La Cour des comptes européenne pointe du doigt le déploiement trop lent de la 5G en Belgique. Dans un rapport spécial publié la semaine dernière, la Cour des comptes européenne demande à ce que l’UE mette un coup d’accélérateur au déploiement de la 5G. La Cour des comptes européenne est claire, les objectifs que l’UE a fixés en termes de 5G ne seront pas atteints. Pour rappel, selon le rapport, l’arrivée de la 5G pourrait générer une hausse de 1 000 milliards d’euros du PIB européen entre 2021 et 2025. De plus, ce nouveau réseau pourrait donner lieu à la création ou à la transformation de 20 millions d’emplois dans tous les secteurs de l’économie. Ainsi, le texte présente plusieurs recommandations à la Commission en vue de faire avancer le déploiement rapide et concerté de réseaux 5G sûrs dans l’UE. Le réseau 5G prend du retard Dans son plan d’action de 2016, la Commission européenne fixait la date limite pour le déploiement de la 5G dans toutes les zones urbaines et sur la totalité des grands axes de transport à 2025. En mars 2021, elle a étendu cet objectif à toutes les zones habitées à l’horizon 2030. Pourtant, “nous avons constaté que les retards compromettent la réalisation des objectifs fixés par l’UE pour le déploiement des réseaux 5G et qu’il faudra consentir des efforts supplémentaires pour répondre aux questions de sécurité”, regrette le rapport. En effet, seulement la moitié des États membres ont inclus ces missions dans leurs stratégies nationales 5G. De plus, bien que la Commission ait aidé les États membres à atteindre ces objectifs grâce à un éventail d’initiatives, d’orientations et de financements, “elle n’a jamais défini clairement le niveau de qualité de service attendu des réseaux 5G”. Et ce, tant sur le plan tant de l’accès aux services 5G que de leur qualité. Un manquement qui pourrait être source d’inégalités au sein de l’UE et qui pourrait creuser encore un peu plus la “fracture numérique”. La Belgique à la traine Sauf Chypre, la Lituanie, Malte et le Portugal, tous les États membres ont atteint l’objectif intermédiaire de 2020. Celui-ci consistait à offrir un accès 5G dans au moins une grande ville. Par ailleurs, la plupart ont pris du retard dans le déploiement de leurs réseaux 5G. En guise d’illustration, en novembre 2021, 23 États membres n’avaient toujours pas transposé la directive de l’UE qui fixe, entre autres, les délais d’attribution des bandes de fréquences pionnières pour la 5G. À savoir que le coût total du déploiement de la 5G dans toute l’UE pourrait atteindre 400 milliards d’euros. Au cours de la période 2014-2020, l’Union a octroyé plus de 4 milliards d’euros de financement à des projets liés à la 5G. En clair, la Commission estime que, pour seize pays de l’UE, la probabilité que l’objectif de 2025 soit atteint est, au mieux, moyenne et au pire, faible. Comme la Croatie, Chypre et la Grèce, la Belgique fait partie des pays pour lesquels la probabilité est faible. À savoir que les gouvernements fédéral et régionaux ont conclu un accord sur la mise aux enchères du spectre 5G en novembre de l’année dernière. Ainsi, pour le moment, le plat pays a prévu une mise en enchères des spectres 2G et 3G cet été. Un point de départ pour les opérateurs, qui pourront ensuite déployer la 5G à grande échelle sur le plan commercial. Pour rappel, il est possible de se porter candidat à ces enchères jusqu’au 16 février. Des inquiétudes quant à la sécurité du réseau “Les équipementiers établis dans des pays de l’UE sont tenus de respecter les normes et exigences légales de l’Union” indique la Cour des comptes. À savoir que six des huit principaux équipementiers, dont le chinois Huawei et la société coréenne Samsung, se trouvent hors UE. Ainsi, les législations des pays tiers sont parfois très éloignées des normes de l’Union, notamment en ce qui concerne la protection des données à caractère personnel. Ainsi, le rapport partage ses inquiétudes face à la possibilité que des législations étrangères puissent s’appliquer aux utilisateurs européens. Et ce, puisque les centres de contrôle s’implanteront hors de l’UE. En clair, lorsque la Commission a adopté la boîte à outils de l’UE pour la sécurité des réseaux 5G en janvier 2020, les opérateurs de réseau mobile avaient déjà sélectionné leurs équipementiers. De plus, “si les États membres étaient amenés à exclure des équipementiers à haut risque de leurs réseaux sans période de transition, des coûts de remplacement colossaux seraient à craindre” ajoute la Cour des comptes. Pour le moment, la Commission n’a pas évalué l’incidence que pourrait avoir la construction, par un État membre, de réseaux 5G avec un équipement acquis auprès d’un fournisseur considéré à haut risque. Le rapport alerte donc, selon lui, “un tel scénario pourrait avoir des répercussions sur la sécurité transfrontière et aller jusqu’à perturber le fonctionnement du marché unique de l’UE”.