Il est rare de parler d’un jeu déjà sorti depuis plusieurs années, mais ce vendredi, Shuyan Saga, jeu sorti en 2017, est porté sur console. Et nous avons eu l’occasion de tester le jeu sur une de ces nouvelles plateformes. Shuyan Saga est un jeu unique en son genre. On peut dire qu’il appartient à trois genres différents, mais sans correspondre totalement à aucun des trois. Premièrement, on pourrait volontiers le qualifier de Visual Novel, mais les parties en « Visual Novel » ne correspondent pas exactement à ce qu’on a pour habitude d’entendre avec ce terme. Non, il s’agit bien plus d’une bande dessinée interactive, où chaque image est dessinée avec le soin accordé à une planche parfois très détaillée. De très beaux dessins pour une BD interactive Ensuite, il y a les phases de combat. Et celles-ci sont elles-même à diviser en deux genres. Premièrement, il y a l’aspect Beat them All, avec toutefois un petit détail : celui-ci est en vue aérienne, ce qui est assez rare dans le genre. Mais à l’intérieur-même de ces phases de Beat them All, il arrive que la caméra isole un seul ennemi, et bascule en vue sur le côté afin de se transformer, temporairement, en jeu de combat traditionnel façon Mortal Kombat ou Tekken. Mais de quoi est-ce que ça parle, Shuyan Saga ? Eh bien il s’agit de l’histoire de Shuyan, une jeune princesse d’un royaume qui est très clairement la Chine, aux prises avec des ennemis qui sont très clairement les Mongols, mais avec un peu de Fantasy pour déguiser le tout. (Pas beaucoup, les personnages principaux ont tous des noms chinois, et le méchant principal s’appelle tout de même Ganbaatar, un nom typiquement mongol). Un scénario assez classique de Fantasy asiatique, en somme, mais qui a quelque chose de très agréable, il faut le reconnaître. Surtout si vous êtes fan de la saga immortelle d’Avatar, le dernier maître de l’air, car le style des dessins et l’ambiance générale n’est pas sans rappeler ce chef-d’œuvre du dessin-animé. Les passages de Beat them All en vue aérienne Parlons toutefois un peu du dessinateur. Daxiong est un illustrateur de bande-dessinée d’origine chinoise, mais établi en Amérique du Nord où il a surtout participé à des comics DC ou Star Wars. Il nous est impossible de totalement ignorer son appartenance au Falun Gong (un groupe religieux chinois controversé). Toutefois, ces croyances religieuses semblent n’avoir à peu près aucune incidence sur Shuyan Saga, si ce n’est peut-être la présence de la thématique du Qi gong, qui est cependant traitée ici d’une manière tout à fait neutre. Du reste, les dessins sont impressionnants. Ce qui a paradoxalement un petit effet négatif : lors des phases de combat en 3D , le contraste avec les graphismes en 3D est choquant. Car ceux-ci sont assez médiocres, et les modèles des personnages n’ont parfois qu’une ressemblance assez superficielle avec leur représentation en dessin. En combat singulier façon Tekken, les graphismes ne sont pas les meilleurs… La bande-son est tout à fait agréable également, quoique pas nécessairement très mémorable. Elle n’est peut-être pas le point fort de Shuyan Saga, mais elle rend tout à fait service à l’expérience de jeu pour contribuer à l’ambiance générale. Le gameplay est extrêmement sympathique. On maîtrise tout de même quelques choix dans la partie Visual Novel (quoi que ceux-ci n’aient pas beaucoup d’influence sur le scénario global), mais ce sont surtout les combats qui sont les plus intéressants. Le jeu est ainsi divisé en trois « livres », et chacun d’entre eux contribuent à perfectionner la technique de combat : dans le premier livre, on apprend une technique surtout offensive (le Qi), dans le deuxième, on se concentre plus sur une technique défensive (le Gong), avant d’apprendre à combiner les deux dans le troisième acte. Petit souci, toutefois : parfois, le jeu répond assez mal aux commandes du joueur, ce qui peut résulter en des défaites qui n’auraient pas dû avoir lieu. C’est là le principal problème de finition pour Shuyan Saga, mais c’est un peu agaçant. Un autre soucis de finition également : des transitions extrêmement brusques, et qui empêchent de bien comprendre ce qui se passe parfois. Les aventures vous permettent d’incarner d’autres personnages que Shuyan… Du reste, le plus gros défaut de Shuyan Saga… c’est que c’est horriblement court ! Trois heures de jeu à peine. Même s’il est possible de prolonger un peu l’histoire avec des « aventures » (que nous vous conseillons totalement pour découvrir une autre facette du jeu, avec encore un autre type de gameplay, plus « exploration de donjons », et la possibilité de jouer l’un des sympathiques personnages principaux) et un tournoi pas très inspiré, il reste que ce Shuyan Saga peut être terminé en une après-midi sans qu’on n’y retouche jamais. Même pour une quinzaine d’euros, c’est tout de même très vite terminé… En conclusion Shuyan Saga est un curieux mélange de genres, à mi-chemin entre le visual novel, le beat them all et le jeu de combat, ce petit jeu indé a le mérite de nous immerger dans une ambiance de roman de kung-fu et de fantasy asiatique. Les quelques visuels proposés sont superbes, ingame le jeu est toutefois loin des standards actuels. Avec un solide gameplay basé sur deux styles de jeux et une histoire certes terriblement clichée, Shuyan Saga est un jeu plaisant à parcourir, mais également très court. Pas sûr non plus que ce curieux mélange de styles plaira à tous les publics…