Avec son casting très fort, Crime Boss: Rockay City avait beaucoup fait parler de lui à son annonce, en décembre dernier. La présence d’un certain Chuck Norris au casting permet-elle au jeu de casser le game ? Oui, mais pas nécessairement dans le bon sens du terme… Clint Eastwood, Danny Glover, Kim Bassinger ou encore Dany Trejo. Un casting de rêve qui a plus souvent eu l’habitude d’apparaître au générique des plus gros blockbusters des années 1980 que dans un jeu vidéo. C’est pourtant le cas dans Crime Boss: Rockay City. Après avoir énormément fait parler de lui aux Game Awards en décembre en raison, notamment, de son casting, le titre est rapidement tombé aux oubliettes. La première sortie sur PC en mars n’a pas non plus fait beaucoup parler d’elle, jusqu’à ce que le titre débarque en grande pompe en ce mois de juin sur consoles. Pour une première expérience, Ingame Studios ne s’est certainement pas contenté d’un petit morceau. Un casting de rêve et ultra prometteur, un gameplay original combinant gestion, sessions FPS et braquage… Les développeurs allaient indéniablement être attendus au tournant, à tel point que leurs épaules n’étaient peut-être pas assez solides pour une telle production qui frôle les limites du AAA. En effet, on a clairement l’impression qu’un très gros budget a été débloqué par 505 Games pour ce Crime Boss. La promesse du studio est forte. Vous êtes Travis Baker, le nouveau paria du crime à Rockay City qui tente d’avoir la mainmise sur le trafic de drogues, des produits de luxe ou encore sur le contrôle des quartiers de la cité américaine. En se forgeant une équipes de bras-droits, une armée et un véritable patrimoine, votre personnage va tout faire pour éliminer un à un les obstacles qui se dresseront sur son passage, qu’ils fassent partie de la pègre ou des forces de police. Dans le jeu, Chuck Norris n’a pas besoin de chercher les criminels, ce sont les criminels qui le cherchent. Nous l’évoquions plus haut, Crime Boss c’est avant tout un casting cinq étoiles, qui a toutes les armes en main pour assurer un scénario de feu et des personnages charismatiques. Michael Madsen (Kill Bill, Reservoir Dogs) incarne le héros principal, épaulé par Kim Basinger (L.A. Confidential, 8 Mile), Danny Glover (L’Arme Fatale, Predator 2) et Michael Rooker (Les Gardiens de la Galaxie, The Walking Dead). Face à lui se dresseront plusieurs chefs de gang ennemis, dont Vanilla Ice et Danny Trejo (Une Nuit en Enfer, Machete), ainsi qu’un Texas Ranger nommé Chuck Norris, qu’on ne présente évidemment plus. De grands noms de la télévision et du 7e art, qui donnent toutefois l’impression de jouer dans une vieille série B des années 1990. Les acteurs surjouent sans qu’on ne sache réellement pourquoi. Cela aurait été bienvenu si le titre avait insisté sur l’exagération, en ce compris le scénario, mais on a vraiment l’impression que c’est plus un mauvais jeu d’acteur qu’autre chose, ce qui est évidemment surprenant. Seul Chuck Norris tient un rôle à sa grandeur, quoiqu’avec un doublage purement catastrophique. D’autant que le scénario n’est pas non plus très accrocheur. Un mafieux arrive en ville, veut capturer les différents quartiers et s’en approprier les différentes richesses. Punt aan de lijn. À aucun moment nous n’avons le droit à un plot twist qui vient rebattre les cartes, c’est très linéaire et téléphoné. Vous vous rappelez de The Expandables, ce film d’action qui mise tout sur la forme avec un casting incroyable et un fond qui sent le néant absolu ? Et bien on est en plein dedans. Si la modélisation des acteurs est fidèle et réussie, les graphismes globaux sont plutôt décevants. Rendons toutefois à César ce qui lui appartient, la modélisation de ces grands acteurs est impeccable. On les reconnaît sans peine, et leurs animations sont vraiment pas mal. Heureusement que l’accent a été mis là-dessus, parce que le reste des visuels, en ce compris les environnements, ne sont pas vraiment foufous. À de nombreuses reprises les textures ont eu besoin d’un petit temps pour être correctement chargées, ce qui n’est absolument pas normal pour un titre de cet acabit sur Xbox Series X. Vous l’aurez compris, Crime Boss, c’est avant tout une affaire de mafieux qui tourne très bien. Ou du moins, en apparence. Il s’agit en réalité d’un roguelite, vous mettant aux commandes d’une “famille” de gangsters. Avec vos acolytes, vous allez devoir vous créer une armée, organiser des cambriolages de petites boutiques de luxe, d’électronique ou de spiritueux ou encore de plus gros braquages, comme des banques. Vos soldats peuvent mourir, mais si c’est