Direction la Première Guerre mondiale, ses tranchées et ses bunkers dans ce quatrième opus de la franchise Amnesia. Après The Dark Descent et son château abandonné, A Machine for Pigs en 1899 et Rebirth dans un désert algérien dans l’entre-deux-guerres, la franchise Amnesia s’attaque cette fois à un tout autre morceau : la Première Guerre mondiale. Tranchées mais surtout bunker sont au programme de ce quatrième épisode de la franchise d’horreur, qui nous plonge une fois encore dans un épisode ô combien angoissant. C’est dans la peau d’henri Clément, un soldat français de la Première Guerre mondiale, que vous vous réveillez après avoir subi les effets néfastes du gaz moutarde dans une tranchée. Couché à l’infirmerie d’un étrange bunker dont vous ne savez rien, vous devez trouver un moyen d’en sortir tout en survivant face à un atroce monstre qui n’a épargné absolument personne au sein de l’abri sous-terrain. Vos seules armes seront un revolver, des grenades et la lumière, que redoute plus que tout l’entité démoniaque qui vous poursuit. Un peu à la manière d’un Outlast, Amnesia The Bunker ne vous laisse que très peu de chance face à la créature. Votre arme ne pourra jamais réellement la tuer, si ce n’est la ralentir, et la lumière artificielle la renverra dans sa tanière jusqu’à ce que le générateur vienne à manquer de fuel. Une partie de cache-cache tout en résolvant des énigmes et en comprenant pourquoi vous êtes là, c’est à peu près tout ce que vous aurez à faire dans The Bunker. L’utilisation de ce revolver qui vous accompagnera durant les six heures de jeu est juste chaotique et catastrophique. D’autant qu’on ne peut pas dire que le scénario nous aide vraiment à vouloir aller de l’avant. Et pourtant, c’est pas faute d’avoir commencé sur les chapeaux de roue avec une intro du feu de Dieu. Plongé dans une tranchée submergée par les Allemands, votre héros français et un acolyte doivent s’enfuire et survivre face à l’envahisseur. Les balles fusent de partout, ça court dans tous les sens et vous devez même tirer sur une nuée de soldats allemands se trouvant en hauteur. Honnêtement, ça claque et on a l’impression de revivre une scène des très réussis Call of Duty du milieu des années 2000. Mais une fois ce passage achevé, la progression est beaucoup lente et le scénario passe clairement au second plan. Si ce n’est les quelques notes trouvées qui expliquent l’histoire du bunker ou les rares PNJ sur le point de mourir, vous êtes seuls et vous errez sans réellement savoir vers où. Le gameplay, lui, n’est pas folichon. Très lourd et lent, on a l’impression de traîner notre personnage comme un boulet et de ne pas du tout avancer dans les couloirs, seule la course accélère le pas mais nous rend alors plus repérable pour l’ennemi. Et pour se défendre, quoi de mieux qu’un bon vieux Révolver 1892 utilisé pendant la Grande Guerre par les Français ? Dès les premières minutes, vous aurez à vous familiariser avec cette arme de poing très capricieuse, au recul énorme et aux quantités très limitées de munition. C’est avec cette arme que vous passerez l’entièreté de votre aventure et avec laquelle vous vous battrez pour la manier correctement. Très lourde et peu précise, elle dispose d’un viseur peu pratique (je suppose que c’était le cas de toutes les armes à cette époque) et votre personnage, le stresse jouant peut-être, bouge beaucoup en visant. Il vous faudra ainsi un long temps d’adaptation, à condition que vous vous y adaptiez bien évidemment. La lumière revêt une importance toute particulière dans cet opus, avec des jerrycans de fuel qui viennent alimenter un générateur. Le point fort de la franchise est toutefois l’ambiance qu’elle parvient à instaurer dans tous ces jeux. Dans The Bunker, on passe même d’un champ de bataille où les coups de feu et de canon sont légion à l’intérieur du bunker très (trop) calme et ultra angoissant. Il n’y a pas un bruit, si ce n’est les quelques tremblements de terre provenant d’obus atterris sur le toit ou les passages du monstre entre les murs ou dans les couloirs. L’ambiance, ultra malsaine, se ressent dans chacune des pièces du bunker. Que ce soit avec un cadavre totalement déchiqueté, un soldat en sang sur le point de mourir et vous demandant de l’achever avant qu’il ne soit rattrapé par la créature ou encore des lumières vacillantes et dépendantes de la réserve de fuel, vous ne serez jamais totalement serein. La bande-son y est pour beaucoup, nous y reviendrons, mais l’utilisation des lumières aussi. Vous disposez de votre revolver donc, mais aussi d’une petite lampe torche dynamo qui se décharge après quelques secondes. Facilement rechargeable, elle ne vous permettra que de vous repérer dans les couloirs. Le monstre, lui, est aveuglé par la lumière, mais il vous faudra alimenter le bunker en énergie pour réellement être tranquille, le dynamo ne suffisant pas à elle seule. Grâce à des jerrycans d’essence que vous trouverez ici-et-là, vous pourrez alimenter le générateur pour un temps. Cela vous “protègera” de la créature, mais que pour quelques minutes, matérialisée par un chronomètre de poche qui vient ajouter au stress omniprésent. Vous devrez vous dépêcher pour résoudre les énigmes et progresser dans les couloirs avant que la lumière ne s’éteigne et que vous soyez à nouveau vulnérable. Nous avoir donné ce revolver n’est probablement pas la meilleure idée de ce soldat quand on voit à quel point il est difficile à manipuler … Nous évoquions l’importance de la bande-son dans une telle production. Sur ce point, les équipes de Frictional Games ont abattu un travail de haute voltige avec le compositeur. La musique se veut discrète, mais quand elle intervient, c’est toujours pour une bonne raison et de manière extrêmement juste. En revanche, heureusement que la bande son vient sauver une technique assez hasardeuse, qui n’avait jamais été le fort dans l’histoire de la franchise. Les textures sont datées et les animations foirées. Les effets de lumière, très importants dans The Bunker, sont eux très réussis. Enfin, là où Rebirth s’achevait en une bonne dizaine d’heures, The Bunker se boucle bien plus rapidement. Comptez 5 heures si vous l’achevez en ligne droite et une minuscule heure supplémentaire si vous cherchez les notes et documents additionnels. Vendu 25€, The Bunker aurait au moins pu avoir l’honnêteté de durer plus longtemps… Conclusion Avec The Bunker, les développeurs de la franchise Amnesia s’attaque à une partie de l’histoire rarement explorée dans les jeux vidéo : la Première Guerre mondiale. Si la transposition de ces heures sombres de notre Histoire à un univers d’horreur ultra angoissant est très réussie, c’est principalement la mise en œuvre qui est plus chaotique. Le scénario pointe aux abonnés absents après une incroyable introduction et le gameplay, gros point noir du jeu, est très compliqué à appréhender et les 6 petites heures de jeu ne suffisent absolument pas pour le maîtriser complètement. En revanche, et c’est là que réside la force de la franchise, c’est dans son univers et son ambiance. Glauques, stressants, angoissants, effrayants… Les qualificatifs ne manquent pas pour définir les couloirs de ce bunker abandonné en proie à cette créature terrifiante. Dommage que le fond ne soit pas terrible, parce que la forme de ce Amnesia The Bunker est ô combien réussie.