Deux ans tout pile après sa sortie sur PC, le 4X des Français d’Amplitude, Humankind, fait son arrivée sur consoles. L’occasion de découvrir celui qui est devenu une référence du genre. Dire que Humankind nous avait plu à sa sortie en 2021 est un euphémisme. Avec des ambitions hors-normes, le titre parvient sans peine à faire de l’ombre à la cultissime franchise créée par Sid Meier, Civilization. Quoi de plus normal donc que les développeurs tentent de s’aventurer sur consoles, et faire découvrir leur jeu de stratégie à un nouveau public. Pour un test plus complet, nous ne pouvons donc que vous renvoyer vers le test de la version PC. Si vous n’êtes pas habitué aux 4X, l’interface de Humankind peut vite vous paraître confuse. Un didacticiel a d’ailleurs été savamment élaboré par les développeurs pour initier les néophytes au genre. Malheureusement, on lui reprochera de n’aborder les choses qu’à moitié et de ne pas suffisamment accompagner le novice dans ses premières heures de jeu. En revanche, pour les habitués du 4X et notamment de Civilization, les similitudes sont flagrantes et les joueurs se retrouveront très vite en terrain conquis. En parlant de conquête, abordons l’essence même du jeu : la création d’un empire. Lors du lancement de notre partie, une chose nous saute aux yeux. Il nous est en effet impossible d’incarner un dirigeant historique. Si, de prime abord, l’on est un peu déçu de ne pas pouvoir lâcher des bombes atomiques en contrôlant Gandhi, on se rend vite compte que c’est loin d’être une tare. On possède notre propre avatar qui nous suit dans toutes nos parties, et que l’on peut intégralement personnaliser. Plusieurs modèles sont proposés, mais c’est bien plus exaltant de créer son propre dirigeant de A à Z. La création de l’avatar tranche radicalement avec le choix de dirigeant de Civilization. On entre ensuite dans le vif du sujet. La partie commence, et plusieurs choses nous sautent alors aux yeux. L’interface est très proche de celles des autres titres d’Amplitude, Endless Space en premier, ce qui n’est absolument pas pour nous déplaire. Très épurée, mais également très complète, on retrouve très vite et très facilement l’information recherchée en un ou deux clics. Vous vous retrouvez donc sur la carte du monde, à la tête d’un unique éclaireur. Contrairement à un Civilization où vous vous placez où vous le souhaitez et établissez les prémices de votre empire, le début de Humankind est plus réfléchi. Certes, vous débutez dans les deux avec un éclaireur (ou un colon, dans le cas de Civ). Mais ici, vous devrez attendre avant de construire votre empire, en récoltant votre première étoile d’ère. Une fois obtenue votre première étoile d’ère, vous pourrez choisir votre culture, une des grandes forces de Humankind. Si Civilization vous laisse choisir un empire qui vous accompagnera tout au long de votre partie, Humankind joue la carte inverse en débutant la partie sans culture et en pouvant en adopter une nouvelle entre chaque ère. Un concept plutôt séduisant, puisqu’il permet autant d’approfondir une culture durant toute une partie (avec la transcendance, qui booste vos expériences) que de changer de culture entre chaque ère et donc de goûter à tous les types de gameplay. Le principe reste évidemment le même que sur consoles : une culture différente à choisir à chaque nouvelle ère. Si la création d’avant-postes est un moyen pour étendre votre empire, la guerre reste la principale façon de parvenir à vos fins. Le système est ici une franche réussite, puisque Humankind ne propose des petits affrontements expéditifs entre deux unités ennemies. A la place, vous aurez la possibilité de mener des combats au tour par tour avec une quantité d’unités bien plus importante. Si vous désirez notamment attaquer des ennemis en bien plus grand nombre que vous et que vous disposez de renforts non loin de là, ceux-ci prendront automatiquement part au combat. Lors de la prise des cités, Humankind s’inspire d’un certain Total War, avec la possibilité de passer en état de siège pour permettre à vos unités de construire un bélier ou des échelles. C’est donc là une très agréable