“L’Europe doit intensifier de toute urgence ses investissements dans les infrastructures pour les véhicules à recharge électrique”. L’Association des constructeurs européens d’automobile (ACEA) s’inquiète. Dans un rapport, l’ACEA explique que, pour assurer les déplacements des véhicules électriques en Europe, la mission est de taille. En clair, il faudrait quelques 14.000 bornes de recharge supplémentaires par semaine afin d’atteindre les quotas. Pour réaliser ces estimations, l’ACEA se base sur une nouvelle étude intersectorielle basée sur une analyse de McKinsey. Un déploiement de l’électrique difficile à suivre L’ACEA l’admet, l’industrie automobile est hyperactive. En chiffres, depuis 2017, le nombre de véhicules sur les routes européennes a été multiplié par dix. En tout, elles ont atteint 1,7 million d’unités l’année dernière, soit 18 % du marché total. De son côté, le parc des points de charge publics n’a été multiplié que par 2,5. Ainsi, l’association se dit préoccupée par la lenteur du déploiement de l’infrastructure nécessaire pour charger et ravitailler cette vague de véhicules électriques. Les objectifs de la Commission Pour rappel, le plan Fit for 55 défini par la Commission européenne prévoit l’interdiction des ventes de véhicules thermiques dès 2035 et l’interdiction complète des véhicules thermiques pour 2050. Le texte espère aussi que, dès 2030, les constructeurs ne commercialisent que des véhicules émettant moins de 55 % de CO2 par rapport à 2021. Pour l’ACEA, il s’agit d’une mission impossible. L’institution avait présenté sa vision des objectifs à atteindre dans sa proposition de règlement sur les infrastructures de carburants de substitution (AFIR). À savoir que ce texte fait actuellement l’objet de négociations au Parlement européen et au Conseil. Un défi de taille Toujours d’après l’ACEA, il faudra jusqu’à 6,8 millions de points de charge publics d’ici 2030. Et ce, pour atteindre la réduction de 55 % des émissions de CO2 proposée par le Fit for 55. Autrement dit, l’idéal serait que 14.000 points de charge publics fleurissent par semaine jusqu’en 2030 pour les voitures. Contre seulement 2 000 par semaine actuellement. Tout en sachant que ce comptage aurait dû commencer 2021. Ce chiffre sur les nouveaux points de recharge à déployer est presque deux fois supérieur à celui avancé par la Commission européenne dans son plan. Et en Belgique ? D’après Avere, qui s présente comme la fédération de la mobilité électrique, début 2021, la Belgique comptait 8.482 points de recharge publics. En guise d’illustration, cela représente une augmentation de 177% sur l’année 2021. Mais, malgré cette hausse, ce nombre reste faible par rapport à celui des pays voisins comparables au plat pays. C’est ce que constate touring.be sur son site. Par exemple, les Pays-Bas comptent déjà 75.000 bornes publiques. Concrètement, Bruxelles compte 944 points de charge, la Flandre 5.800 et la Wallonie 500. Dans l’attente d’un coup de pouce financier Au total, d’ici à 2030, “un montant 280 milliards d’euros devra être investi dans l’installation de points de charge publics et privés, la modernisation du réseau électrique et le renforcement des capacités de production d’énergie renouvelable” indique un rapport. L’association précise que, pour les infrastructures de recharge publiques, cela représente 8 milliards d’euros par an. En guise de comparaison, ce chiffre “ne représente qu’environ 16 % des investissements dans la 5G et les réseaux internet à haut débit”. L’ACEA indique également que ces investissements “ne représentent qu’une fraction du total des investissements dans des projets d’infrastructure comparables”. Elle ajoute qu’ils apporteraient même d’énormes avantages environnementaux.