Régulièrement adapté en film ou en jeu vidéo, Hellboy n’a toutefois jamais eu droit à un portage brillant si l’on laisse de côté les deux films de Guillermo Del Torro. Développé par une petite équipe de passionnés, Web Of Wyrd s’annonçait comme un projet ambitieux qui pourrait concrétiser le rêve de nombreux fans. Connu pour son travail sur West of the Dead, un excellent rogue lite dans un univers de western fantaisiste, le studio Upstream Arcade semblait le candidat idéal pour nous livrer un jeu indépendant basé sur la licence Hellboy. Reprenant le style visuel caractéristique du comic book, et allant jusqu’à recruter un célèbre acteur pour prêter sa voix au personnage, Upstream Arcade semblait vouloir nous livrer un jeu d’une fidélité extrême au matériau d’origine. De nombreux fans attendaient donc avec impatience cette adaptation en jeu. Pad en main toutefois, sachez qu’on déchante vite devant cette petite production indépendante. Vous combattez des vagues d’un ou deux ennemis. Si, esthétiquement, le jeu brille par sa direction artistique inspirée, son character design réussi et ses jolis effets visuels, la formule choisie par Upstream Arcade a beaucoup de mal à convaincre. De facto, le studio a choisi de mélanger plusieurs genres de jeu. On retrouve dans Web Of Wyrd un peu de Souls-like, du beat them all et surtout une bonne tranche de rogue lite. Ne tournons pas autour du pot : il ne faut clairement pas s’attendre à une production triple A ni d’ailleurs à un jeu d’action. Hellboy est en réalité un rogue lite qui se joue en boucle. Après vos premiers pas dans l’univers du jeu, vous comprendrez ainsi qu’il faudra progresser à travers des niveaux jusqu’à éliminer un boss, qui ouvrira les portes du nouveau chapitre. Si vous ne parvenez pas à l’éliminer, vous devrez recommencer le niveau à zéro. Et comme dans les autres rogue lites, les niveaux du jeu sont générés de façon procédurale. Dans la pratique cela signifie que vous ne ferez jamais deux fois la même partie. L’ennui, c’est que le level design du jeu est très pauvre et qu’on se retrouve le plus souvent à chercher désespérément son chemin dans un niveau labyrinthique sans aucune âme. Certains mouvements classiques d’Hellboy sont présents. Plus surprenant, les mécanismes de rogue lite ne fonctionnent absolument pas ici. Les buffs et charmes temporaires qu’on débloquera dans les niveaux et qu’on devra choisir n’apportent pas de changements fondamentaux ni d’énorme boost des stats. La plupart du temps, ça se limitera à vous proposer d’augmenter temporairement votre force ou votre barre d’énergie ou à choisir d’augmenter les récompenses financières ou les buffs… Tout l’intérêt d’un rogue lite repose sur la richesse du système. Ici, on n’est pas du tout excité à l’idée de découvrir des bonus qui n’ont pratiquement aucun impact sur le jeu. Pire, les niveaux ultra labyrinthiques du jeu font qu’on s’y perd facilement et qu’il faudra parfois errer durant des dizaines de minutes avant de trouver son chemin… Côté combats, on ressent l’influence d’un Dark Souls. Le jeu se présente comme un beat them All à la troisième personne, à la difficulté plutôt élevée. Il faudra recommencer encore et encore un niveau pour progresser. La comparaison s’arrête là car le système de combat est à l’inverse de Dark Souls extrêmement simpliste. Il y a un bouton d’attaque légère, une pression longue pour les attaques lourdes, un bouton d’attaque à distance, un bouton de super attaque (quand la jauge est chargée), une parade et un contre… Et c’est à peu près tout. La plupart des adversaires sont des unités qui ne représentent aucun danger pour vous, ils s’éliminent en un coup et sont incapables de vous faire perdre votre barre de vie… Dans chaque ‘arène’ de combat vous devrez cependant éliminer un à deux ennemis plus retords. La technique est assez simple une fois maîtrisée. On appuie au bon moment sur le bouton de riposte ou on choisit la parade latérale pour bénéficier d’un bonus de contre offensive et on enchaîne les combos ensuite. Le pattern est toujours le même, avec de rares exceptions pour les boss. Sur le papier, le jeu aurait pu être très sympa avec un système d’attaque plus évolué. L’ennui, c’est qu’on se contente ici souvent de matraquer un seul bouton. De plus, il faudra maîtriser la latence des commandes, très importante, pour réussir ses missions. Les donjons sont générés de façon procédurale. Globalement aussi, seuls les combats de boss poseront des difficultés et encore puisqu’il est possible de déchaîner plusieurs fois une furie sur eux durant les combats, et d’utiliser des pans du décor pour faire de plus gros dégâts… Ajoutez à cela une caméra qui a du mal à suivre l’action, des ennemis d’une stupidité abyssale, qui restent parfois bloqués derrière un poteau, et un système de récompenses mal fichu, qui vous force à rejouer plusieurs fois le même niveau pour améliorer très lentement les compétences de votre personnage, et vous comprendrez qu’en dépit de bonnes idées Web Of Wyrd est tout simplement un Soulslike raté. À 24,99€, on se doutait que le jeu manquerait soit d’ambition, ou souffrirait soit d’un contenu léger. L’ennui, pour les fans, c’est que l’enrobage ne suit pas non plus. Le scénario du jeu est pauvre et pas franchement intéressant, les cinématiques semblent tirées d’un jeu PS2, l’univers est totalement sous exploité. Restent heureusement des doublages de qualité et une direction artistique inspirée. Mais ce n’est pas suffisant pour sauver ce jeu du naufrage… Conclusion La malédiction des adaptations ratées à encore frappé Hellboy. Pour la troisième fois, un studio nous livre une piètre adaptation du célèbre comic book. Si visuellement le jeu se défend plutôt bien avec sa direction artistique inspirée et son character design proche de celui du comic book, et si la bande son est plutôt réussie, le reste est un quasi total fiasco. Le studio Upstream Arcade a tenté de mixer les genres en nous livrant un mélange de Soulslike, de beat them all et de rogue lite qui ne fonctionne pas, la faute à des mécanismes de rogue lite qui sont en réalité toxique au jeu (niveaux générés procéduralement, bonus et buffs pauvres, système de déblocage de compétences très lent…), a un système de combat très pauvre et à une présentation très pauvre aussi. L’univers du comic book est sous exploité et nous est surtout présenté à travers des cinématiques qu’on dirait tout droit sorties d’un jeu de 2006… Même à 24,99€, difficile de le recommander, y compris aux fans purs et durs de la franchise.