surprise, puisque les combats prennent une place plus importante que ce qu’ils n’ont dans Civilization. Evidemment, vous ne pourrez pas mener vos guerres tout seul. C’est pourquoi la diplomatie reste le meilleur moyen de vous faire des alliés qui viendront à votre secours sur le champ de bataille. Comme de tradition, les habituelles alliances sont de la partie, tous comme les traités de commerce ou de laissez-passez. Si, dans le fond, Humankind regorge de bonnes idées, on regrettera qu’elles ne soient pas suffisamment bien exploitées, la faute notamment à une IA qui réagit bizarrement. Si la politique extérieure est importante, celle de l’intérieur du pays l’est encore plus. Outre les traditionnelles technologies à rechercher et la religion que vous pouvez créer, un système politique fait son apparition. Très rafraîchissant, celui-ci impacte de près ou de loin la vie de vos citoyens. Chaque loi peut être adoptée d’une manière ou d’une autre avec un impact sur le type de politique que vous menez : interventionniste, conservatisme, libérale… Le tout est plutôt bien fichu et s’inspire très librement de ce qu’Amplitude proposait déjà dans ses Endless Space, où la politique prenait une place très importante. Le gameplay n’est absolument pas idéal pour un contrôle au pad. Tout est perturbant, jusqu’au déplacement des unités. Avec ce portage consoles, c’est tout un gameplay qu’Amplitude s’est vu forcé de revoir. Humankind, c’est une multitude de menus et d’unités à gérer, d’où l’importance d’habilement configurer les commandes. Malheureusement, n’est pas Firaxis avec Civilization Revolution qui veut, les commandes sont vraiment trop perturbantes. Pour ouvrir les notifications, il faut appuyer sur RB (ou R1) et Y. Quand on déplace une unité, il faut revenir en arrière pour choisir les options qui sont les siennes. Un contrôle à la souris est tellement plus optimal. Tout au long de nos sessions de jeu, nous avons été plus qu’agréablement surpris par la beauté des cartes de Humankind. Si, à première vue, elles paraissent très simplistes, on remarque une infinité de détails en zoomant sur les champs, prairies et autres environnements enneigés. Les cours d’eau et lacs sont très propres, tout comme les montagnes, qui apportent un relief non négligeable et très appréciable aux environnements. Les cinématiques, en 2D dessinée, sont quant à elles du plus bel effet et très prenante grâce, notamment, à un narrateur incroyable qui nous fait vivre la moindre ligne de dialogue. Pour accompagner le narrateur, les différentes mélodies, composées par le français Arnaud Roy. Le compositeur travaille depuis des années avec Amplitude, avec qui il a déjà collaboré pour la franchise des Endless. Ses compositions sont d’une profondeur remarquable et jamais une note au-dessus de l’autre. Souvent enchanteresses, calmes et poétiques, elles n’hésitent pas à s’emballer lorsque la situation le requiert, comme lors des combats. Conclusion Quiconque est familier des 4X sait que ce type de jeu n’est réellement confortable qu’avec une souris à la main. Seul Firaxis était parvenu à brillamment transposer Civilization sur consoles, avec Revolution, ce qui n’est malheureusement pas à la portée de tous. Amplitude nous propose ici un Humankind identique en tous points à la version pour ordinateur, ce qui lui fait malheureusement défaut. L’utilisation d’un pad rend bien trop compliquée la navigation dans les menus, bien que le contrôle des unités soit plus aisé. Malgré tout, tout ce que l’on avait apprécié dans le titre d’origine est bien évidemment de la partie. Le système de politique intérieure est une belle réussite, tout comme la gestion des combats et de la construction des villes. Le fait que le titre permette de changer de culture entre deux ères permet de constamment renouveler le gameplay. On regrette toutefois que la diplomatie conduise à des réactions de l’IA souvent étranges. D’un point de vue technique, Humankind s’en sort avec les honneurs. Si vous n’avez pas d’ordinateur suffisamment puissant, cette entrée sur consoles reste heureusement réussie. En d’autres cas, tournez-vous vers la version PC sans plus attendre.