Passé complètement inaperçu par presque tout le monde, Fort Solis est un très bon walking simulator. Quel dommage qu’il ne soit pas présenté comme tel. Nous sommes en 2080, la Terre est en train de devenir inhabitable suite aux effets du réchauffement climatique, et l’humanité se tourne vers de nouveaux horizons. Mars et la possibilité d’une terraformation sont envisagés comme potentiel futur pour l’espèce humaine. C’est dans ce monde que vous incarnez Jack Leary. Accompagné de votre comparse Jessica Appleton, vous travaillez sur Mars quand vous recevez un étrange signal d’alarme provenant d’une base plutôt vétuste : Fort Solis. C’est ainsi que débute Fort Solis. Et ici, nous devons vous prévenir : pour éviter de vous spoiler, nous allons devoir omettre volontairement certains aspects du jeu. Fort Solis est peu ou prou le tout premier jeu à sortir conçu sur l’Unreal Engine 5, et, c’est probablement ce qui fera le plus de son succès à sa sortie tant les médias ont peu parlé du jeu. Et il faut reconnaître que ça se voit : Fort Solis est magnifique. Vous aurez ainsi la joie de découvrir deux technologies graphiques qui avaient beaucoup fait fantasmer : les nanites et lumen. On voit très peu la surface martienne, mais quand on la voit, c’est très réussi… La première est un système qui permet de voir des « meshes » (des objets 3D) de plus en plus détaillés en vous approchant de ceux-ci. Cela permet d’économiser les capacités de votre ordinateur ou console (au dépend de la mémoire) en ayant des graphismes d’une qualité jamais vue. La deuxième est toute simple : un calcul des lumières et des ombres en temps réel. Cela permet d’avoir les effets de lumières les plus réalistes que vous aurez vu. Eh bien figurez-vous que nous avons eu des problèmes avec les deux technologies ! Rien de bien grave en ce qui concerne Lumen. Simplement, en entrant dans de nouvelles pièces et dans la pénombre, vous aurez affaire à des effets visuels un peu étranges. Mais il suffit de se dire que ça fait partie de la patte graphique de l’UE5, et ça passe assez bien. En revanche, les nanites ont bien failli nous poser un gros souci : comme il existe plusieurs versions des mêmes objets, le jeu oublie parfois de charger la version la plus proche, ou le fait un peu tard. Et quand vous devez deviner un mot de passe caché sur un tableau et que vous n’avez pas accès à une texture nette de celui-ci… Heureusement, elle a fini par se matérialiser devant nous après quelques bonnes minutes d’attente. Mais assez parlé de l’UE5. Qu’en est-il du jeu ? Eh bien c’est un très bon walking simulator… Le problème, c’est que Fort Solis n’est pas présenté comme un walking simulator du tout, mais comme un « jeu d’aventure » appartenant au genre du thriller psychologique avec une composante horrifique. Pour ne pas être un walking simulator, Fort Solis a donc eu recours à un subterfuge : des quick time events. Des quick times events qui surgissent de nulle part, à plusieurs dizaines de minutes d’intervalle, au moment où vous y attendez le moins. Mais ce n’est qu’une illusion de gameplay. Comme vous allez par définition rater la moitié de ceux-ci simplement parce que vous aurez oublié que les quick time events existent dans ce jeu, Fort Solis s’est arrangé pour que ceux-ci n’aient aucune incidence sur le scénario. Il s’agit donc bien, véritablement, d’un walking simulator ou d’un film (vaguement) interactif. Un échec durant un QTE n’aura aucune conséquence ! Fort Solis est un jeu très court, 6 heures seulement. Ce qui n’est pas forcément un défaut. Quand on considère que seuls 10% des joueurs terminent les jeux qu’ils commencent, l’idée de faire des jeux plus courts est on ne peut plus logique. Qui plus est, on est là dans la tradition des jeux d’horreurs, lesquels se veulent plutôt court. Mais n’est-ce pas tout de même un peu trop court ? Peut-être pas, le jeu se voulant être une expérience narrative complète et parfaitement renfermée sur elle-même. Toutefois, le scénario connaît un changement de ton et de style très marqué une fois que l’on a passé le tiers du jeu. C’est assez dommage, car on perd une bonne partie de l’ambiance qui avait fait de celui-ci ce qu’il était au tout début. Il aurait donc peut-être bien été nécessaire pour Fort Solis de prendre un peu plus son temps sur cette première partie ? L’ambiance est une réussite pour ce jeu qui parvient parfaitement à installer une atmosphère, même si celle-ci est un peu en contradiction avec ce qui apparaît à la fin du jeu, et peut faire un peu l’effet d’un soufflet qui retombe. Cette atmosphère est en bonne partie portée par une bande sonore extrêmement minimaliste, et qui ne manquera pas de mettre mal à l’aise plus d’un joueur. À noter la magnifique performance de Roger Clark (Arthur Morgan dans Red Dead Redemption 2) et Julia Brown. Même si dans le cas de cette deuxième, elle se bat avec un texte qui fait la part belle à l’humour assez tard dans l’histoire, à un moment où Jessica Appleton devrait déjà avoir pris conscience de la situation et s’avérer moins nonchalante. Même si on est loin d’un Forspoken, le jeu souffre un peu du besoin de dédramatiser la situation même quand ça ne fait aucun sens. Tout ces problèmes disparaissent toutefois à la moitié du jeu. Il nous faut encore parler d’un aspect qui fâche : les bugs. Et là-dessus, pour un jeu de six heures, Fort Solis est… plutôt mauvais. En effet, le jeu fonctionne de telle manière que vous devriez toujours le suivre sur des rails, mais comme il laisse au joueur le soin d’explorer, il vous arrivera fort probablement d’en sortir. C’est là que vous rencontrerez probablement un bug. Si certains sont extrêmement minimes, d’autres sont plus graves. Et là… c’est le bug ! D’autant plus que le scénario du jeu vous demandera parfois de tenter de faire des choses un peu à contresens. Une porte est rouge ? Cela veut dire que vous ne pouvez pas l’utiliser… sauf quand vous pouvez ! Et il n’y a pas vraiment de logique, si ce n’est de porter une attention de chaque instant à ce que dise les deux personnages principaux. Pour ce qui est du prix : 29,99€, c’est peut-être un peu cher au vu de la durée de jeu. Certes, on n’est pas non plus sur un jeu free to play… Mais paieriez vous cette somme pour aller voir un film de 6 heures ? Conclusion Malgré ses gros défauts, Fort Solis n’est pas un mauvais jeu. Le titre se présente comme un walking simulator un peu court, parfois un peu trop abscons dans son exploration, mais qui raconte une histoire solide (quoique plutôt déprimante, vous serez prévenu) et fournit une expérience narrative particulière portée par l’immersion dans une ambiance très prenante… Quand le jeu ne bugue pas ! Car c’est l’un des gros défauts de Fort Solis, le titre est très mal fignolé. Ce qui contraste avec sa réalisation graphique justement solide. En définitive, difficile de ne pas être déçu vu les belles promesses. Les amateurs de science-fiction y trouveront quand même leur compte, à la condition de ne pas en attendre trop du gameplay…