Un an presque jour pour jour après Call of Duty Cold War, Activision nous livre le dix-huitième épisode de sa série. Changement de contexte pour cet opus, qui délaisse la Guerre froide pour nous replonger au cœur de la Seconde Guerre mondiale. Devenue une franchise actuelle, la série des Call of Duty peine à se renouveler. Activision avait certes tenté de repartir d’une feuille blanche avec Black Ops IV, qui proposait une expérience exclusivement multijoueur. Le mode de jeu Warzone, qui avait été introduit avec cet opus, est devenu un jeu à part entière. Depuis, on est revenu à la même formule : une campagne solo très axe sur la narration, accompagnée par un mode multi très classique et occasionnellement un mode Zombie. L’acte final vous plonge au cœur de Berlin pour une opération suicide. Avant d’aller plus loin dans ce test, il convient de rappeler un élément primordial. Chaque épisode de la série est pris en main par un studio de l’écurie d’Activision. Infinity Ward, le studio qui a créé la franchise, est généralement associé aux épisodes les plus réussis de la série. Notamment, les Modern Warfare. Treyarch a fait du mode Zombie sa grande spécialité. Sledgehammer Games est quant à lui considéré comme le maillon faible du trio. Le studio américain a certes réalisé le sympathique WW2, mais également l’épisode Advanced Warfare, considéré par beaucoup comme l’un des plus mauvais de la franchise. Malheureusement, Vanguard marche sur ses traces… Un gros travail a été réalisé au niveau de l’immersion. Le jeu est divisé en trois parties : un mode campagne en solo très court, que vous bouclerez en moins de 4 heures en difficulté standard, un mode Zombie presque anecdotique et un mode multijoueur très solide. Clairement, il est difficile de ne pas être déçu pas le mode campagne, qui est non seulement très court (potentiellement le mode solo le plus court de la franchise!), mais souffre également d’un scénario qui n’est guère passionnant et d’un level-design sans aucune imagination. Le joueur prend ici le contrôle d’une escouade de soldats d’élite envoyés au coeur de Berlin pour une mission suicide. L’essentiel des missions seront toutefois des flashbacks pour apprendre à connaître les différents personnages de votre escouade – une façon pour les développeurs de nous faire participer aux batailles du front Ouest, Est, d’Afrique et du Pacifique à tour de rôle. L’idée était bonne, mais dans la pratique, la seule chose vraiment positive qu’on retire de cette aventure, ce sont les superbes cinématiques, nombreuses et presqu’aussi longues que les segments de jeu. Car c’est là le principal défaut de cette campagne : Sledgehammer Games semble avoir conçu son aventure comme une série d’expériences immersives qui vous place à tour de rôle dans la peau d’un aviateur, d’un sniper et d’un fantassin sur plusieurs lignes de front. Les séquences de jeu sont très courtes (5 à 10 minutes), découpées en plusieurs segments (1 minute d’infiltration, 1 minute de shoot intense, 1 minute de fuite sur des toits…), et le tout manque cruellement de liant. De surcroit, si certaines séquences sont très réussies – principalement les gunfights -, d’autres le sont beaucoup moins à l’image de cette séquence d’infiltration dans le désert de Lybie, dans laquelle nous avons pris le soin de nous cacher d’une patrouille de soldats allemands, pendant que nos deux soldats sont restés en plein sur leur chemin, et n’ont pas été remarqués. La patrouille est passée ensuite devant un cadavre, qu’elle n’a pas non plus remarqué… Même topo pour les séquences de sniping, qui manquent de profondeur. Le joueur doit demander à son allié d’attirer leur attention pour les aligner ensuite calmement pendant qu’ils sont occupés à canarder cette cible. Aucune tension, aucune profondeur. Et on ne parle même pas des combats de boss, presque grossiers, ni de la séquence en vol, dans laquelle vous ne contrôlerez pratiquement que la mitrailleuse de votre avion. C’est fade, incroyablement scripté et ultra-assisté. Même pour un habitué de la franchise, il y a de quoi être sacrément surpris par cette direction ultra grand public qui donne au jeu l’allure d’un “film interactif”. L’une des séquences les plus réussies vous plonge dans le désert lybien. Finalement, on en vient à se demander pourquoi Sledgehammer a tenu à tout prix à nous proposer un shooter aux relents épiques offrant une telle diversité d’action. Car la seule chose qui fonctionne vraiment, ce sont les gunfights. Arme en main, Vanguard est fun. Et on en vient à regretter que le titre ne s’inspire pas davantage des anciens opus de la série – en particulier les Call of Duty 2 et 3 -, qui proposaient de longues séquences de combat intenses avec son escouade. Les séquences de ce type ne durent généralement pas plus de 5 ou 10 minutes dans le jeu, et ce sont de loin celles qui fonctionnent le mieux. On est d’autant plus surpris du fait que les développeurs ont modélisé un nombre impressionnant d’armes et d’explosifs pour cet épisode – plus que dans n’importe quel épisode “historique” de la série. L’arsenal est délicieusement varié, et pourtant, vous n’utiliserez sans doute pas plus de la moitié des armes dans