Test – Master Detective Archives Rain Code : le nouveau jeu du papa de Danganronpa

Après deux jeux ayant moyennement convaincu, le studio Tookyo Games propose cette fois une nouvelle aventure beaucoup plus efficace. Avec ce Master Detective Archives Rain Code, le studio japonais signe un bon hybride entre RPG et jeu d’enquête, mais son univers ne plaira pas à tout le monde.

Dans la sphère des jeux japonais au budget modeste, plusieurs jeux narratifs et d’enquêtes se sont illustrés durant cette dernière décennie. Les amateurs de ces genres penseront peut-être aux productions de Spike Chunsoft telles que les jeux de la série Zero Escape ou encore celle qui nous intéresse un peu plus aujourd’hui : Danganronpa. Les têtes pensantes des deux séries citées plus haut sont d’ailleurs derrière la création du studio Tookyo Games, la société derrière le sujet du jour. Si leurs productions sorties depuis la création de l’entreprise en 2017 n’ont pas fait grand bruit, ce nouveau jeu a tout de même bénéficié d’une communication plus conséquente, notamment grâce à ses passages dans plusieurs Nintendo Direct due à son exclusivité sur Switch. Dès à présent disponible, ce Master Detective Archives : Rain Code ne plaira sans doute pas à tout le monde à cause de sa proposition un peu excentrique, mais se révèle pourtant être un jeu narratif convaincant.

On doit surtout le projet à Kazutaka Kodaka, le papa de Danganronpa, dont ce nouveau titre hérite du style d’écriture et de l’ambiance un peu folle. Dans cette nouvelle aventure, nous suivons Yuma Kokohead, un jeune homme se réveillant dans une gare. Ce dernier semble avoir perdu la mémoire, mais trouve un avis de mutation lui demandant de se rendre à Kanai Ward, une ville remplie de mystères où la pluie ne cesse de tomber. Yuma comprend alors qu’il fait partie des “Maîtres Détective”, une organisation d’enquêteurs possédant des capacités surnaturelles et travaillant dans l’ombre. Une enquête introductive se déroule dans le train menant à Kanai Ward, alors que tous les passagers sont assassinés, à l’exception de notre protagoniste. C’est à l’aide de Shinigami, une déesse de la mort avec qui Yuma a passé un pacte avant de perdre la mémoire, qu’il va devoir élucider plusieurs affaires au cours du jeu.

Kanai Ward est une ville charmante à visiter.

L’aventure va donc majoritairement se dérouler dans cette ville pluvieuse où nous pourrons visiter plusieurs quartiers librement. Ce Master Detective Archives est une sorte d’hybride entre un jeu d’enquête très narratif, ainsi qu’un RPG. Si le gros de l’aventure se déroule sur les rails du scénario, le jeu nous permet de visiter la ville et d’effectuer quelques quêtes annexes. Durant les phases d’enquête, le gameplay se déroule très classiquement. Nous devons nous entretenir avec des personnages, fouiller les environnements à la recherche d’indices, choisir les bonnes répliques… Jouer efficacement rapporte des “Points de Détective” qui seront utiles lors de nos explorations dans le labyrinthe des mystères.

C’est là que les choses se complexifient. Une fois assez d’indices récupérés, les pouvoirs de Shinigami permettent à notre personnage d’entrer dans le labyrinthe des mystères. Il s’agit d’une dimension abstraite et folle qui matérialise les mystères du monde réel. Une phase de jeu débute alors dans laquelle il faut résoudre les nombreuses énigmes de l’enquête à l’aide de tous nos indices en réalisant des mini-jeux et des combats. Ces derniers consistent à esquiver les discours de personnages et à trouver une faille dans leur argumentaire, avant de (littéralement) trancher la phrase incorrecte grâce à notre épée contenant le bon indice. Les Points de Détective cités plus haut permettent de monter de niveau et de gagner d’autres points à dépenser dans un arbre de compétence.

Les combats demandent de confronter les ennemis à leurs mensonges.

