Parmi les plus grosses arlésiennes de l’histoire du jeu vidéo, Dead Island 2 aura décidément fait couler beaucoup d’encre jusqu’à sa sortie. Passé entre les mains de trois studios différents – ce qui n’est généralement pas bon signe -, le jeu parvient à agréablement surprendre et s’impose même comme l’un des meilleurs jeux de zombies de ces dernières années. Explications. Vous vous souvenez peut-être de Dead Island, un “beat them all coopératif à la première personne” dans lequel plusieurs joueurs affrontaient des hordes de zombies dans des environnements tropicaux. Développé par le studio polonais Techland à l’époque, le titre avait reçu un accueil chaleureux des critiques. Au point que plusieurs spin-off seront mis en production les années suivantes. Les fiascos de ceux-ci ont toutefois enterré la franchise quelques années, jusqu’à ce que l’éditeur Deep Silver se décide de lui redonner sa chance en confiant au studio Yager Entertainment – le studio derrière Spec Ops The Line – le développement d’un nouvel opus, en 2014. Fast forward, quelques années plus tard, le projet passe entre les mains de Sumo Digital, auteur de LittleBigPlanet 3, avant d’atterrir entre les mains de Dambuster Studios en 2019, un studio fondé par d’anciens de Free Radical Design (TimeSplitters), qui avait eu beaucoup de mal à convaincre avec son premier jeu (Homefront: The Revolution). Traditionnellement, des annulations successives et redémarrages depuis zéro d’un projet ne sont pas vraiment un bon signe pour les joueurs. La plupart des projets qui ont changé de main se sont très mal finis, avec des titres mal fignolés. L’éditeur n’avait d’ailleurs pas beaucoup communiqué sur le jeu, ce qui laissait planer un doute sur ses qualités. A la surprise générale, Dead Island 2 est toutefois une très bonne surprise. Techniquement, Dead Island 2 surprend agréablement. Pourtant, on ne va pas vous le cacher, on ne peut pas vraiment parler d’une suite très originale puisque dans les faits, le jeu n’a presque pas évolué. Le concept reste le même : on incarne un survivant à l’apocalypse zombie dans un milieu plus ou moins tropical (en l’occurrence, les beaux quartiers de L.A.). Le jeu se joue entièrement à la première personne et se présente avant tout comme un beat them all puisque durant toute la première moitié du titre vous vous battrez avec des armes blanches et vos poings. Dans la seconde moitié du jeu, Dead Island 2 parvient à agréablement se renouveler avec des armes à feu et surtout des pouvoirs particuliers. Plongé au cœur d’une ville en pleine quarantaine, le joueur va devoir explorer les environs seul ou avec deux amis en coop – mode dans lequel le gameplay du jeu brille particulièrement. Chaque carte est de taille modeste, mais le joueur a une totale liberté dans l’exploration de ces mini mondes ouverts. Il pourra choisir d’avancer dans la mission principale, de réaliser des missions secondaires qui demandent généralement d’aider des citoyens en difficulté, de se lancer dans des recherches de civils disparus, ou simplement collecter des ressources qui lui permettront d’améliorer son arsenal. De nuit, le danger rôde partout. Dead Island 2 brille particulièrement au niveau de son gameplay, assez technique et exigeant avec son système d’esquive, son arsenal immensément varié et la customisation d’arme qui permet d’appliquer différents effets comme une électrocution ou un choc avec certaines armes blanches. La personnalisation est extrêmement poussée et il devient ainsi possible de réaliser de formidables combos avec ses armes. L’arsenal va de la batte de baseball à la mitrailleuse lourde, en passant par la hache de pompier au fusil à pompe. La diversité est au rendez-vous et on ne va pas vous mentir, la partie combat est très réussie avec de solides sensations et surtout beaucoup de gore. Les corps des zombies ont été modélisés de sorte à ce que le joueur puisse découper chaque partie indépendamment : bras, jambe, buste, tête… On voit même l’effet des brûlures et électrocutions directement sur la peau! Dead Island 2 est incontestablement l’un des jeux les plus violents de ces dernières années. On retrouve aussi une belle diversité au niveau des zombies. Outre les “runners” qui vous courseront en hurlant sur des centaines de mètres, et les “walkers”, qui sont les ennemis les plus basiques, on retrouve des tanks particulièrement brutaux au corps à corps, des “screamers” qui appellent des groupes de zombies en aide et vous repoussent de plusieurs mètres à chaque cri, et plusieurs variations de chaque type