la campagne solo… L’attaque d’un convoi dans le désert est l’un des moments forts de la campagne. Le mode solo de Vanguard donne cette curieuse sensation de n’être qu’une courte introduction à une véritable campagne, qui ne viendra finalement jamais. Pour tout vous dire, nous l’avons terminée en moins de 3 heures top chrono. Et le besoin d’y retourner ne se fait pas vraiment ressentir… Quelle ne fut pas notre surprise d’ailleurs lorsque nous nous sommes rendus compte que le constat pour le mode Zombie est encore plus désastreux. On retrouve ici une seule et unique carte : Stalingrad. L’expérience est également troublante pour les non-initités puisqu’il s’agira de passer à travers des portails pour progresser dans la mini-intrigue, et affronter les vagues de zombies, comme d’ordinaire. Au cours de chacune de ces micro-expéditions, vous serez amené à éliminer du zombie et réaliser de petites missions : qu’il s’agisse de récupérer des objets ou accompagner une orbe… En 20 minutes top chrono, on finit l’aventure, sans jamais rencontrer aucune réelle difficulté d’ailleurs. L’expérience est si décousue, avec les allers-retours à Stralingrad et les passages dimensionnels qu’on est complètement largué et qu’on n’arrive jamais réellement à prendre son pied. Alors oui, les développeurs promettent d’autres cartes et contenus pour ledit mode, mais il faut bien l’avouer, le contenu déçoit énormément à la sortie. Le mode Zombie déçoit énormément. Reste – heureusement – le mode multijoueur classique, qui sauve cet épisode du naufrage intégral. On dénombre au total 16 cartes multijoueurs qui offrent une belle diversité au niveau des environnements parcourus avec des affrontements qui opposeront ici jusqu’à 48 joueurs simultanément. Les nouvelles cartes proposées offrent une jolie verticalité et ont bénéficié d’un excellent level-design – tout l’inverse de la campagne solo. Le gunplay, est, comme nous l’avons dit, excellent. Ce qui fait qu’ingame, on ne voit pas le temps passer. Et ce d’autant plus que cet épisode introduit une nouveauté majeure pour son mode multijoueur, avec la destruction des environnements. Alors certes, ça impressionne moins que dans un Battlefield, mais cette petite nouveauté rend les combats beaucoup plus tactiques. Vanguard introduit également deux nouveaux modes multijoueurs. Le mode Patrouille vous demandera à vous et votre équipe de capturer une zone qui se déplace sur la carte et de la tenir le plus longtemps possible. Le mode Champion de la Colline offre lui des affrontements en petites équipes de deux ou trois joueurs dans des zones de taille très réduite. C’est fun et beaucoup plus technique que les combats de masse et cela apporte finalement un peu plus de diversité à l’incroyable playlist de modes de jeu de Vanguard. L’unique mission qui prend place dans la jungle se boucle en moins de 20 minutes top chrono… Côté technique, Vanguard trébuche également. Le jeu impressionne tout d’abord avec ses très jolis visuels sur consoles next-gen : les décors sont chargés de détails, les effets visuels et de particules sont superbes, les modélisations des personnages saisissantes de réalisme… Mais la finition vient tout gâcher avec des bugs en pagaille, des crashs occasionnels et de gros ralentissements de quelques secondes qui peuvent s’avérer très gênants au beau milieu d’un gunfight. L’IA des soldats, en solo, est également absolument désastreuse. Vos hommes vous suivront comme des petits chiens, les unités adverses useront toujours des mêmes patterns pour se déplacer. On est très rarement surpris, si ce n’est peut être par l’un ou l’autre jap’ qui vous fonce dessus baïonnette au canon dans la jungle, et trop souvent, on assiste avec pitié à des situations complètement ridicules, qui ne font que confirmer le manque de finition du jeu, avec des ennemis qui s’entêtent à tirer dans un mur ou ne remarquent pas que leur compagnon vient de se faire descendre à un mètre d’eux… Bref, vous l’aurez compris, ce Call of Duty Vanguard est loin d’être une claque. Il serait même, selon nous, le moins bon épisode de la franchise depuis ses débuts. Aux côtés d’un Advanced Warfare, probablement. Si son mode multi le sauve du naufrage, difficile de le conseiller pour son mode solo ou son mode zombie, au prix plein en tout cas. Conclusion Avec sa campagne solo très courte (3 à 4 heures), son mode Zombie anecdotique, ses gros problèmes de finition (ralentissements, bugs, crashs et IA), et son mode solo très décevant, qui nous plonge au coeur de la Seconde Guerre mondiale et met au second plan les gunfights pour tenter un mélange de genres qui ne fonctionne pas, Call of Duty Vanguard s’impose, sans l’ombre d’un doute, comme le moins bon volet de la franchise depuis ses débuts. Et vu le nombre d’épisodes que la série a à son actif (18!), c’est un joli exploit de la part de Sledgehammer Games. Call of Duty Vanguard est sauvé du naufrage par son mode multijoueur très réussi, ses gunfights intenses et ses jolis graphismes. Clairement, cet épisode aura toutefois du mal à séduire. Seuls les mordus de multijoueur devraient y trouver leur compte. Une chose est sûre : le prochain volet devra absolument redresser la barre.