Test – The Crew Motorfest : l’Horizon du pauvre

Après The Crew 2, les équipes d’Ubisoft Ivory Tower reviennent avec un nouveau jeu de course qui se présente comme un véritable reboot pour la franchise d’Ubisoft. Marchant sur les plates-bandes de Forza Horizon, le titre tient toutefois difficilement la comparaison avec la mastodonte de Playground Games. 

The Crew Motorfest, c’est un peu l’épisode de la dernière chance pour la franchise d’Ubisoft, qui tente tant bien que mal de se réinventer en copiant pratiquement tous les éléments caractéristiques des Forza Horizon. De facto, la série d’Ubisoft n’a jamais vraiment décollé, ni au niveau des ventes ni de la réception critique. The Crew Motorfest se démarque de son prédécesseur en de nombreux points. Tout d’abord, au niveau de la zone de jeu, on passe de l’immensité du territoire américain à l’archipel d’Hawaii, une zone de jeu beaucoup plus petite et moins variée au niveau de ses décors, qui se présentait toutefois comme un terrain de jeu plus facile à maîtriser pour les développeurs. Ensuite, parce que dans sa structure, The Crew adopte un style plus proche de Forza Horizon en prenant littéralement le joueur par la main et en lui faisant vivre un “festival” qui comprend une multitude d’activités et de défis. Le style change radicalement donc avec un côté open-world plus guidé et une narration plus travaillée. Les cinématiques sont plus nombreuses, on crée ici littéralement son propre avatar et surtout, même durant les courses, on a droit à son lot de commentaires des PNJ.

Le jeu est coloré… mais pas forcément très joli.

C’est bien simple, si vous avez déjà joué à un Forza Horizon, vous aurez simplement l’impression d’être en face d’une copie du jeu de Playground Games. L’ennui, quand on plagie honteusement un concept, c’est qu’il est difficile d’éviter la comparaison. Et il faut bien l’avouer, celle-ci n’est pas très flatteuse pour le jeu d’Ubisoft.

Sur le plan technique tout d’abord, on est face à un jeu coloré, d’apparence assez joli au premier regard, mais qui nous est en réalité livré dans un état déplorable : les décors poppent à l’horizon, les textures sont parfois affreuses, l’univers manque cruellement de vie et on voit partout un tas d’approximations. Par exemple, impossible d’utiliser ses rétroviseurs. Il n’y a simplement pas de réflexion dans les rétroviseurs… L’intérieur des véhicules est modélisé à la truelle, certains effets visuels ratés… Si certains décors sont “jolis”, on a droit à une surabondance d’effets visuels qui viennent jouer les cache-misère : des feux d’artifice à chaque course, des explosions le long des tracés, des couchers de soleil, des confettis qui tombent du ciel, et qui cachent à la perfection la laideur de certaines modélisations. Il suffit de rouler dans un tunnel pour se rendre compte que Motorfest est loin des standards techniques actuels. Le plus troublant, c’est qu’il a deux ans de retard sur Forza Horizon 5, et cinq sur le quatrième volet, qui l’explose visuellement lui aussi…

Après une brève introduction, qui nous montre le potentiel incroyable du jeu – rappelons qu’on est sur un jeu de course en open-world qui propose des dizaines de catégories de véhicules à conduite qui vont de la supercar à la berline en passant par le hors-bord, le 4×4 et même des avions -, on commence l’aventure en se lançant dans sa première “playlist”, une sélection de plusieurs défis et courses qui proposent de tester plusieurs véhicules d’une classe bien définie et permettront de débloquer ensuite un véhicule inédit.

Et dès le premier contact, on découvre les faiblesses du jeu. Motorfest est un jeu de course très arcade, sans grande profondeur dans le gameplay. Il y a des courses entières où il n’est pas nécessaire de freiner. Et même avec un niveau de difficulté relevé, il n’est pas très difficile d’arriver premier… Il s’agit d’un jeu grand public, qui mise sur la richesse de son contenu plutôt que sa qualité. On retrouve dès lors un tas de véhicules, un tas de courses, un tas de classes de bolides différents… Mais l’impression globale qu’on en retire, c’est que rien n’est maîtrisé par les développeurs. On ne sent pas d’énormes différences à la conduite entre une M4, une Mustang et une Formule 1. Alors on est sur un jeu de course bien sûr, mais en terme de conduite, Forza Horizon arrivait justement à un bien meilleur compromis. De plus, certaines catégories de véhicules sont très mal maîtrisées. On pense aux courses de hors-bord, d’avions ou de Monster Trucks notamment, qui ne procurent pratiquement aucune sensation, avec leur conduite ultra-rigide. C’est un peu plus fun au volant d’une Mustang mais il faut bien l’avouer, on n’a pas l’impression que le studio a fait beaucoup de chemin depuis le premier The Crew…

Observez les détails : pas de reflet dans les rétroviseurs…

Vous dire que The Crew Motorfest est un mauvais jeu serait un cruel mensonge. Le jeu est plaisant à parcourir, certaines classes de véhicules sont plus agréables que d’autres à conduire et certaines courses sont joliment designées. Globalement, on a toutefois l’impression d’être face à un jeu qui offre une quantité incroyable de défis et compétitions… à la qualité souvent très discutable. Et c’est bien dommage car en définitive, on aurait clairement préféré moins de contenu mais plus de qualité… Car trop souvent, on a tout de même l’impression de s’ennuyer ferme au volant, face à des ennemis aussi stupides qu’intrépides.

