Annoncé en 2020, le nouvel épisode numéroté de Final Fantasy débarque enfin, en exclusivité sur Playstation 5. Le titre est réalisé par une équipe qui a récemment fait ses preuves sur la licence, mais qui, à travers ce seizième opus, nous fournit une proposition qui ne plaira pas à tous les fans de la série. Huit ans après un Final Fantasy XV au développement complexe, Square Enix propose un nouvel épisode numéroté de la licence culte. Un opus conçu cette fois par une équipe que les fans de l’univers connaissent bien. Il s’agit de l’équipe interne “Creative Business Unit III”, les développeurs derrière le sauvetage du MMORPG désormais acclamé par la critique et les fans : Final Fantasy XIV. Si l’on retrouve le fameux Naoki Yoshida dans le rôle de producteur, l’équipe de développement se compose de plusieurs concepteurs expérimentés qui donnent une tout autre identité à ce seizième épisode. Car c’est bien là l’une des spécificités de la licence, chaque épisode numéroté propose des mécaniques de jeu et un univers différent, malgré de nombreux points communs. Le nouvel opus ne déroge pas à cette règle, mais prend des risques en altérant radicalement les habitudes. Final Fantasy XVI nous conte des évènements se déroulant dans le monde de Valisthéa. Plusieurs royaumes se sont formés autour des cristaux-mères, des cristaux géants qui produisent de l’éther et qui permettent l’utilisation de la magie. Chacune des grandes nations possède également un “émissaire”, un personnage capable d’utiliser les pouvoirs des primordiaux, des créatures surpuissantes que les habitués de la franchise reconnaîtront. L’aventure prend place dans un contexte géopolitique tendu à cause de la progression du “fléau”, un phénomène progressif qui semble faire disparaître toute forme d’éther et de vie sur plusieurs territoires. Nous incarnons alors un protagoniste nommé Clive Rosfield à travers plusieurs périodes de sa vie. Si le titre nous plonge directement dans la peau d’un Clive adulte au bon milieu d’une bataille démesurée entre deux primordiaux, il ne faut pas attendre très longtemps pour que l’histoire fasse un détour dans le passé, et qu’elle nous révèle qu’il est le fils de l’archiduc de Rosalia et le grand-frère de Joshua, l’émissaire de Phoenix. Un flashback d’une importance capitale dans lequel se trouve la cause de cette aventure. Sans trop en dire, Clive va lutter à travers le monde en compagnie de plusieurs camarades rencontrés sur le chemin. L’aventure commence par un retour dans le temps où nous contrôlons le protagoniste âgé de 15 ans. La franchise a l’habitude de proposer des gameplay au tour par tour ou plus stratégiques, mais de nombreux spin-offs ont aussi essayé une approche “Action-RPG” en temps réel, tandis que Final Fantasy XV a définitivement ancré le genre dans l’ADN de la licence. Il vaut mieux savoir dans quoi nous mettons les pieds, Final Fantasy XVI embrasse encore plus le jeu d’action, un choix risqué tant les fans de longue date se sont montrés peu réceptifs à cette approche par le passé. Il s’agit aussi d’un épisode qui s’éloigne beaucoup des promesses du quinzième opus, qui entendait proposer un monde ouvert et une plus grande liberté. Les membres de Creative Business Unit III ont opté pour une approche beaucoup plus linéaire, presque entièrement narrative. Dès le départ, Final Fantasy XVI assume cette approche. Le scénario du titre prend très souvent le dessus sur les phases de jeu, proposant de longues cinématiques qui nous incitent à poser la manette. Côté gameplay, le jeu se divise en plusieurs zones, certaines plus ouvertes que d’autres. Il propose régulièrement des passages et donjons en couloir qui ressemblent à s’y méprendre à des niveaux de beat-them-all comme ceux d’un Bayonetta ou d’un Devil May Cry. Le nouveau Final Fantasy pousse même cet aspect plus loin en nous permettant de reparcourir ces passages linéaires en sauvegardant notre meilleur score, et même d’avoir accès à un mode entraînement pour travailler nos combos. La filiation avec la série de Capcom n’est pas fortuite puisque, à l’occasion du développement de ce seizième jeu, l’équipe de Square Enix a accueilli Ryota Suzuki, le “combat designer” de la dernière aventure de Dante et Nero. Final Fantasy XVI propose tout de même quelques éléments de RPG comme la gestion de notre équipement, des points de compétences à dépenser dans des techniques de combat ou encore la présence de quêtes annexes. Les environnements sont souvent linéaires. Clive est un épéiste qui est capable d’utiliser les pouvoirs des primordiaux. Différents coups d’épées, esquives et parades sont au programme, ainsi que ce qui va amener de la profondeur au système de combat : les compétences des primordiaux. Chaque primordial propose une capacité obligatoire (Phoenix permet par exemple de se téléporter directement devant l’ennemi) ainsi que deux emplacements d’attaques supplémentaires à choisir. Ces compétences sont puissantes, mais soumises à un temps de recharge une fois utilisées, le défi est alors d’enchaîner les différentes compétences pour créer des combos dévastateurs, tout en sachant qu’il est possible d’alterner entre trois primordiaux (pour un total de six compétences) en plein combat. Un système qui pousse à l’expérimentation grâce à la présence d’affrontements qui vont durer très longtemps si l’on n’exploite pas nos attaques de manière optimale. Les fans des derniers Final Fantasy vont retrouver le système de “déstabilisation” qui permet d’infliger beaucoup plus de dégâts aux ennemis, une mécanique qu’il faut aussi exploiter au mieux. Si la profondeur et l’exécution du gameplay n’est pas aussi exigeante que dans un Devil May Cry, le nouveau Final Fantasy se montre pourtant très convaincant. Il faut cependant patienter plusieurs heures avant de vraiment profiter de sa