Double Dragon Gaiden : Rise of the Dragon est le petit dernier d’une longue franchise de beat them up qui remonte aux années 80. Et si elle avait su être à l’origine de la plupart des codes du genre, force est de reconnaître qu’en 2023, la série, désormais reprise par un studio singapourien, tient plus de l’auto-parodie que d’autre chose. Double Dragon, l’opus original, est un classique du genre sorti en arcade en 1987 et qui avait su définir un genre et une époque. Il faut dire que le jeu s’inscrit totalement dans l’environnement culturel de son époque : de Bruce Lee à Ken le Survivant, les années 80 sont remplies de films de kung-fu et d’univers postapocalyptiques. C’est dans ce cadre que vont naître les frères jumeaux Billy et Jimmy Lee (oui, comme Bruce), qui évoluent dans un New-York dévasté par une guerre nucléaire et ravagé par une guerre de gangs. Une formule qui restera parfaitement inchangée jusqu’à ce nouvel opus. Si certains jeux de la série, comme Double Dragon Neon, ont tenté d’apporter une renouveau graphique tout relatif à la série, il semble désormais qu’il faille retourner aux sources, voire plus. Car cet opus parvient même à être plus pixelisé que l’épisode original, ce qui est tout de même un tour de force. Le jeu est très… pixélisé. Dès l’écran titre, Double Dragon Gaiden exulte les années 80 avec une musique qui aurait bien eu sa place dans un épisode de Cobra Kai. Difficile de rester indifférent : soit on est porté par le kitsch assumé, soit on déteste. Mais il n’empêche qu’à force de jouer sur la nostalgie, Double Dragon Gaiden en deviendrait presque indigeste. Un système de jetons digne des arcades à l’ancienne est-il encore très adapté de nos jours ? Ce qui est sûr, c’est que le fait de devoir recommencer en permanence la même séquence peut avoir quelque chose d’assez agaçant. Car à moins d’être un collectionneur de personnage, Double Dragon Gaiden ne dispose pas d’une excellente durée de vie. Le jeu se termine en deux heures, en étant généreux. Ce sont donc ces mêmes deux heures qui se répètent inlassablement, puisque presque chaque partie se soldera par un échec qui vous forcera à recommencer du début. Et comme l’accumulation des jetons est très lente, il vous faudra refaire la même chose maintes et maintes fois avant de pouvoir débloquer du nouveau contenu. La boucle de gameplay en elle-même est très similaire à ce que vous pouvez attendre d’un jeu Double Dragon. Ou de n’importe quel beat them up : avec deux personnages que vous jouez en alternance, vous affrontez quatre gangs dans quatre zones différentes. Après avoir affronté la foule des ennemis, vous vous trouvez face à un boss. À chaque fois que vous battez le chef d’un des gangs, le Q.G. des autres clans “s’upgrade”, et les niveaux deviennent de plus en plus longs, en deux ou trois parties avec à chaque fois des boss plus élevés. Et vous aurez l’occasion, entre deux boss, d’upgrader votre personnage. Des momies, du sable et des pyramides, en plein New York post-apocalyptique ! Les jetons sont conçus non seulement pour acheter des personnages et des bonus supplémentaires, mais également pour sauver votre partie. Car au moindre échec, si vous n’avez pas de quoi payer, vous recommencez à zéro. Vous pouvez aussi, en cours de partie, ressusciter vos personnages pour quelques dollars que vous aurez collecté en battant des niveaux. Mais attention: le prix augmente à chaque résurrection… Un autre souci apparaîtra aux joueurs sur PC. Si nous vous conseillons bien évidemment de jouer à Double Dragon Gaiden au moyen d’une manette, pour ceux n’en ayant pas, il est impossible de changer la disposition des commandes du jeu, qui sont calibrées sur le QWERTY. Un problème qui peut vite être réglé en changeant de disposition du clavier directement sur l’ordinateur, certes, mais qui peut s’avérer très agaçant. Du reste cependant, Double Dragon s’avère être un jeu tout à fait sympathique, bien qu’il ne casse pas les codes du genre et n’invente rien de bien nouveau. Les quatre personnages de base ont des mouvements variés qui permettent un gameplay diversifié, bien qu’on puisse regretter un certain déséquilibre entre, par exemple, un personnage de Marian qui, avec son attaque à distance et ses attaques spéciales explosives, est presque « overpowered », et un personnage d’Uncle Matin, certes très balèze, mais dont la lenteur fait un personnage sous-optimal. Vous aurez donc tendance à tout le temps vouloir jouer avec la même équipe. On notera également, en parlant des attaques des personnages, que les capacités spéciales de ceux-ci tendent à varier de manière presque aléatoire. C’est particulièrement le cas pour Marian, qui oscille entre trois attaques différentes, du Bazooka au Fouet, sans qu’on puisse vraiment déterminer ce qui déclenche l’une ou l’autre. Le temps de latence entre deux coups reste assez long, et on perd souvent le contrôle de son personnage pendant de longues secondes alors que celui-ci se prend une rafale de coup. Ce qui peut s’avérer plutôt agaçant, mais correspond plutôt bien à la réalité des arcades à l’ancienne. Le jeu est tout à fait sympathique en multijoueur, où il constitue un bon divertissement entre amis qui ramènera avec plaisir ceux-ci dans la même pièce à une époque ou le multijoueur se décline surtout en ligne. En solo, toutefois, le jeu n’a pas beaucoup d’intérêt, sauf à se plonger dans une ambiance volontairement kitsch. Rien de bien étonnant pour un jeu du genre. Un sympathique mode multijoueur pour deux Il n’empêche que Double Dragon Gaiden a un prix. Et celui-ci (29,99€) n’est pas négligeable, au vu du peu de contenu qu’il a à offrir et de sa réalisation très bancale. Car si le Pixel-Art est un style à part entière, il faut bien reconnaitre qu’ici, il joue fort les cache-misère… Conclusion Double Dragon Gaiden est un jeu qui saura plaire aux fans inconditionnels des années 80, pas trop regardants sur la qualité, mais qui aura bien du mal à trouver son public ailleurs. Ce petit beat them up rétro a le mérite de se présenter comme un jeu apéro très sympa entre amis. Mais le vide abyssal en terme de contenu ne justifie pas ce prix et surtout les boucles de gameplay et le système de jetons finiront par mettre un terme à la patience des joueurs les plus aguerris. Si, sur le papier, l’initiative de redonner vie à la série des Double Dragon était louable, le résultat aura sans doute du mal à convaincre, la faute à une réalisation très sobre, avec un style pixel art pauvre, et à un gameplay mal calibré. Clairement, on aurait préféré à un revival à la Streets of Rage…