Alors certes, il est possible de jouer face à des adversaires humains en prenant part à des courses qui apparaissent de façon sporadique sur la carte, des courses dans lesquels vous pourrez affronter jusqu’à 30 participants tout de même, malheureusement la difficulté n’est pas très bien dosée et on se retrouve assez souvent aussi bien avec des as du volant que des suicidaires du volant. Là aussi, on sent qu’Ubisoft a voulu en mettre le plus possible. On se retrouve dans des courses surréalistes qui nous font enchainer des segments au volant de trois véhicules différents (vive le réalisme!), pour ensuite se jouer une partie de Destruction Derby entre potes. Et le résultat est mi-figue mi-raisin, la faute à une conduite qui manque atrocement de précision et de style.

Vous pourrez diriger votre avatar dans l’un des nombreux hubs du jeu.

The Crew Motorfest coche pratiquement toutes les cases. L’ennui, c’est que rien ne semble vraiment convaincre. On pense au système de hub notamment, dans lesquels vous pourrez acheter des véhicules inédits, croiser d’autres joueurs et voter pour les meilleures customisations… Hubs qui ne servent finalement presque à rien… On pense aussi aux courses nautiques, qui se font sur une mer sans aucune vague ni courant. Les sensations sont si pauvres qu’on en vient à se demander pourquoi au juste Ubisoft a tenu à ce point à intégrer cette catégorie de bolides au jeu… Et puis bien sûr il y a les nombreuses missions secondaires : les photos de panoramas, découvertes de trésor… nombreuses, pas très variées au final, et surtout, des activités qui nous feront rouler encore et toujours sur les mêmes routes… Des routes souvent piètrement designées, qui composent une aire de jeu relativement petite en définitive, et pas forcément très intéressante. On ne retrouve pas ici beaucoup de diversité dans les décors. Et il faut bien l’avouer, l’univers de Motorfest manque cruellement de vie.

Les courses nautiques sont atrocement fades.

Il y avait derrière tout cela de très bonnes intentions. Celles de livrer le jeu de course ultime. Sauf que, dans les faits, c’était déjà l’intention du studio avec le premier volet… Et qu’en près de dix ans, Ivory Tower ne semble pas avoir parcouru beaucoup de chemin. S’il n’est pas complètement raté – le jeu reste décent techniquement, certaines courses sont réussies et la formule “fonctionne” à défaut de totalement convaincre -, The Crew Motorfest n’en reste pas moins une très grosse déception et sans l’ombre d’un doute le plus mauvais épisode de la série. Ceux qui n’ont jamais joué à un Forza Horizon y trouveront sans doute un certain intérêt. Mais il faut bien l’avouer, face au monstre de Playground, The Crew Motorfest ne tient pas du tout la comparaison.

Les courses en avion sont atrocement fades.

Seul véritable bon point : vous en aurez largement pour votre argent au niveau du contenu, avec des dizaines de “playlists” à explorer et quantité de futurs DLC déjà prévus. Espérons qu’Ivory Tower corrigera également certains défauts de son jeu avec les futures mises à jour du titre.

Conclusion

On attendait un renouveau pour la série de jeux de course d’Ubisoft. Avec The Crew Motorfest, Ivory Tower ne nous livre toutefois qu’une pâle copie de Forza Horizon. Beaucoup moins joli, moins fun et moins maîtrisé que son modèle, The Crew Motorfest est un jeu de course en open world qui ne brille que par la diversité et la richesse de son contenu, avec des dizaines de catégories de véhicules à conduire à travers des dizaines de défis et compétitions. L’ennui, c’est que la conduite manque cruellement de subtilité, que certaines catégories de véhicules sont totalement inintéressantes et que la finition est désastreuse. A titre d’exemple, aucun reflet ne s’affiche dans votre rétroviseur… On est également loin de la claque graphique. Même face à un Forza Horizon 4, sorti il y a cinq ans, le jeu fait pâle figure. A condition de ne pas être trop regardant, il y a toutefois de quoi passer un bon moment sur ce jeu de course, en particulier si on y joue entre amis. 

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The Crew Motorfest

Gameplay 4.5/10
Contenu 8.0/10
Graphismes 6.5/10
Bande son 7.5/10
Finition 4.5/10
6.2

On aime :

Une bande son maîtrisée

Beaucoup de courses, bolides et défis

Certaines courses sont très réussies

On aime moins :

Un open world sans vie

Techniquement très décevant

Une finition désastreuse

Un gameplay sans subtilité

On s'ennuie ferme dans beaucoup de défis