Vingt-quatre ans après la sortie du cultissime Pharaoh, Dotemu nous propose une version revue et améliorée du city-builder. Embaumé comme un pharaon et restauré, le titre est-il toujours jouable autant d’années plus tard ? Oui et non. Rares sont les jeux de gestion à nous plonger en pleine Egypte antique. En 1999, les équipes de Sierra Entertainment, dont l’heure de gloire se situait dans les années 1980 avec des titres comme Leisure Suit Larry ou les King’s Quest, tentèrent le pari avec Pharaoh. Un city-builder dont l’histoire se situe plusieurs millénaires avant notre ère. À sa sortie, le titre a fait un véritable tabac, salué pour ses jolis graphismes et une jouabilité au poil. Un titre devenu culte donc, que les studios Triskell et Dotemu ont souhaité dépoussiérer. Nouveau moteur technique, commandes améliorées et interface renouvelée sont au cœur de ce remake intitulé “Pharaoh: A New Era”. Vendu une vingtaine d’euros, ce remake d’un titre qui a, tout de même, 24 ans, en vaut-il la peine ? Eh bien si vous êtes un passionné des city-builders oui. Sinon, passez votre chemin. Explications. La refonte visuelle est très propre. Les graphismes sont désormais en 4K et sont vraiment jolis. Ce qu’on demande avant toute chose à un remake, c’est de s’être adapté aux machines et technologies actuelles avec un moteur remis au goût du jour. Le travail réalisé sur ce point est ainsi impeccable puisque les développeurs ont respecté le titre et la direction artistique de base en y apportant le peaufinage nécessaire. Des bonnes vieilles pyramides pixelisées de 1999, A New Era nous transporte véritable vers une toute nouvelle ère. Les bâtiments sont très joliment modernisés et parés de textures franchement propres. Il en est de même pour la modélisation de tous les autres éléments du décor, comme les citoyens et les animaux, qui conservent ce petit côté cartoon propre au titre de base et si plaisant. En revanche, l’environnement n’a pas beaucoup évolué. Terres arides, légèrement ou plus fortement herbacées, des marécages ou des terres inondables, et c’est tout. Certes, il y a une cinquantaine de missions, mais on a tout simplement l’impression qu’elles prennent toutes place au même endroit, diversifiant ainsi très peu le gameplay. Le gameplay justement, parlons-en. Avec ce remake, les développeurs promettent des commandes améliorées et remises au goût du jour. Difficile de voir là où le gameplay est “modernisé” tant il est vieillot et fort rigide. Dans un city-builder moderne, comme Cities Skyline ou Anno, on apprécie de pouvoir admirer sa ville sous tous ses angles et de pivoter les bâtiments. S’il s’agissait d’une prouesse en 1999 de proposer ce genre de mécanique, c’est devenu plus que banal de le faire en 2023. Et pourtant, les développeurs ne le proposent pas. Le placement des bâtiments est, lui aussi, fort complexe puisque là où on pense pouvoir placer un édifice avec suffisamment d’espace, le titre nous en empêche. Peu de libertés sont ainsi laissées au joueur, et c’est frustrant. Impossible d’avoir une cité qui prospère sans la moindre catastrophe. Une difficulté effarante, même en normal. Si vous n’aviez jamais joué à Pharaoh, sachez qu’il s’agit d’un city-builder tout ce qu’il y a de plus normal. Vous devez proposer différents services à votre population, comme un médecin ou la police, mais aussi du divertissement, de la nourriture et de la religion. Celle-ci est d’ailleurs primordiale pour s’attirer les faveurs des Dieux. Dans le cas contraire, ceux-ci jetteront des malédictions préjudiciables sur votre cité. D’ailleurs, on aurait aimé que le système soit un peu plus élaboré et qu’on n’ait pas juste à devoir construire temples et sanctuaires pour contenter les dieux. Ces différents facteurs sont primordiaux pour l’évolution de la ville et le bien-être des citoyens, leur permettant ainsi de payer des impôts, d’améliorer leur habitation. La gestion de votre armée et la défense de la cité sont également capitaux pour lui permettre de prospérer. Le gameplay n’a absolument pas changé sur ce point, si ce n’est au niveau de l’interface qui a été améliorée et modernisée. Les développeurs ont également créé le système de “nilomètre”, permettant d’évaluer la crue et la décrue à venir du Nil et de savoir si vos récoltes seront ou non bénéfiques pour le mois à venir. A New Era, ce sont 50 missions qui s’étalent sur 4.000 ans d’histoire, le tout offrant une centaine d’heures de jeu au joueur. Un contenu conséquent donc, mais qui est redondant. Ce qui a été décrit dans le paragraphe juste aussi se répète encore et encore et on ne fait pratiquement pas grand-chose de plus, d’autant qu’à chaque nouvelle mission on repart de zéro, et de ce fait la nécessité d’attirer de nouveaux habitants et d’équilibrer les comptes pour ne pas tomber dans la faillite. Plutôt addictif, le titre se veut assez répétitif. Cinquante missions sur 4.000 ans d’histoire pour une centaine d’heures, mais on fait tout le temps la même chose. Plus haut dans ce test, nous évoquions les malheurs qui peuvent s’abattre sur votre cité, comme les malédictions des dieux. Sachez qu’il n’y a pas que ça qui peut frapper votre ville, mais que des épidémies, la faillite ou le pillage arrivent de manière récurrente. Autant de détails et facteurs à prendre en compte, mais qui se produisent beaucoup trop régulièrement. Même en difficulté normale ou facile, le titre se montre vraiment trop exigeant et ne nous laisse que peu de répit, à tel point d’en devenir agaçant et incompréhensible. Pour vous donner un exemple, mon bureau de perception et mon palais, qui servent à collecter l’impôt, étaient constamment pillés. J’installe un poste de police juste à côté, rien n’y fait, et le message informant que mes bâtiments étaient pillés apparaissait de manière intempestive à l’écran, à tel point que le jeu en devenait injouable et irritant. Pour gérer ces malheurs, le titre nous propose un long tutoriel qui s’étale sur les quelques premiers chapitres. Malheureusement, celui-ci a, lui aussi, bien trop mal vieilli puisqu’il se contente de boîtes de dialogues impersonnelles, peu précises et fort directrices. On aurait aimé un tutoriel qui accompagne davantage et qui s’intéresse davantage sur les malheurs qui peuvent s’abattre sur votre cité, plutôt que de messages très longs, qui ne donnent pas envie d’être lus et qui sont particulièrement rebutants. Conclusion A New Era est très respectueux du Pharaoh originel sorti en 1999 sur PC, peut-être même un peu trop. De nombreux éléments du gameplay de ce city builder antique ont mal vieilli, et avoir affaire à la cinquantaine de missions qui se ressemblent toutes entre elles, et ce, durant la centaine d’heures de durée de vie, ce n’est vraiment pas fun, surtout dans un city-builder qui ne se renouvelle pas au fil des heures de jeu, ou très peu. Ajoutez à cela une difficulté anormalement importante et un gameplay souvent rigide et daté. C’est un fait, les développeurs du remake ont gardé Pharaoh dans son jus, et y ont apporté un moteur flambant neuf et de légères améliorations de gameplay. Le travail effectué sur ce remake est certes bon, mais nous aurions sincèrement aimé que le gameplay soit davantage dépoussiéré et davantage adapté à des joueurs de 2023. En l’état, il est difficile à le conseiller à d’autres joueurs qu’aux fans du jeu de gestion d’origine…