Rangée au placard depuis des années, la série des Project Zero nous revient aujourd’hui avec un remaster du cinquième épisode, qui était sorti à l’époque exclusivement sur WiiU. Le survival-horror de Tecmo mérite-t-il toujours le détour? Succès inattendu en son temps, le premier Project Zero était parvenu à créer la surprise en son temps avec son concept unique. Le survival-horror de Tecmo tirait son originalité de son approche du genre. Pas d’arme à feu ni d’objets contendants ici : le joueur devait utiliser un appareil photo pour éliminer les esprits qui s’attaquaient à lui. Le jeu prenait également place dans un univers très différent de celui d’un Resident Evil ou Silent Hill en s’inspirant assez ouvertement des classiques du cinéma horrifique japonais. Les modèles 3D des personnages ont été joliment retravaillés. Le cinquième épisode, sorti uniquement sur WiiU en 2014, avait sonné le glas d’une franchise sur le déclin depuis des années. Visiblement conscient du potentiel de sa franchise, l’éditeur Tecmo avait annoncé un remaster du jeu, qui sortirait cette fois sur tous les supports. L’occasion de permettre à tous les fans de la franchise d’y goûter – enfin -, mais aussi d’ouvrir la série à un nouveau public. Rassurez-vous d’ailleurs, il est inutile d’avoir joué aux précédents épisodes pour ce plonger dans ce cinquième volet, l’histoire du jeu étant complètement stand-alone. Ambiance, ambiance… La Prêtresse des Eaux Noires nous narre l’histoire de plusieurs jeunes femmes dotées de capacités spéciales qui vont découvrir un pan caché de leur histoire en explorant les abords du mont Hikami, un lieu de culte où se sont récemment produits des suicides collectifs. Plongé au coeur d’une enquête, le joueur devra y explorer des zones reculées : des forêts aux caves de bâtiments désaffectés, à la recherche d’esprits qu’il devra affronter à l’aide de son appareil photo. S’il ressemble à s’y méprendre à un survival horror old-school avec ses décors étriqués, sa progression très linéaire, ses objets à collecter, le jeu offre un gameplay très rafraîchissant, principalement basé sur l’utilisation d’une caméra. Le joueur devra manipuler celle-ci pour cadrer les esprits qu’il rencontre et enchainer les photos en tentant de capturer un maximum d’esprits sur chaque cliché, pour réduire ainsi progressivement leur essence. Ceux-ci ont la capacité de vous causer des dommages bien réels. Il faudra donc être très prudent dans ses déplacements et ne pas hésiter à reculer de quelques mètres tout en enchainant les portraits de défunts. S’il paraît assez simple, le gameplay réserve quelques subtilités, comme le mode rafale, un système pour ralentir les entités spectrales ou des sortes de super-attaques. Il ne faudra en tous les cas jamais baisser sa garde et être très réactif à chaque rencontre. Les décors sont très étriqués. L’ennui, c’est que le jeu avait été pensé à l’époque pour être joué avec le gamepad de la WiiU. Pad en main, il n’est pas toujours évident de s’y retrouver car les déplacements et la visée sont beaucoup plus lents qu’avec le système gyroscopique de la WiiU. Si vous avez le choix, il sera donc préférable d’y jouer sur Switch, la seule console à joliment émuler le gameplay de l’époque. Rassurez-vous toutefois, si la tâche est plus compliquée au pad sur PS4 ou Xbox One, cela reste “jouable” – certains affrontements vous demanderont juste de vous y reprendre à plusieurs reprises. On ressent clairement une certaine gêne, qui était déjà présente à l’époque des quatre premiers volets de la franchise. La jouabilité du titre a mal vieilli, mais le côté très rétro du jeu lui donne toujours un certain charme. La présentation est très banale. L’aspect très rétro du jeu est d’ailleurs clairement ce qui lui donne le plus de charme : de ses mécanismes de jeu hérités des Resident Evil / Silent Hill de l’époque à son atmosphère pesante. Project Zero reste l’une des franchises les plus effrayantes. L’atmosphère y est pour beaucoup, mais les jump scares sont également nombreux. Les développeurs jouent également à 200% la carte du fan-service avec le plein de tenues à débloquer pour toutes les héroïnes du jeu, des costumes inédits par rapport à la version WiiU et un personnage inédit aussi : Ayane, de Dead or Alive, que vous pourrez incarner une fois l’aventure bouclée. Techniquement aussi, le jeu surprend plutôt agréablement avec ses modèles 3D remis au goût du jour, très joliment modélisés, et ses quelques jolis effets visuels. Les décors et animations ont en revanche assez mal vieilli. Pour un jeu WiiU, le titre a toutefois fière allure, même en 2021. Tecmo a réalisé un excellent travail de remasterisation. Ayane fait partie des personnages déblocables. Pour autant, La Prêtresse des Eaux Noires est malheureusement loin d’être exempt de défauts. On regrette tout d’abord la mise en scène minimaliste du jeu. Le titre comporte bien quelques cinématiques, mais chaque chapitre est généralement introduit par un texte à la mise en scène minimaliste. Entre chaque chapitre, le joueur sera ainsi déconnecté de l’atmosphère quelques instants, et ne pourra s’y replonger que quelques minutes plus tard. C’est tout de même dommage pour un jeu qui prône l’immersion. Les cinématiques ne sont d’ailleurs pas non plus franchement exceptionnelles avec une mise en scène là aussi très minimalisme et peu d’ambition dans les angles de vue… Autre gros défaut du jeu : son level-design sans aucune ambition. Le joueur a peu d’espace pour se mouvoir, il doit régulièrement effectuer des allers-retours et ce sont systématiquement les mêmes décors qui nous sont resservis jusqu’à l’overdose… Côté durée de vie, on dénombre une dizaine de chapitres. Selon votre rythme, vous bouclerez le jeu en 6 à 12 heures donc. Ce qui reste dans la moyenne du genre. Enfin, il y a bien sûr la question des traductions françaises, qui sont limitées ici à des traductions manuscrites. Pas de VF donc, mais des doublages en anglais / japonais corrects. C’est déjà ça. Conclusion Sorti initialement sur WiiU, le cinquième chapitre de la série des Project Zero n’avait pas rencontré le succès mérité en son temps. Ce remaster sur PC, Xbox, PS4 et Switch offre une chance inédite aux fans de la série de redécouvrir le dernier volet en date de la série, mais aussi à un nouveau public de découvrir l’une des séries de survival-horror parmi les plus effrayants. Tecmo a réalisé un joli travail de remasterisation, avec des modèles 3D entièrement redesignés, de jolis effets visuels et un contenu enrichi. Project Zero 5 a en revanche mal vieilli côté gameplay, la faute à un level-design pauvre et surtout un gameplay qui s’adapte mal au pad, rendant la tâche plus compliquée aux joueurs Xbox et PlayStation. Si vous avez la choix, optez donc pour la version Switch. Chasser des esprits au gyroscope est résolument plus fun qu’au stick. Pour le reste, il s’agit d’un survival-horror à la structure très classique, qui brille par l’originalité de son gameplay, entièrement basé sur l’utilisation d’un appareil photo… Effrayant, avec son atmosphère lourde et son univers très sombre, le titre de Tecmo est incontestablement un très bon jeu pour les amateurs de survival old-school, et un joli revival pour la franchise. Reste à présent à attendre patiemment une suite qui moderniserait enfin le concept vieillissant de la franchise…