ou en tout cas pas de manière constante. Certains aspects paraissent vraiment trop modernes tandis que d’autres sont dignes des années 90. Il y a un véritable manque de cohérence… Certains ennemis paraissent presque décents graphiquement… Mais de quoi ça parle, Bloodhound ? Eh bien aucune idée… de Satan probablement, à en juger par le nombre de pentacles au mètre carré. Toujours est-il que Bloodhound n’a pas d’histoire, si ce n’est de vous faire tuer des types du Ku-Klux-Klan, des lutteurs mexicains, des angelots démoniaques, des démons angéliques, et des danseuses brésiliennes… Le tout avec des power-ups à l’ancienne qui lévitent en plein milieu de la carte… L’important, c’est qu’il y ait des explosions de sang, des montagnes de sang, parce qu’on a un peu plus de mal à se rendre compte des défauts de Bloodhound sous toutes les éclaboussures… Mais ne soyons pas mauvaise langue… Après tout, le look d’un jeu ne dit rien sur son gameplay. Alors, qu’est-ce qu’il vaut ce gameplay ? Eh bien bof… La précision n’est pas le point fort de Bloodhound, ni du côté du joueur ni de celui des ennemis… Ce qui paradoxalement a le don de rendre le jeu plutôt facile, si on sait correctement gérer ses ressources (ne pas foncer sur le premier power-up venu). On affronte même des danseuses brésiliennes démoniaques… Si on abandonne toute prétention de raffinement et de qualité et qu’on se limite au plaisir de bourriner, de foncer dans le tas et de tirer sur tout ce qui bouge, alors oui, Bloodhound est un jeu correct… Mais est-ce que dans ce cas-là, ça ne vaut pas plutôt la peine de jouer à n’importe quel autre FPS à l’ancienne dont on dispose déjà dans sa bibliothèque de jeu, et qui possède un peu plus de substance ? Bloodhound est juste moyen à tous les niveaux : du level design au feeling, armes en mains. Quant au métal, on sent qu’il est ici présent comme une étape obligatoire : un jeu bourrin se doit d’avoir du métal. Une approche réductrice et qui montre paradoxalement un manque flagrant de connaissance dans un genre musical beaucoup plus complexe qu’il n’y parait à première vue. Là où les thèmes de Doom étaient mémorables (même en midi dans le tout premier Doom) et créaient tout un univers, on a ici droit au métal le plus générique qui soit… On ne se sent pas emporté par une musique qu’on cesse déjà d’écouter à la première minute de jeu… Le jeu a au moins ceci pour lui de ne pas être infesté par les bugs… Ce qui ne veut pas non plus dire qu’il jouit d’une finition aux petits oignons : des mouvements des ennemis aux attaques des personnages, tout est un peu dans l’approximation… Alors certes, Bloodhound est bon marché. Mais tout de même… Conclusion Bloodhound est un nanar, et pas nécessairement un bon. On se sent plus proche d’un Sharknado que d’une production sincère… Tout transpire la mauvaise qualité et tout semble fait à la va-vite. Bloodhound se veut un Doom-like, mais il n’en comprend pas l’essence et se contente d’imiter superficiellement, sous couvert d’un style faussement rétro, mais qui ne ressemble à rien de réellement rétro. On se retrouve ainsi face à un méli-mélo sans aucune cohésion, qui peut certes fournir un divertissement bien bourrin, mais pas grand-chose de plus… la faute à un level design pauvre et des sensations modérées. Un FPS finalement très dispensable même pour les passionnés du genre.