La conception de matériaux intelligents est une avancée absolument indispensable dans le cadre de la robotique. Et si on a déjà fait beaucoup de progrès pour tout ce qui concerne les textiles, le papier manquait encore à l’appel. Un chercheur de l’université de Tsinghua à Pékin, le professeur Bo Yuan, a mis au point un papier considéré comme « intelligent ». Rien à voir avec les smartphones ou smart TV, car il s’agit ici de l’intégration de métal liquide à une feuille de papier. Quelque chose qui n’a l’air de rien, mais qui permettra probablement de grandes avancées dans le domaine de « la robotique molle », c’est-à-dire la construction de machines utilisant des matériaux flexibles : silicone, caoutchouc, plastique mou, et donc papier. Pour cela, il fallait parvenir à intégrer le métal liquide, et s’assurer que le résultat final conservait les propriétés du papier. Tout cela n’était pas une mince affaire, car les propriétés adhésives du métal sont limitées. Mais l’équipe y est finalement parvenue en mettant au point un liquide qui vient se loger dans les plus petites cavités du papier. De petites aspérités microscopiques qui vont donc permettre de maintenir une couche métallique autour de la feuille. Pour cela, les matériaux utilisés pour l’alliage étaient du bismuth, de l’indium et de l’oxyde d’étain. Un alliage qui, s’il est considéré comme « liquide » ne risque pas de fondre et de quitter la feuille de papier en dessous d’une température de 60 °C. Après avoir appliqué cet alliage sur le papier, et avoir procédé à quelques origamis afin de démontrer que le matériau avait conservé toutes ses propriétés, l’équipe a finalement pu crier victoire. Crédit photo : Bo Yuan, Université de Tsinghua Mais au-delà du papier, c’est en réalité tout un ensemble de gadgets que l’équipe entend bien pouvoir créer en utilisant la même méthode. Une méthode qui permettra de remplacer les adhésifs utilisés pour parvenir au même résultat qui ont tendance à dégrader les propriétés du métal. Car ce sont les propriétés métalliques que l’on cherche à transmettre au matériau « intelligent » : conduction de l’électricité, réactivité à la chaleur… Autant d’éléments qui n’ont l’air de rien, mais qui pourraient faire toute la différence dans la mise au point de machines complexes utilisant les propriétés du papier.