d’ennemi, avec divers éléments, comme l’acidité, le feu… Et puis bien sûr, quelques boss bien costauds. On retrouve pas mal de diversité dans le bestiaire. Dead Island 2 parvient à agréablement surprendre dans sa narration, soignée, au niveau de son univers aussi, avec des décors variés et extrêmement réussis, qui reprennent plusieurs lieux emblématiques de L.A. On reconnait ainsi facilement Hollywood, Beverly Hills ou encore Santa Monica. Au niveau de la progression, tout se fait très naturellement. On passe d’une zone à l’autre de la ville très facilement, on progresse sur plusieurs quêtes en même temps et à l’exception de quelques passages un peu moins réussis, la progression est vraiment plaisante. On reprochera en revanche à Dead Island 2 d’en faire à la fois trop et pas assez. On vous explique. Le jeu est un véritable festival de gore : les membres volent dans tous les sens, le sang gicle par hectolitres, les créatures croisées ont de quoi vous donner le frisson. Et en même temps, le jeu met en place toute une série d’interdits : ne vous attendez pas à croiser un enfant, un bébé ou un handicapé. Dead Island 2 reste étonnamment propret et tente à tout prix d’éviter les polémiques. Le jeu en fait également des tas au niveau de son casting avec une floppée de personnages secondaires complètement décalés, mais finalement peu intéressants et peu attachants – au même titre d’ailleurs que les héros proposés. Et c’est bien dommage, car on aurait aimé un peu plus de diversité au niveau des styles des personnages. Pour un jeu qui ne se prend pas non plus au sérieux, Dead Island 2 a tendance à être souvent moralisateur dans ses mini intrigues. Et ça, c’est dommage. Certains ennemis sont titanesques. Autre petit défaut du titre : occasionnellement, lorsque vous avancerez trop vite dans le scénario, vous verrez “popper” un ennemi devant vous. C’est un peu dommage au niveau de l’immersion. Enfin, c’est sans doute le plus gros défaut du titre : quelques bugs bloquants sont présents. Nous n’en avons pas rencontrés dans les missions principales, mais 3 quêtes secondaires n’ont pas pu être terminées à cause de boss qui ne sont pas apparus ou d’éléments interactifs qui n’étaient pas présents… Dommage. Inversément, Dead Island 2 impressionne particulièrement au niveau de sa réalisation, avec des décors absolument superbes, de très jolies modélisations des personnages, des effets visuels réussis. Il est sans doute l’un des jeux cross-gen les mieux optimisés et incontestablement l’un des jeux qui tirent le mieux parti des capacités des consoles new-gen. Kudos donc aux développeurs. La bande son séduit également, avec des morceaux rock punchy, d’excellents doublages, de très bons bruitages. L’immersion est complète et on prend un véritable pied à explorer ces décors post-apocalyptiques. Et puis bien sûr il y a l’excellente durée de vie du jeu. Comptez 15h environ pour la quête principale, jusqu’à 35 avec les quêtes secondaires, pour une fois plutôt réussies. Et vu que le jeu est jouable en coop et très fun, il y a en réalité moyen de passer de très bons moments dessus. Une chose est sûre, voici une très bonne surprise, qu’on n’attendait pas forcément… Conclusion Repoussé à de multiples reprises et passé entre les mains de multiples studios, Dead Island 2 est en définitive une excellente surprise, et potentiellement l’un des meilleurs jeux coop de cette année. Rassurez-vous, on peut aussi y jouer en solitaire. Rien de très original à l’horizon puisque vous incarnerez ici un survivant de l’apocalypse qui devra survivre face à des hordes de zombies dans un Los Angeles en ruines. Le gameplay du jeu est extrêmement fun avec le mélange d’armes blanches et à feu, la violence poussée à l’extrême, la progression dans les mini mondes ouverts très plaisante. Superbe, le jeu nous plonge dans les quartiers emblématiques de L.A. dévastés par les zombies. S’il est globalement un FPS très solide, Dead Island 2 déçoit toutefois un peu dans la finition – avec des bugs bloquants dans certaines quêtes et des zombies qui poppent parfois devant vous… Le casting un peu trop “badass” du jeu, le manque de charme des personnages secondaires croisés et les choix parfois un peu douteux des développeurs – qui choisissent de pousser à l’extrême la violence tout en restant très sélectifs dans le traitement des zombies, vous fera peut-être froncer les sourcils. Rassurez-vous toutefois, s’il n’est pas parfait, Dead Island 2 reste un formidable divertissement et potentiellement l’un des jeux les plus funs de cette année.