Cet univers sans logique permet des situations plus folles les unes que les autres. Le gameplay des combats sera sans doute familier pour les fans de Danganronpa, nous retrouvons des idées similaires qui restent plutôt originales pour un jeu du genre. Nous pourrions cependant pointer du doigt le manque de difficultés de ces phases de jeu puisqu’il n’y a que très peu de conséquences en cas d’échec. Nous possédons un nombre limité de tentatives (symbolisées par la barre de vie de notre personnage) pour répondre aux questions et aux combats, mais le titre reste très généreux et un game over nous demande simplement de tout recommencer, les réponses ne varient évidemment pas puisqu’elles sont liées au scénario. Il est donc virtuellement impossible d’échouer, même lorsque l’intrigue nous demande des réponses un peu tirées par les cheveux. Le titre est cependant prenant grâce à la mise en scène de ces passages et l’excentricité du labyrinthe qui est toujours très divertissante.

Le scénario possède beaucoup de qualités et se parcourt sans peine grâce à une intrigue remplie de mystères qui sait nous donner envie d’en savoir plus. Nous retrouvons le grain de folie propre à cet auteur dans un univers dystopique, avec de légères touches de science-fiction. L’écriture est plus que correcte, avec des personnages haut en couleur et un petit aspect comique grâce à la présence de Shinigami, une adepte de l’humour noir. Il faut aussi souligner le vrai travail de mise en scène malgré un jeu qui, on s’en rend compte très vite, n’avait pas les moyens d’un AAA.

Différentes interactions sont possibles avec plusieurs personnages.

S’il reprend beaucoup de la précédente série de Kazutaka Kodaka, il en va de même pour le character-design des personnages que l’on doit au même artiste (Rui Komatsuzaki). Le style visuel se démarque cependant en proposant un univers entièrement en 3D. Le titre n’est visuellement pas déplaisant, surtout grâce à sa direction artistique créative, il est pourtant très perfectible techniquement. De nombreux détails visuels clochent tandis que le framerate est tout aussi instable. On se console grâce à la très bonne direction artistique et aux morceaux mémorables de sa bande-son.

Master Detective Archives : Rain Code est un titre qui dure quelques dizaines d’heures et qui intéressera sans doute les amateurs de jeux d’enquêtes, mais qui risque d’en rebuter plus d’un à cause de ses nombreuses excentricités. Les plus ouverts à la proposition y trouveront un jeu créatif et une aventure unique, malgré une couche de soucis techniques amenés par son budget limité.

Conclusion

Après deux productions qui ont moyennement convaincu la critique et les joueurs, le studio Tookyo Games propose Master Detective Archives : Rain Code, un jeu d’enquête chapeauté par Kazutaka Kodaka, le papa de Danganronpa. Dans cette nouvelle aventure, nous suivons Yuma Kokohead, un jeune détective qui, accompagné d’une déesse de la mort, va devoir résoudre plusieurs affaires criminelles dans la ville mystérieuse de Kanai Ward. Mélange entre un jeu d’enquête et un RPG, ce titre très narratif va nous demander de récolter des indices avant de nous envoyer dans le “labyrinthe des mystères”, une dimension abstraite qui matérialise les éléments de l’enquête sous différentes formes. Cette dimension réserve quelques combats aux mécaniques originales, malgré un très gros manque de challenge. Avec un scénario très convaincant, le jeu arrive à impressionner grâce à son écriture, et parfois même à sa mise en scène qui sait être ingénieuse malgré un clair manque de budget. Le titre n’est certainement pas un AAA comme en témoignent ses visuels datés. Sa direction artistique est tout de même charmante et l’aventure propose une ambiance mémorable. Si le titre n’est pas une réussite sur tous les plans, Master Detective Archives : Rain Code est un jeu unique qui ravira celles et ceux qui apprécieront l’univers déjanté qu’il propose.

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Master Detective Archives : RAIN CODE

Gameplay 7.5/10
Contenu 8.0/10
Graphismes 6.5/10
Bande son 7.5/10
Finition 6.5/10
7.2

On aime :

Un scénario réussi

Des idées de gameplay originales

Une ambiance unique

Une direction artistique solide

On aime moins :

Une mise en scène en dents de scie

Visuellement perfectible

Aucune difficulté