Travis Baker qui est éliminé, alors vous devrez recommencer à zéro, avec de petits flashbacks. Le problème, c’est qu’une fois mort, on recommence tout depuis le début, mais il n’y a pas de continuité entre les morts. Vous refaites tout et ça se répète jusqu’à la fin ou votre prochaine mort. Très mal construit, le jeu paraît alors ultra répétitif et redondant, tant par cette construction que par les missions proposées. À ce propos, vous avez le droit à deux principales missions différentes : les braquages et cambriolages et la lutte pour un territoire. Ces premières sont directement inspirées de Pay Day. Vous arrivez dans un centre commercial ou dans une boutique, devez éliminer les gardes et caméras de surveillance, puis récupérer tout ce qui a de la valeur avant que la police n’arrive. C’est plutôt sympa, même s’il faut admettre que les missions suivent toujours la même structure. Par moment, vous aurez des événements imprévus qui vous compliqueront la tâche, mais rien de vraiment dingue en soi. D’autre part, les luttes pour le territoire s’apparentent principalement à un FPS, puisque vous devez tirer sur un certain nombre d’ennemis avant d’éliminer le chef, vous permettant de vous adjuger la zone. C’est sympa et fun, mais là aussi les missions ne sont absolument pas variées et pâtissent d’une IA absolument désastreuse. Les ennemis se positionnent par exemple parfois très mal et sont à côté de vous sans spécialement vous voir. Pendant les braquages, vous pouvez très bien effectuer une action suspecte à côté d’eux sans les alerter, tandis qu’ils peuvent parfois vous suspecter si vous ne faites que marcher… Des braquages, des cambriolages et des fusillades. Et ça recommence, encore et encore… Mis à part ce défaut, Crime Boss vous propose un aspect gestion très poussé et sympa à prendre en main. Toutes les missions que vous entreprendrez vous coûteront de l’argent et, vous savez ce qu’on dit, c’est le nerf de la guerre. Une mission bien exécutée vous rapportera de l’argent, mais un flop vous en coûtera énormément, puisque vos comparses réclameront presque toujours leur part, pouvant aller de 2% à 5%. De son côté, le sheriff Chuck Norris va mener une enquête contre vous. Si vous réussissez vos missions sans alerter la police, alors l’enquête stagnera. En revanche, si les policiers rappliquent, alors ce bon vieux Chuck se rapprochera de vous et mettra fin à votre partie si son enquête aboutit. Vos sbires vous proposeront régulièrement de nouvelles missions et votre comparse, campée par Kim Bassinger, vous permettra de vous occuper de la planque et d’acheter des objets de grandes valeurs pour la décorer. Pour récupérer de l’argent, on évoquait le braquage de banques, mais le butin récupéré en mission peut-être revendu. Spiritueux, appareils électroniques ou encore bijoux luxueux, tout ce qui est récupéré peut-être vendu sur le marché, dont les cours évoluent évidemment. La drogue aura peut-être beaucoup de valeur un jour et voir son prix chuter le lendemain. L’aspect gestion de votre propre entreprise du crime organisé est vraiment très surprenante et sympa. Finalement, l’intérêt de Crime Boss réside peut-être dans son aspect multijoueur. La campagne peut-être parcourue avec un ami, et les braquages peuvent être joués jusqu’à 4 joueurs en multijoueur. Ils ne sont, certes, pas très variés, mais le plaisir de jeu est évidemment bien plus important lorsqu’il est partagé. Enfin, nous évoquions plus haut l’IA catastrophique, nous avons également un petit soucis avec les temps de chargement. À l’heure du SSD, c’est bien triste d’avoir des chargements d’une dizaine de secondes avant et après chaque mission, au lancement du jeu… À ce titre, Crime Boss aurait pu faire bien mieux. Conclusion Lorsqu’il fut présenté au public pour la première fois aux Game Awards, Crime Boss avait l’air ultra prometteur : de la gestion de mafia avec du braquage et des phases de FPS, couplés à un fantastique casting incluant le mythique Chuck Norris. Et pourtant, le résultat final est fort décevant. À avoir voulu se frotter aux roguelite, le titre en est très répétitif, le joueur n’ayant qu’à faire des braquages et des séquences de tir. Braquages de banque et guerres de territoire, voilà comment résumer Crime Boss. Même le casting ne parvient pas à relever la barre puisque, malgré les grands noms qui le composent, on notera un jeu d’acteur raté, digne des pires sitcoms. Heureusement, la possibilité de jouer en multi à la campagne et aux braquages ajoute un certain intérêt, mais certainement pas de quoi permettre au jeu de conserver ses joueurs sur la durée.