diversité. Les pouvoirs des primordiaux se débloquent au fil du scénario et les compétences de Phoenix restent les seules disponibles durant les premières heures de jeu. Le titre prend sans doute un peu trop son temps avant de nous donner les clés pour jouer avec ses systèmes, ce qui rend les combats parfois monotones en début de jeu. Une fois ce cap dépassé, l’expérience est un véritable plaisir et un bon défi puisque le titre n’hésite pas à nous mettre des bâtons dans les roues. Certains combats sont exigeants, mais Final Fantasy XVI pense également aux néophytes. Le jeu ne propose pas de modes de difficulté à proprement parler, mais plutôt des pièces d’équipements (disponibles dès le départ) qui permettent de simplifier le gameplay. L’un des accessoires permet par exemple à Clive d’esquiver les attaques ennemies automatiquement, de quoi aider les moins habitués. Les combats de primordiaux sont de grands moments. Si le manque d’ouverture et de liberté du jeu peut être un frein, une aventure rythmée par le scénario possède aussi l’avantage d’avoir un récit plus riche et une narration plus travaillée, et Final Fantasy XVI n’hésite pas à faire dans la démesure. Nous n’expliquerons pas le pourquoi du comment, mais plusieurs passages du scénario nous donnent le contrôle d’Ifrit, l’un des primordiaux, pour des combats vraiment impressionnants. Des passages mémorables qui alternent entre gameplay et cinématiques de manière spectaculaire. Final Fantasy XVI n’est cependant pas irréprochable dans sa présentation. Comme souvent dans ce genre de jeux, la mise en scène des cinématiques est on ne peut plus plate lors des quêtes annexes et des moments moins importants. Le framerate est aussi fluctuant, même dans son mode “fluidité”, oscillant entre 30 et 60 images par secondes dépendant des situations (à noter que, selon Square Enix, la mise à jour proposée le jour de la sortie devrait corriger quelques soucis de performance). Le titre est toutefois globalement très joli. Malgré ces quelques faiblesses, le terme qui représente le mieux l’aventure que propose Final Fantasy XVI est sans doute “Épique”. Le scénario est prenant et démarre très vite grâce à une introduction efficace. Le titre met en scène des personnages attachants dans un univers plus sombre qu’à l’accoutumée, avec une écriture très convaincante et engagée qui aborde des thématiques fortes. L’intrigue se suit sans trop de problèmes même si elle cache un univers évolutif et complexe. Fort heureusement, Final Fantasy XVI a la volonté de le rendre compréhensible, et ce, de plusieurs manières. Ce genre d’histoires aux enjeux politiques importants peuvent parfois nous perdre à travers tous ces noms de royaumes et autres termes propres à l’univers. Le titre fait le choix intelligent de proposer de nombreuses ressources pour consulter des définitions et résumés d’évènements, ainsi qu’une carte interactive montrant les différentes actions des royaumes et de nos personnages durant les époques couvertes par le jeu. Il est aussi possible d’afficher des informations sur les personnages ou les sujets abordés en plein milieu des cinématiques. Plusieurs personnages différents nous accompagnent tout au long du scénario. Le titre est accompagné d’une bande-son grandiose de Masayoshi Soken, qui alterne entre morceaux héroïques et d’autres plus paisibles lors de nos explorations. Le nouveau Final Fantasy propose également un doublage en français très convaincant qui nous accompagne durant ce long scénario. Comptez une quarantaine d’heures pour en voir le bout, mais il faut ajouter quelques dizaines d’heures supplémentaires pour parcourir tout le contenu. Final Fantasy XVI n’invente pas grand-chose, mais réussit grandement dans ce qu’il entreprend. Malgré sa complexité (à la fois dans ses mécaniques de jeu, mais aussi dans son univers) le titre se veut accessible, même s’il risque de fâcher les fans de longue date en proposant une approche très différente. Le dernier-né de cette franchise culte est une véritable expérience “next-gen” qui impressionne. Conclusion Presque trois ans après son annonce, Final Fantasy XVI débarque en exclusivité sur Playstation 5. Ce nouvel épisode a la lourde tâche de succéder au chaotique Final Fantasy XV, un opus cassé par de nombreuses années de développement houleux. Derrière ce seizième opus, nous retrouvons l’équipe de Square Enix derrière la renaissance de Final Fantasy XIV, désormais un MMORPG acclamé pour ses nombreuses qualités. Une équipe qui a donc fait ses preuves, mais qui nous propose cette fois un Final Fantasy qui divisera sans doute. Ce nouveau jeu se déroule dans l’univers de Valisthéa, une terre dans laquelle plusieurs royaumes sont en guerre. Nous contrôlons alors Clive Rosfield, un homme de 28 ans qui se lance dans une quête pour bâtir un monde meilleur. Le scénario du jeu est omniprésent et également une très belle réussite grâce à une écriture maîtrisée, un univers riche et accessible. Ce dernier prend souvent le pas sur le gameplay en offrant un déroulé très linéaire. Le titre propose tout de même de se battre contre tout un tas de créatures en contrôlant Clive. Un gameplay entièrement en temps réel qui rappelle quelques beat-them-all comme Devil May Cry. Les possibilités restent limitées durant plusieurs heures de jeu, mais une fois ce cap passé, le système de combat est très efficace. Final Fantasy XVI se démarque aussi artistiquement, en proposant une excellente bande-son et de magnifiques décors. Le titre se montre un peu moins efficace dans sa technique, avec un framerate fluctuant et une mise en scène parfois très plate malgré des moments grandioses. S’il n’invente rien, Final Fantasy XVI est un épisode particulièrement convaincant dans ce qu’il entreprend, mais qui pourrait aussi décevoir les fans des traditions de la série.