Crédits : Taylor Van Riper / Unsplash

Une entreprise est parvenue à contrôler le climat pour la première fois

La start-up américaine Make Sunsets affirme avoir libéré des particules fines dans la stratosphère pour tenter d’influencer le climat.

La start-up Make Sunsets vient peut-être de franchir une ligne rouge en jouant avec le climat. L’entreprise a opéré un lâcher de particules fines dans la stratosphère, depuis le Mexique, en s’appuyant sur la géo-ingénierie climatique, mais son action divise. Pour rappel, la géo-ingénierie cherche à manipuler le climat. En théorie, il est possible d’atténuer le réchauffement climatique en libérant des particules de soufre, entre autres. Ces particules reproduisent un processus naturel qui se produit à la suite d’importantes éruptions volcaniques et réfléchissent une partie de la lumière du soleil.

Dans les faits, la discipline est largement remise en question. Tout simplement parce que les scientifiques ignorent les effets secondaires possibles de ces manipulations à grande échelle. En conséquence, l’essai réalisé inquiète profondément les chercheurs. Interrogé par la Technology Review du MIT, Janos Pasztor, directeur exécutif de l’initiative Carnegie Climate Governance indique que « l’état actuel de la science n’est pas assez bon… Pour rejeter, accepter, ou mettre en œuvre la géo-ingénierie climatique ».

Climat à vendre

Du côté de Make Sunsets, le PDG Luke Iseman reconnaît et assume la provocation. Toutefois, le cofondateur de la start-up parle également d’un « acte d’activisme en matière de géo-ingénierie ». Ainsi, l’homme d’affaires veut faire avancer la discipline, quoi qu’il en coûte. Quitte à passer pour « un méchant de James Bond ». Pourquoi ? Parce que Luke Iseman estime que les mesures pour endiguer le changement climatique avancent trop lentement et qu’il est désormais nécessaire d’effectuer des interventions plus radicales.

Seulement, voilà. Les scientifiques fustigent son action et affirment que celle-ci pourrait avoir l’effet inverse. Tant du point de vue du climat, que de celui des avancées. En effet, cet acte isolé peut potentiellement pousser les gouvernements à réduire les financements de la recherche, voire à restreindre les études. Difficile de les contredire au vu des aveux de Luke Iseman. Pour chacun des lancements effectués, l’homme d’affaires admet sans détours qu’il n’a demandé aucune autorisation gouvernementale. Ni au Mexique ni ailleurs.

Étant donné la situation, les chercheurs rappellent que l’établissement d’une législation claire en la matière est une urgence absolue. D’autant plus que Make Sunsets ne compte pas s’arrêter là. L’entreprise américaine entend bien capitaliser sur cette expérience pour multiplier les lancements en 2023. En réalité, la start-up propose d’ores et déjà des « crédits de refroidissement » à 10 dollars pièce pour la libération d’un gramme de particules dans la stratosphère.

« Une idée terrible »

Outre les motivations douteuses de l’entreprise, ses allégations sont, elles aussi, hasardeuses. Selon David Keith, un ingénieur spécialiste de la géo-ingénierie, la quantité de particules de soufre dégagée dans la stratosphère par Make Sunsets et insuffisante pour avoir un impact environnemental. Les vols de la société expédient 10 grammes de soufre à la fois, quand un vol commercial en rejette une centaine par minute.

Néanmoins, le chercheur reconnaît que « le faire en tant que start-up est une idée terrible ». Surtout lorsqu’il s’agit de privatiser et de breveter des techniques de géo-ingénierie. « Le développement commercial ne peut pas produire le niveau de transparence et de confiance dont le monde a besoin pour prendre des décisions raisonnables sur le déploiement », précise David Keith. Difficile de lui donner tort puisqu’une entreprise privée, de par sa nature, répond à des objectifs financiers.

Par ailleurs, le manque de sérieux de la start-up met en péril des expériences plus travaillées. À titre d’exemple, Make Sunsets est incapable d’expliquer comment se sont déroulées ses expériences. La société ignore où sont retombés ses ballons et n’est même pas en mesure de confirmer qu’ils ont bien explosé. Cerise sur le gâteau : l’entreprise n’a jamais collecté la moindre donnée en lien avec ses lancements.

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